Ce matin, lors de notre séance de catéchèse, j'ai eu un très long moment avec notre petit garçon de 2ans et demi qui voulait travailler et ne plus s'arrêter, alors même que les autres enfants avaient fini et qu'après la prière ils étaient redescendus. Je suis resté toute seule avec Théophile qui a fermé la porte pour être tranquille.
Nous avons sorti le matériel du Bon Berger et il a mis un bon moment pour sortir les brebis une par une. C'est encore en observant l'enfant que je me suis rendue compte à quel point ce matériel religieux est adapté aux plus petits. Je "doutais" encore un peu de la pertinence de ce matériel pour les très jeunes enfants en catéchèse, parce que je pensais qu'aussi petits qu'ils soient, le sens profond de cet parabole ne pouvait que leur échapper..
A cet âge, il est clair que l'enfant n’expérimente pas cette parabole comme nous. Mais il travaille néanmoins profondeur avec la sensibilité qui est celle de son âge. Un enfant entre 2 et 3ans manifeste le besoin de manipuler, manipuler et encore manipuler. Sortir toutes les brebis de la boîte, les mettre dans l'enclos et faire en sorte que l'enclos sois fermé, que les moutons ne tombent pas exige déjà) une sacrée organisation dans l'espace et un rangement méticuleux.
J'ai avancé alors le Bon Berger pour que Théophile fasse sortir les brebis une à une de sorte qu'elles le suivent. Il me demande alors "pourquoi sortir?". Voilà une occasion de lui dire que les brebis ont faim et soif et qu'il faut les emmener à un endroit où il y en a. Le Bon Berger les appelles pour les emmener.
Théophile les sort et les mets devant le Bon Berger, la tête tournée vers l'intérieur de l'enclos... En tant qu'adulte, on se dit peut-être, "mais zut alors", il n'a rien compris, il faut regarder le Bon Berger. Mais peut-être avons nous tort de penser cela? Certes, les brebis ne regardent pas le Bon Berger, mais elles regardent toutes dans la même direction. L'enfant travaille sur lui, avec sa perception du moment. Il les fait toutes regarder dans la même direction. Son travail "inconscient" montre une cohérence. Cette idée va prendra une autre dimension lorsque l'enfant découvrira progressivement la personne du Bon Berger.
En le regardant aligner ses brebis, j'ai pu prendre conscience à quel point cette catéchèse s'appuie sur les principes pédagogiques et anthropologiques de Maria Montessori: l'enfant travaille sensoriellement le matériel et découvrira plus tard sa fonction symbolique et spirituel (par exemple en Montessori: l'enfant travaille le
binôme à 3/4 ans d'une manière d'un puzzle et bien plus tard, il découvrira que ce binôme contient une formule et pourra la reconstruire à partir du matériel...)
Théophile a entièrement fini de ranger les brebis dans l'enclos, puis il l'est à remis dans la boîte. Le soin et la concentration qu'il mettait m'ont profondément frappés
.
Il a voulu ensuite faire la scène de la Nativité. Il a sorti tous les personnages, il a accroché l'ange, il a conduit les bergers ainsi que les moutons de la crèche pour l'adoration, et l'ange. Il était important pour lui que tout le monde soit près de l'enfant... et il a raison...
Avant d'entamer tout ce travail, il avait déjà travailler avec le levain. Il s'est fait un petit pain. Là encore, c'est merveilleux de voir avec quelle délicatesse l'enfant verse une goutte d'eau dans la farine si on le laisse agir comme un adulte! On les en croit incapable, mais c'est souvent la limite que nous leur imposons qui leur ôte la chance de savoir faire.
J'ai pris une belle leçon aujourd'hui et j'ai vu à quel point la catéchèse pour les tous jeunes enfants peut être aussi passionnante...