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dimanche 9 novembre 2014

Le potentiel religieux de l'enfant selon Maria Montessori

Ce concept est le titre d'un ouvrage fondamental de Sofia Cavaletti qui a poursuivi l’œuvre de  Maria Montessori dans le domaine religieux.Fondatrice du catéchisme du Bon Berger, Sofia Cavaletti a développé une approche catéchétique, conforme à l'anthropologie de Maria Montessori, profondément enracinée dans la Liturgie et dans la Bible. A l'aide d'un matériel spécifique les enfants sont amenés à explorer le contenu de la Foi par des présentations qui répondent à leur stade de développement.

Dans un environnement adapté et approprié que Maria Montessori a baptisé d'Atrium, faisant écho à l'antiquité chrétienne, les enfants travaillent sur les grands thèmes suivants:

- La vie du Christ
- Le Royaume de Dieu
- Le plan de Dieu
- La Liturgie
- La vie en Jésus-Christ à travers les paraboles et les maximes bibliques
- La Sainte Bible

L'originalité de la pédagogie de Maria Montessori dans le domaine religieux n'est pas moins frappante que le reste de son œuvre. Comme le Maître de l'Evangile, elle reconnaît aux enfants une réelle aptitude religieuse. Non seulement l'enfant est capable de Dieu. Mais, il est aussi un guide pour l'adulte qui cherche à participer à l'avènement du Royaume. " L'enfant est une entité humaine ayant son importance en lui-même; il n'est pas juste une transition sur le chemin qui mène à l'âge adulte. Nous devrions considérer l'enfant et l'adulte comme deux parties différentes de l'humanité qui devraient s'interpénétrer et travailler ensemble dans l'harmonie d'une aide mutuelle. Par conséquent, ce n'est pas seulement l'adulte qui doit aider l'enfant, mais c'est aussi l'enfant qui doit aussi aider l'adulte".
Ces mots de Maria Montessori sont un éclairage lumineux concernant le message du Christ sur l'enfance. En développant sa pédagogie religieuse, elle a pu expérimenter combien la vie religieuse de l'enfant peur réellement enrichir et illuminer toute la communauté humaine.

Le potentiel religieux de l'enfant nous intrigue. Il nous questionne. Il nous provoque même d'une certaine manière. Aux côtés des plus petits nous voulons traverser l’Histoire du Salut. Par leur joie et  leur simplicité nous espérons redécouvrir la proximité du Royaume puisque leurs pas sur terre sont appelés à guider les nôtres.


A lire:

jeudi 6 décembre 2012

Fête de la saint Nicolas




QUI EST SAINT NICOLAS?
Le saint patron préféré des enfants a connu une réelle existence terrestre. Le célèbre personnage devenu légende a vécu au IIIème siècle.
Nicolas de Myre (encore appelé Nicolas de Bari) est né à Patara (sud ouest de l'actuelle Turquie entre 250 et 270 après JC. Il fut fait prisonnier sous l'empereur Dioclétien qui régnait notamment sur toute l'Asie mineure et qui mena plusieurs persécutions conte les chrétiens. Saint Nicolas fut alors contrait de vivre quelques temps en exil.
Avant sa mort, l'Évêque de Myre se serait rendu à Rome pour rencontrer le pape. Il aurait séjourné à son retour dans la ville de Bari (Italie méridionale). A nouveau victime des persécutions de l'Empire romain, il serait mort le 6 décembre 343. 
Les légendes concernant sa vie remontent au Xème siècle. L'une d'entre elles rapportent qu'il aurait ressuscité trois enfants tués par un boucher. Les nombreux miracles qu'on lui attribue font de lui le protecteur de nombreuses corporations. Il est ainsi le saint patron des enfants, des prisonniers, des navigateurs, des avocats et des célibataires.
Au Xème sicèle, le Duché de Lorraine hérita d'une relique de saint Nicolas. Au sud de Nancy une grande basilique fut édifiée à Saint-Nicolas-de-Port. Ainsi, il est  devenu le saint-patron de la Lorraine.
Aujourd'hui saint Nicolas est vénéré dans de nombreux pays d'Europe: en France, en Allemagne, en Suisse, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Pologne, en Autriche ou encore en Russie.


LA FÊTE DE SAINT NICOLAS
Saint Nicolas est fêté le 6 décembre. Il vient visiter les maisons et offre quelques friandises aux enfants. Suivant les régions les traditions varient. De la simple visite familiale au grand défilé qui engage toute une ville, chacun s'est approprié la bonté du grand saint à sa manière.
Chacun peut ainsi s'inspirer de ces diverses coutumes pour pour faire de cette journée du 6 décembre une journée marquante pour les enfants. Car, ce qui fait la spécificité de cette fête aujourd'hui, c'est qu'elle est principalement destinée aux enfants, même si souvent les adultes ont plaisir à la mettre en œuvre...
Chez nous, la tradition vient du côté allemand...Nous souhaitons la perpétuer car elle nous semble être une excellente occasion de préparer Noël. Si souvent saint Nicolas vient "sermonner" et "récompenser" les enfants, il est possible d'organiser les choses autrement pour éviter la tournure trop moralisatrice que pourrait alors prendre la visite tant attendue.
Saint Nicolas nous rendra bien visite dans son habit solennel. Mais, il viendra nous raconter à sa façon l'épisode de la nativité. Ensuite, il  posera quelques questions aux enfants sur le mystère de Noël, le temps de l'Avent, la symbolique liturgique, etc. Il nous proposera de chanter quelques chants avec lui. Puis, viendra le moment de partager quelques chocolats et friandises avant de s'endormir.


Les enfants ont besoin d'événements marquants pour comprendre l'importance de certaines périodes de l'année ou de certains moments de la vie. La fête de saint Nicolas peut les aider à se rapprocher un peu plus encore de la fête de Noël.

Bonne fête à tous!

vendredi 30 novembre 2012

L'avent en famille

Le temps de l'Avent est une merveilleuse invitation à préparer Noël avec les enfants. De belles traditions peuvent inspirer ce temps d'attente.
La semaine dernière, j'ai fabriqué la couronne de l'Avent. C'est l'occasion d'expliquer certaines choses aux enfants. La couronne de l'Avent est encore répandue. Mais, connaît-on encore toute la symbolique qui s'y réfère?
J'ai trouvé sur le site Catholique Nanterre  l'essentiel concernant la symbolique. Je vous en fait un  petit résumé dans les grandes lignes.


L'Avent
Nous ne savons peut-être plus vraiment d'où vient le mot "Avent"... Il vient du mot latin "adventus" qui veut dire "avènement". C'est un terme grec à l'origine primitive et qui fut traduit en latin par "adventus".
Ces termes sont employés pour designer la venue du Christ parmi les hommes lors de sa naissance comme pour signifier son avènement glorieux à la fin des temps.
C'est pendant ce temps que sont chantées les fameuses antiennes "O" les jours précédents Noël. O sapientia, O Sagesse du Très-Haut; O Adonaï, O Adonaï, chef de la maison d'Israël;O Radix Jesse, O Rejeton de Jessé; O Clavis David, O Clé de David, O Oriens, O Orient, Splendeur de la Lumière étenelle, O Emmanuel, O Emmanuel...
Une troisième signification se rapporte à cet "Adventus", c'est celle que la Liturgie nous propose de vivre: la naissance du Christ dans son Église et en chacun d'entre nous.  Ainsi, avec le premier dimanche de l'Avent commence l'année liturgique et tout le chemin de transfiguration que le Christ propose.

Les textes liturgiques du temps de l'Avent nous invitent à rencontrer trois grands témoins de cette attente universelle:
  • Le prophète Isaïe qui exprime toute son espérance messianique en annonçant la naissance de l'Emmanuel. Il incarne à la fois celui qui annonce la venue de Dieu et celui qui chante les plus sublimes désirs de l'humanité.
  • Jean-Baptiste qui annonce la venue proche du messie et qui invite à un baptême de conversion (du latin convertere, se tourner vers/avec) pour s'y préparer. Il est le précurseur, celui qui montre le chemin de l'humilité pour laisser croître le Germe divin.
  • La Vierge Marie qui accepte humblement d'être la mère du messie. Elle est le symbole de l'habitation de Dieu en nous, la matrice de toute vie divine.
Pour préparer avec des enfants l'Avent et Noël, je pense que l'on peut réaliser de multiples activités pour les accompagner dans ce temps si riche et si particulier.

La couronne de l'Avent
La couronne de l'Avent trouve ses origines dans le nord de l'Allemagne au 16e siècle (chez les luthériens). Elle etait alors destinée à accompagner la méditation des fidèles à l'approche de Noël. Cette tradition se répandit ensuite aux Etats-Unis par l'intermédiaire des émigrés allemands et se répandit à travers l'Europe dans les années 50. On la voit se répandre depuis les années 80 en France, même si bien évidemment elle était depuis longtemps déjà connue des Lorrains et des Alsaciens.
Au tout début de son existence, on allumait une bougie tous les jours pendant les 24 jours précédant  Noël. On a ensuite simplifié cette coutume pour ne garder plus que les 4 bougies correspondant aux dimanches.
Les branches de la couronnes sont en sapin. Leur couleur verte signifie la VIE. Elles sont souvent ornés de rubans rouges et des pommes de pins.
Les couronnes ont depuis l'antiquité revêtues diverses significations. Elles évoquent le soleil et annoncent son retour. Du fait de sa rondeur, la couronne rappelle généralement le cycle, le renouveau...Dans le contexte chrétien, elle rappelle l'attente du Christ.
Les quatre bougies que l'on fixe sur la couronne ont aussi leur importance. Chaque dimanche, on allume une bougie de plus et, plus Noël approche, plus il y a de lumière... Ces quatre bougies  symbolisent la Lumière de Noël qui viendra illuminer le cœur humain de Paix et de Joie.
Le symbolisme des quatre bougies de l'Avent résument les grandes étapes du Salut précédant la venue du Messie:
    • La première bougie est le symbole de la Miséricorde reçue par Adam et Eve
  • La deuxième bougie est le symbole de la Foi d'Abraham et des patriarches qui se sont mis en quête de la terre promise
  • La troisième bougie est le symbole de la Joie de David dont la lignée ne s'arrêtera pas. Elle témoigne de l'Alliance avec Dieu
  • La quatrième bougie est le symbole de l'Enseignement des prophètes qui annoncent un règne de Justice et de Paix
Le symbolisme des bougies me paraît offrir de nombreuses pistes d'échanges avec les enfants pour les accompagner aux abords de l'étable obscure...


Le Calendrier de l'Avent

Les calendrier de l'Avent ont leur origine en Allemagne. Il était coutume chez les protestants de poser une image pieuse au mur à partir du premier décembre pour préparer Noël et inviter les enfants à prier.
En 1920 la premier calendrier a été commercialisé et, dans les années 60, l'apparition des calendriers à fenêtres  cachant des chocolats fit la joie des enfants...peut-être un peu au détriment de la culture religieuse...
Il y a de multiples sortes de calendriers: il y en a avec des petits messages pour les enfants, des bonnes actions à faire, une petite prière à chanter, de jolies images qui invitent l'enfant à la méditation...
Un très sympathique calendrier de Noël se trouve sur CE SITE. C'est un calendrier avec un fond magnétique sur lequel l'enfant place des personnages aimante chaque jour. Cela plaît bien aux enfants, puisqu'ils peuvent placer et déplacer les personnages. Une occasion de voyager avec ces sympathiques personnages et de découvrir leur nom et leur histoire.

Diverses façons de préparer Noël
Après les points forts de l'Avent, les voici quelques traditions qui permettent de l'enrichir et de le vivre en famille:

  • La décoration des maisons, des jardins, des villes. La confection de la décoration pour la maison peut être un moment entre parents et enfants propice au partage autour de l'Avent et de toute la symbolique qui accompagne ce temps.
  • Les marchés de Noël pour goûter à l'atmosphère conviviale, rencontrer des amis et "why not" partager un vin chaud avec un pauvre ou une personne en difficulté.
  • La pâtisserie peut aussi être un moment convivial en famille pendant lequel on parle de l'approche de Noël. Avec des enfants plus grands, on pourra aussi faire de la pâtisserie et les offrir à des voisins, des gens dans la rue, des retraités, etc.
  • La musique de l'Avent et de Noël: jouer en famille les beaux chants qui ont marqué notre enfance, chanter ensemble le dimanche et pourquoi pas proposer à des maisons de retraités un petit concert de Noël. Des initiatives comme cela enchantent pour la plupart du temps les gens et leur apporte de la joie.
  • La Saint Nicolas, fête populaire dans l'est et le nord de la France ainsi que dans les pays germanophones.Un billet spécial viendra peut-être sur le sujet...
  • Il y a d'autres fêtes populaires, comme la Sainte Barbe, la fête des lumières, etc qui peuvent être un excellent moyen d'accorder aux enfants un moment d'échange et de joie.

Voilà quelques pistes pour vivre ce temps de l'Avent au travers de sa riche signification et de ses traditions. Un autre billet viendra parler de la crèche et des traditions propres à Noël. Mais chaque chose en son temps...

vendredi 9 novembre 2012

Noël, un autre regard sur l'enfant

Tous les ans Noël revient avec son message régénérateur. Ce message est destiné à nous faire saisir ce que seul nos cœurs peuvent percevoir. Il se laisse découvrir à ceux qui partent à la rencontre de l'Enfant. Cette marche vers l'Enfant n'est pourtant pas si simple pour nous adultes. Dans des conférences brûlantes d'actualités récapitulées dans un ouvrage intitulé l'éducation et la Paix, Maria Montessori nous invite à regarder l'enfant à la lumière de la Nativité.


"Nous devons croire à l'enfant comme à un messie, comme à un sauveur capable de régénérer la race humaine et la société. Pour accepter cette idée nous devons nous maîtriser et nous faire humbles. Alors seulement nous pourrons cheminer vers l'enfant, comme les rois mages, chargés de pouvoirs et de présents et se fiant à l'étoile de l'espérance".

"L'enfant ne doit pas être considéré comme un être faible et impuissant dont les seuls besoins seraient d'être protégé et aidé, mais comme un embryon spirituel, possédant une vie psychique active depuis le jour de sa naissance, guidé par des instincts subtils lui permettant de construire activement sa personnalité humaine. Et du fait que l'enfant deviendra un adulte, nous devons le considérer comme le véritable bâtisseur de l'humanité et le reconnaître comme notre père. Le grand secret de notre origine gît secrètement en lui. Les lois qui lui permettent de devenir un homme à part entière se manifestent uniquement en lui. En ce sens, l'enfant est le maître qui nous enseigne. Les adultes doivent avant tout être éduqués à reconnaître cette vérité pour pouvoir changer leur comportement vis-à-vis des générations qui les suivent."

"L'enfant, embryon spirituel, se révèle à nous, adultes, pour nous guider dans le labyrinthe. L'enfant nous amène à la lumière au milieu des ombres qui nous entourent".

"Quand l'enfant vit dans une atmosphère adaptée à ses besoins vitaux, il révèle des comportements très différents de ceux que nous sommes habitués à lui attribuer. Il nous apporte la preuve vivante que les hommes peuvent changer et s'améliorer à partir de leur naissance. Mais pour cela le monde des adultes doit changer. Nous devons nous unir; nous devons être en contact de l'enfant, croire en lui, construire un climat qui lui convienne et nous changer nous-mêmes.

L'enfant, alors, nous promet le salut de l'humanité. Cette vérité est symbolisée par le mystère de la Nativité."

 A tous un très beau et très joyeux Noël. Que le regard émerveillé des enfants nous inspire un monde de Paix.

L'esprit du catéchisme du Bon Berger d'après Sofia Cavalletti

Sofia Cavalletti résume en quelques points les lignes fortes d'une pédagogie religieuse autant originale que traditionnelle. Basée principalement sur la Liturgie et la Bible, cette approche laisse aux enfants la Joie de la découverte du Royaume de Dieu. L'adulte, là encore, s'efface devant la puissance du Message révélé...

1) L'enfant, particulièrement sa vie spirituelle est le centre d'intérêt et l'engagement du catéchisme du Bon Berger:

- Le catéchiste observe et étudie les besoins vitaux de l'enfant selon les stades de son développement
- Le catéchiste vit avec l'enfant une expérience religieuse partagée selon l'enseignement de l'Evangile: "Si vous ne devenez pas comme des petits enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume de Dieu" (Matthieu, 18,3)
- Le catéchiste offre les conditions nécessaires pour permettre l'expérience de cette vie spirituelle
      2) Avec ce but en tête, le catéchiste embrasse l'anthropologie de Maria Montessori et notamment l'attitude de l'adulte à l'égard de l'enfant. Il prépare un environnement appelé Atrium pour aider au développement de la vie spirituelle. 

      3) L'atrium est une communauté dans laquelle enfants et adultes vivent ensemble une expérience religieuse qui facilite leur participation à une plus large communauté (familiale, ecclésiale). 

      - L'atrium est un lieu de prière dans lequel le travail et l'étude deviennent spontanément méditation, contemplation et prière.
      - L'atrium est un lieu dans lequel le seul Enseignant est le Christ. Les enfants et les adultes se placent eux-mêmes dans une position d'écoute de sa Parole et cherchent à pénétrer les mystères de la Divine Liturgie

      4) La transmission du message chrétien se fait selon les principes suivant:

      - Le catéchiste n'est pas un professeur se souvenant que le seul Enseigneur est le Christ Lui-même.
      - Le catéchiste renonce à toute forme de contrôle (comme des tests, examens, etc) dans un esprit de pauvreté participant à une expérience dont les fruits ne lui appartiennent pas

      5) Les thèmes présentés dans l'atrium sont ceux pour lesquels les enfants ont répondu avec le plus de profondeur et de joie. Ces thèmes sont issus de la Bible et de la Divine Liturgie (prières et sacrements) comme source fondamentale de toute vie chrétienne particulièrement appropriée pour  illuminer et nourrir les besoins religieux les plus vitaux de l'enfant.

      6) La Parole de Dieu est proclamée de la manière la plus objective et la plus simple possible de sorte que les mots de l'adulte n'empêchent pas la communication entre Dieu qui parle et l'enfant qui écoute. Le seul but des mots de l'adulte est de discrètement servir l'écoute de la Parole de Dieu en accord avec le message même de Jésus: "Mon enseignement n'est pas de moi mais de celui qui m'a envoyé"

      8) L'atrium hebdomadaire devrait durer au moins deux heures pendant lesquelles seulement une petite part est dédiée à la présentation et la majeure partie du temps réservée au travail de l'enfant.

      9) En harmonie avec l'Eglise universelle, la vie de l'atrium suit l'année liturgique. Par conséquent les temps majeurs sont ceux de Noël, Pâques et la Pentecôte.

      10) A l'annonce annuelle des premières communion; l'enfant  répond de lui-même au désir du Sacrement avec l'aide et le discernement de la famille, du catéchiste et du prêtre.

      11) La première communion est précédée d'une période de préparation consistant en une retraite spécifique en dehors de l'atrium

      12) La retraite de première communion dure 4 jours (du matin au soir). Elle inclut la messe quotidienne, des opportunités de travail au calme mais sans nouvelle présentation, et elle dure jusqu'au dimanche pour que les enfants ne soient distrait de ce qu'ils vivent.

      13) Un matériel est mis à disposition des enfants. Le travail personnel avec le matériel favorise leur méditation et l'absorption des thèmes proposés.

      14) Le matériel doit être attractif et sobre et doit correspondre précisément aux thèmes présentés. Il doit être simple, essentiel et pauvre pour permettre aux richesses contenu dans le thème de se manifester.

      15) les catéchistes travaillent ensemble dans un esprit d'unité et d'harmonie en accord avec le plan de Dieu pour la communion dans l'histoire du du salut en lien étroit avec les paraboles du Bon Berger et de la Vraie Vigne. Ils offrent généralement leur talent et leur expérience pour le bien de tous.

      16) L'attitude de l'adulte doit être marquée par l'humilité devant les capacités de l'enfant, en établissant un rapport juste avec lui, c'est à dire en respectant sa personnalité.

      17) Les raisons pour lesquels le catéchiste doit faire le matériel par lui-même sont les suivantes:
      - absorber le contenu plus profondément
      - combattre un consumérisme excessif
      - s'adapter au rythme de l'enfant ainsi qu'au travail de l'Esprit-Saint
      - essayer d'unifier la main le cœur et l'esprit

      18) Le catéchisme du Bon Berger cherche aussi à aider les adultes à reconnaître les richesses cachées de l'enfant, particulièrement celles correspondant à sa santé spirituelle, de sorte qu'ils puissent apprendre d'eux et les servir au mieux.

      19) Le catéchisme du Bon Berger honore tout spécialement les vertus de l'enfance et cherche à favoriser le développement de la conscience orientée à la construction de l'histoire du salut dans un esprit de paix et de justice.

      20) Le catéchisme du Bon Berger possède un caractère expérimental. Il est ouvert à des approfondissements liés au Mystère infini de Dieu et à son alliance cosmique avec l'ensemble des créatures (La création aspire de toutes ses forces à voir la révélation des fils de Dieu » Rom. 8 : 19)

      A lire aussi 

      L'éducation religeuse d'un enfant entre 0 et 3 ans

      "L'éducation religieuse doit être fondée sur la psychologie de l'enfant."

      Maria Montessori a fait œuvre scientifique en matière de religion; elle a donné à l'éducation religieuse des  fondements qui correspondent aux aspirations psychiques de l'enfant.  Comme pour toute autre aptitude fondamentale, Maria Montessori a observé que le développement spirituel de l'enfant répond aussi à des périodes sensibles. 
      La première période sensible religieuse de l'enfant se situe entre 0 et 3 ansElle va de paire avec la période de l'esprit absorbant où l'enfant s'imprègne de façon phénoménale de son environnement. Elle est donc tout simplement essentielle. Sa méconnaissance pourrait permettre de comprendre pourquoi chez beaucoup d'adultes la religion se trouve réduite à une pure affaire de morale...quand elle n'est pas reléguée au "grenier" pour le peu de "valeur ajoutée" qu'elle semble apporter...
      Dans ses conférences, Maria Montessori a développé les grandes lignes de l'éducation religieuse. Il ne sera pas ici question de matériel. Nous reviendrons sur cette question au fil du développement des enfants.

      RELIGION ET ESPRIT ABSORBANT
      Nous savons tous qu'un environnement bien préparé est un des points les plus importants de cette pédagogie. Pour l'instruction religieuse, il en est de même. L'environnement n'est pas ici réductible au matériel. C'est avant toute chose les lieux où se situe l'action religieuse elle-même.
      Nous montrons à nos enfants de belles images ou de beaux tableaux afin de les sensibiliser au beau. Nous faisons écouter à nos enfants différents styles de musique pour qu'ils en aient plus tard le goût. Pour éduquer le sens religieux, nous devrions faire de même A une différence près précise Maria Montessori: en faisant attention à ce que la religion ne soit jamais  une simple "matière" parmi d'autres.
      Elle précise ainsi : "Les écoles qui incluent la matière religieuse, traitent la religion comme une matière entre autres. Cela est une conception fausse. Je parle contre cette erreur, car la religion est plus que cela, elle est quelque chose de beaucoup plus grande et elle est totalement différente. Elle n'est pas une matière!" (cf son discours sur l'éducation religieuse à Londres en 1946)
      "Il faut réfléchir à ce que la religion est un sentiment universel qui existe dans chaque être humain maintenant et depuis toujours. Ce n'est pas quelque chose qu'on doit amener à l'enfant.(...) La religion est quelque chose qui est à l'intérieur de chaque âme. (...)
      Si la religion nous manque, il nous manque quelque chose de fondamental pour le développement de l'être humain"

      Alors comment faire pour que l'enfant puisse "spontanément" développer son axe spirituel? La question se pose d'autant plus aujourd'hui que la religion relève le plus souvent de la sphère privée. L'enfant est donc de plus en plus rarement au contact des grandes manifestations religieuses. Et pourtant son aspiration est là...Elle attend cette rencontre avec le sacré...
      "C'est un sentiment qui est là et qui se développe. C'est quelque chose de vivant qui doit se développer par l'influence de l'environnement. Nous devons aménager un bon environnement, cela est fondamental."

      Déjà, dans l'environnement proche, donc à la maison, l'enfant doit pouvoir côtoyer des images "saintes", des statues, un lieu de prière, des objets religieux. Quand l'enfant voit ces objets autour de lui, ils doivent avoir une importance, une beauté particulière qui attire le regard de l'enfant. C'est l'activité caractéristique propre à l'esprit absorbant qui lui permet de développer très tôt une véritable dynamique spirituelle.
      "Si nous réfléchissons, nous pouvons reconnaître que l'éducation religieuse est particulièrement importante à l'âge où l'enfant absorbe tout de son environnement. Cette façon d'absorber est un cadeau de la nature. Pendant ce temps, l'enfant doit trouver la nourriture pour son développement spirituel. C'est la période de 0 à 6 ans. (...) Le sentiment religieux est crée pendant cette période et ne sera plus tard que développé. C'est pour cela que cela nous amène à déduire que nous devons enseigner la religion aux enfants tout petits. Je pense que nous devons enseigner la religion dès la naissance."
      Voilà une interpellation qui ne manquera pas de surprendre. Mais, là encore, le principe posé par Maria Montessori trouve son origine au cœur de ses expériences auprès des enfants.
      C'est pour cette raison qu'elle recommande fortement aux parents d'emmener l'enfant à l'église de sorte qu'il participe dès sa naissance aux cérémonies religieuses. Ses sens tout en éveil s'imprègneront profondément des rites qui d'abord le berceront avant d'être "captés" par son regard attentif.


      L'ENFANT: CET EMBRYON SPIRITUEL
      Maria Montessori défend la réalité spirituelle que représente l'enfant. Elle a su discerner en lui ce sens de l'élévation qui porte tout homme à dépasser la stricte réalité matérielle.
      "Il y a, comme vous l'avez vu, dans l'enfant une attirance qui est bien plus haute que la vie matérielle. Cette tendance d'élévation existe toujours. Il est naturel pour l'esprit de continuer dans l'abstraction. L'esprit aussi a tendance a s'élever et l'être humain doit être compris de cette façon: il ne reste pas sur le même niveau mais aspire vers le haut. Nous avons pu observer dans nos écoles comme l'enfant est intéressé par "la vie dans l'église". Les lumières par exemple, les bruits bas, le silence, la façon dont les gens bougent... tout cela intéresse énormément les petits enfants."
      Et Maria Montessori poursuit plus loin: " Nous voyons donc, qu'il y a une période sensible chez l'enfant qui lui permet de saisir la religion de façon sensorielle
      A cet âge, l'enfant ne possède pas qu'une grande finesse de sensibilité, mais aussi l'aptitude de comprendre beaucoup plus profondément que ce que nous apercevons nous-même. Et parmi les sensibilités que l'enfant possède à cet âge, est le besoin de se sentir protégé, et le sentiment d'être certain qu'il est protégé. C'est pour cela qu'il est nécessaire que la mère qui donne l'éducation religieuse à un enfant si jeune, lui laisse sentir qu'il y a une protection surnaturelle, qu'il y a une protection très puissante.
      Un enfant de cet âge-là est très intuitif et la mère parle de même avec une facilité des anges-gardiens qui protègent l'enfant, de Dieu prend part à cette protection. La mère apprend à l'enfant les premières prières.
      Il est, comme nous l'expliquons avec notre pédagogie, fondamental, de donner à l'enfant ce dont il a besoin pour son auto-développement pour le libérer ensuite pour l'autonomie. Dans toutes les situations nous devons garder à l'esprit la phrase "Aide-moi à faire seul!". C'est pour cela, il faut donner les aides d'une façon très subtile. Nous ne devons pas penser qu'il est difficile d'instruire  l'enfant du sens religieux. Au contraire, nous devons être conscient que l'enfant a une sensibilité extraordinaire et nous devons faire attention et procéder très lentement quand nous proposons à l'enfant l'instruction religieuse."

      Selon Maria Montessori, l'éducation religieuse à cet âge se fait également par les histoires. Des histoires simples. Des histoires bien choisies. Le point central devrait être la Nativité. Les livres pour enfants qui parlent de la naissance de Jésus doivent être simple, avec des belles illustrations et beaucoup de vie...Le mystère de Noël est donc naturellement le cœur de l'éveil religieux des plus petits. C'est au contact de la Crèche qu'ils peuvent déjà sentir  la grâce de cette grande vérité développée par les Pères de l'Eglise: "Dieu s'est fait homme, pour que l'homme soit fait Dieu". Dans l'Eglise le temps liturgique qui entoure Noël dure près de 3 mois (de l'Avent à la fête de la présentation au temple le 2 février). Pendant le temps d'un trimestre nous avons l'occasion de permettre à l'enfant d'absorber le plus beau des mystères. Si nous utilisons vraiment ce temps avec l'enfant entre ses 3ans et ses 6 ans, nous lui aurons offert rien de moins qu'un an de "médiation" autour de la naissance de Jésus. Qui a conscience de ce qu'est l'esprit absorbant pourra facilement imaginer la sensibilité religieuse que l'enfant aura déjà développé...

      MORALE ET RELIGION
       L'une des caractéristiques de la pédagogie Montessori en matière religieuse est l'absence d'implication morale au commencement. Puisque l'enfant ne connaît sa période sensible "morale" qu'entre 6 et 12 ans, une initiation religieuse avant cette âge évitera toute collision entre spiritualité et morale. Il ne s'agit pas d'évacuer la question morale de la sphère religieuse. Il s'agit de reconnaître qu'elle ne se pose pas entre 0 et 6 ans et qu'ainsi l'enfant ne pourra pas vivre une réduction de la religion à la morale. C'est un point très important, car la religion évite ainsi de devenir un enjeu de régulation purement moral. La nature humaine est bien faite. En donnant à l'enfant une nourriture spirituelle au plus tôt, on lui permet de ne pas vivre la religion comme une simple affaire de morale. On accompagne le développement de sa conscience. C'est là le point fondamental. Car, au fonds, la religion n'est rien s'il elle n'est pas l'œuvre d'une conscience qui s'affine jour après jour. L'éducation par exemple est une affaire de conscience. Je peux avoir en tête tous les principes éducatifs que je veux, si je ne suis pas conscient des étapes qui constituent le développement psychique de l'enfant, je serai en difficulté pour l'accompagner. L'éducation religieuse doit se comprendre comme une prise  de conscience progressive de la réalité dans laquelle nous vivons et de l'Information Essentielle qui l'anime. Dans cette logique, on aura compris  qu'ici conscience ne rime pas avec subjectivité mais avec la plus grande objectivité qui soit. Les questions morales ne sont pas évacuées. Mais, celles-ci ne pourront jamais en épuiser le contenu. Surtout, lorsqu'il s'agit de saisir et de vivre ce que la première lettre de la Bible récapitule: l'Amour...
       Pour ne pas perturber le développement des enfants en matière spirituelle, Maria Montessori insiste sur la grande vigilance qui doit être celle de l'adulte. Il nous arrive souvent d'affirmer devant les enfants des principes que nous contournons dès que nous pouvons. "Les enfants reçoivent avec confiance et sérieux tout ce que nous leur disons". Nos incohérences sont pour eux de véritables ondes de choc. Mais, ils sont aussi capables de comprendre nos faiblesses à condition que nous sachions les reconnaître...tout simplement.

      L'ENFANT EST "CAPABLE" DE DIEU
      Maria Montessori a souvent raconté l'histoire d'une petite fille à qui les parents avaient appris à prier pour les autres. On priait ainsi pour la cuisinière, les frères et soeurs, les parents, etc. Un jour cette petite fille voit sa maman et lui dit: "Je veux prier pour tout le monde". La prière des enfants est souvent plus vaste que celle des adultes. Elles ne possèdent pas les frontières que l'adulte mettra par la suite comme pour se protéger d'éventuelles "invasions" spirituelles...
      Et Maria Montessori de s'insurger contre notre vision trop étroite: "Ne rétrécissons pas la nature de l'enfant. Donnons lui tout et pas seulement les petites choses, la nourriture et les besoins matériels. Si nous lui donnions l'idée de Dieu et qu'il ne parvenait pas à comprendre, qu'est- ce que cela aurait pour conséquence? Il ne s'agit pas d'une connaissance dangereuse. Ayons donc le courage de donner beaucoup aux enfants. Ainsi seront-ils heureux et reconnaissants. Apprenons aux enfants à prier pour tous, ainsi auront-ils de grandes pensées au fonds de leur âme. Donnons leur la religion comme une révélation. Si nous leur donnons la religion comme quelque chose de quelconque, alors quelque chose aura été abîmé dès le commencement de leur vie. (...) L'âme des enfants se nourrit de grandes choses. Ils ont faim de notre aide. Ils attendent notre aide. A quoi sert l'éducation si on ne leur donne pas cela? Les mots n'aident pas, le monde spirituel doit être ouvert aux enfants".

      A suivre...nous présenterons bientôt le programme catéchétique du Bon Berger (catéchisme "montessorien") pour les enfants de 3 à 6ans.

      Montessori, la leçon du silence et la prière liturgique

      Maria Montessori et la leçon du silence

      Un jour Maria Montessori lança un défi à l'une de ses classes. Elle entra avec un nourrisson  calme dans les bras et leur demanda s'ils étaient capables de rester ainsi en silence. Elle fut  alors véritablement impressionnée...Elle comprit que les enfants désiraient régulièrement retrouver cet état de calme intérieur. Elle réalisa que cette manifestation traduit un désir psychique profond de l'enfant. Ainsi, elle introduisit un élément fondamental dans  sa pédagogie: la leçon de silence.

      Quel  est le but de la leçon de silence selon Maria Montessori?

      "Un tout autre genre d'exercices de contrôle des mouvements est celui qui permet de rendre possible le silence absolu. Il n'est pas question d'un silence approximatif, mais d'une perfection atteinte graduellement sans qu'un son soit émis, sans qu'on laisse entendre le plus petit bruit, pas le moindre mouvement des mains et des pieds. (...) L'enfant, devenu maître de ses actes grâce à un exercice répété, satisfait par l'emploi de son activité motrice utilisée de façon plaisante et intéressante, est un enfant joyeux et bien portant, qui se distingue par son calme et par sa discipline".

      Comment se déroule une leçon de silence?

      Les enfants sont rassemblés. L'éducateur se tient à distance. Il leur présente un pictogramme sur lequel est inscrit "silence". Il peut aussi mettre un doigt sur sa bouche pour introduire cette leçon. Ensuite, il appelle nominativement les enfants un par un. Le plus silencieusement possible les enfants viennent se placer devant l'adulte. Chacun doit garder le silence jusqu'à ce que le dernier élève se soit présenté.
      Pour permettre aux enfants de goûter la sensation du silence, il faut les aider à contrôler leurs gestes. "La conscience doit être amenée à contrôler le moindre mouvement dans tous ses détails pour obtenir l'immobilité absolue qui engendre le silence". Le silence n'est pas que la propriété des sages  ou des moines. Les enfants très jeunes y parviennent. Il se traduit par un arrêt de toute agitation et un recueillement attentif par le contrôle des gestes. Les enfants deviennent conscients de leurs membres. Ils sont attentifs à leurs mouvements. Leur apprendre à nommer les différentes parties de leurs corps accroît cette prise de conscience. Des exercices rythmiques qui associent musicalité et mouvement corporel conscient peuvent favoriser cet apprentissage. On pourra inviter l'enfant à effectuer un mouvement en suivant le rythme musical avant de lui demander de commander à ses pieds et à ses mains de rester tranquilles. L'enfant percevant la maîtrise qu'il a de lui-même montrera une vraie joie toute de calme et de sérénité.

      Si cette leçon de silence est féconde pour l'apprentissage de la vie religieuse, elle garde aussi toute son importance pour le développement du caractère de l'enfant et sa croissance intellectuelle. Pratiquée régulièrement au fil des occasions qu'offrent une journée, l'aptitude à vivre un silence profond deviendra une force pour l'enfant et une marque indélébile de sa liberté croissante.

      Recueillement et apprentissage liturgique

      La prière est faite de recueillement. Les discours ne peuvent le causer. Seule une juste disposition de l'âme et du corps le permettent. Le silence s'apprend. Il se découvre dans un milieu favorable: c'est le rôle de toute l'architecture sacrée. Il survient lorsque le corps est détendu: c'est l'enseignement du geste liturgique.
      Un milieu favorable et un entraînement des corps sont donc nécessaires pour permettre le recueillement. La liturgie offre tout cela. Par l'ambiance qu'elle déploie, par les gestes qu'elle transmet, la liturgie est la matrice de la vie spirituelle. En interpellant l'homme dans son corps, elle s'adresse à chacun au-delà de la variété de nos âges et de nos aptitudes intellectuelles. Elle n'exclut personne, car elle n'a rien d'un discours théologique. Elle saisit l'homme corps et âme. Elle l'invite simplement à tendre son oreille intérieure. Elle prépare l'homme à entendre l'appel de Dieu. Elle l'invite a y répondre: Adsum, me voici.
      L'univers liturgique s'accorde parfaitement à celui de l'enfant. A son contact, tous ses sens sont en éveil. Il y a tant à observer: autels, objets liturgiques, ornements, mouvements...Il y a tant à entendre: prières, musiques, silence...Il y a tant à sentir: parfums d'encens et fleurs varient par le jeu des solennités. Il y a tant à faire: on se tient de bout, on s'agenouille, on se signe, on chante, on fixe l'autel....
      Frappé par tous ses sens, l'enfant se laisse captiver par l'activité liturgique. Or toute cette activité converge vers le recueillement. Trop souvent l'enfant, contraint à l'immobilisme, se disperse par des réactions violentes. La liturgie est une activité parfaite en ce sens qu'elle ne connaît pas de divorce entre l'activité musculaire et l'activité psychique ou spirituelle. Il n'est que d'observer de petits enfants servir la messe. Ils parviennent très jeunes à rester calme et recueilli grâce à l'équilibre entre mouvements musculaires que nécessite les différentes actions liturgiques et la perfection du geste qu'exige le lieu sacré où ils s'accomplissent. L'ambiance spirituelle qui se dégage parmi les enfants lors d'un pèlerinage est tout aussi étonnante: l'implication forte et ordonnée de leur corps stimule leurs aspirations spirituelles. A croire qu'on devient mieux philosophe en marchant plutôt que scellé sur un banc...A croire que le meilleurs "leçons" de catéchisme se font en mouvement...
      L'enfant est capable du silence. C'est même l'une des caractéristiques de son psychisme. Pas encore encombré par les soucis du monde et les discours incessants, il communie facilement avec le monde invisible. Le silence et l'observation soutenus lui en donnent l'occasion.

      Prière sans conscience.. n'est que vide pour l'âme

      Lorsque nous cherchons à cerner les caractéristiques de la civilisation occidentale moderne au regard de la tradition biblique, nous pouvons constater que nous vivons dans un monde qui a évacué le regard contemplatif. Notre civilisation se trouve enfermée dans les logiques du sens technico-pratique et du sens scientifique soumettant ainsi le développement de l’esprit aux limitations du matérialisme et du rationalisme.

      Une chose est de prendre conscience des limites ou contraintes qu’imposent à chacun les faiblesses d’une culture. Une autre est de trouver le remède qui restaure l’homme dans sa dimension ontologique. Une fois encore, l’enfant nous ouvre des pistes…car il semble que sa nature possède d’elle-même l’état d’esprit métaphysique que l’on retrouve chez tous les grands personnages de la Bible.


      Cependant, ces traits spirituels de l’enfant peuvent s’altérer jusqu’à disparaître, si l’on ne lui permet pas de suivre la direction que ses énergies lui inspirent, en lui offrant l’environnement adéquat.

      Nous courons en effet le risque, sans nous en apercevoir, de transmettre aux enfants une vie religieuse toute empreinte de matérialisme ou de rationalisme scientifique là où seul l’esprit de contemplation peut venir combler leur soif d’absolu.

      La conscience peut prendre des directions différentes selon qu’elle se développe suivant les normes internes du sens pratique (matière), de la culture scientifique (intellect) ou de l’esprit de contemplation (esprit). Ces trois dynamiques d’appréhension du monde peuvent conduire à des niveaux de lecture du réel foncièrement différents. Une montagne sera ainsi regardée différemment par un professeur de ski, un géologue ou un ermite. Or, si l’on y fait attention, l’état d’esprit d’un enfant de moins de 5 ans sera plus proche de celui de l’ermite au regard contemplatif.

      L’esprit pratique recherche la satisfaction immédiate. Il jauge la quantité l’efficacité et le rendement. L’esprit scientifique cherche à dégager les lois en différenciant et comparant ce qu’il induit de la réalité. Moins intéressé par son activité propre, il court néanmoins le risque de rester centré sur ses découvertes sans parvenir à s’émerveiller de ce qui le dépasse. Certains scientifiques sont matérialistes… D’autres deviennent contemplatifs car ceux-là savent s’incliner devant l’Infini.

      Toutes les grandes figures bibliques et les grands auteurs de l’histoire sainte (peu importe leurs chutes ou leur limites) partagent ce trait commun : une attitude théocentrique qui libère leur « moi » de toute tentation individualiste ou communautariste. Leur vie est celle de l’esprit qui par cette radicale ouverture au Tout-Autre fait grandir leur conscience. La Bible restera ainsi toujours, avant tout, une école de contemplation.
      Lorsque nous souhaitons aider les plus petits à développer le sens de l’esprit, nous devons rester attentifs au poids culturel que nous portons. Dans notre civilisation occidentale, nous courrons toujours le risque de voir nos enfants manquer cette cible contemplative en raison des logiques décrites précédemment.

      A tel enfant à qui on demande pourquoi il prie Dieu on peut facilement imaginer trois types de réponse qui correspondent aux trois états de conscience (matérialiste, scientifique et contemplatif).

      Réponse 1 : « Pour obtenir de bonnes notes en classe »
      Réponse 2 : « Parce que je veux tout comprendre dans le monde »
      Réponse 3 : « J’aime lui parler. Il me parle. Je ne peux vivre sans penser à lui »

      « Prière sans conscience… n’est que vide pour l’âme »…Nous comprenons que la troisième attitude est celle de l’esprit contemplatif. Les deux premières attitudes peuvent être observées d’avantage chez des enfants au-delà de cinq ans. Les plus jeunes, lorsque l’environnement est favorable, s’expriment d’avantage comme la « Réponse 3 ».
      Nous avons tendance à enseigner les enfants selon les modalités qui contribuent à engendrer les réponses 1 et 2. Nous contraignons par exemple l’enfant à prier pour « obtenir la vie éternelle ». Or, cet aspect pratique et futur des choses n’a pas de « prise » sur lui car, comme le contemplatif, son regard se fixe sur un continuel présent. Nous lui proposons par ailleurs des explications scientifiques (causalité), alors que son esprit en réalité confond très souvent l’effet et la cause…

      Mais, lorsque qu’avec lui nous disons ou chantons : «Nous te louons, nous te bénissons, nous t’adorons… », l’enfant trouve son bonheur car son âme aime se confier à ce qui le dépasse sans calcul. Le temps viendra où, adolescent confirmé dans la vie, son intelligence pourra cheminer à travers les innombrables sentiers du réel. Mais, son âme ne survivra à ces pèlerinages que si elle a développé la pleine conscience de n’être humaine que parce que contemplative….

      Si nous voulons déjouer les déviations de notre civilisation occidentale, il nous faut renouer avec une Liturgie (dont les gestes nous apprennent à développer l’homme intérieur), avec les grands textes sacrés de la Bible et une vie contemplative théocentrique comme nous l’enseigne la tradition psalmique. C’est en se développant dans ce milieu favorable que l’enfant pourra goûter aux joies de la prière sans risquer de tomber dans les dangers d’une vie spirituelle faite d’automatismes.

      L'Atrium lieu d'initiation à la prière

      L’atrium était autrefois la pièce principale de la maison romaine. Il est devenu ensuite l’enceinte extérieure de la basilique chrétienne réservée aux catéchumènes (personnes non encore baptisées ne pouvant ainsi participer aux Saints Mystères).



      Ce terme architectural a été par ailleurs repris par Maria Montessori pour servir de concept à l’élaboration du « milieu favorable » à l’éducation religieuse. Afin de pouvoir participer au Culte de l’Eglise, il convient d'abord d’en apprendre tout le cérémonial pour favoriser une participation active lors de son déploiement au fil de l'année liturgique.

      Réflexions bibliques sur le lieu de prière

      Toute la Liturgie de l’Eglise, véritable pédagogie d’initiation au dialogue avec Dieu, trouve son origine dans les textes fondamentaux de l’Exode. A y regarder de près, il semble que la sortie d’Egypte ait un but beaucoup plus important que celui d’atteindre la Terre promise géographique. Dans le conflit qui l’oppose à Moïse, Pharaon reçoit l’ordre suivant : « Laisse partir mon peuple, qu’il me rendre un culte dans le désert » (Ex, 7,16). On voit bien dans ce passage que l’objectif principal de l’Exode est l’adoration dans la forme liturgique que Dieu proposera ensuite à son Peuple. La Bible récapitule ainsi toute une pédagogie divine qui vise à enseigner à l’homme les chemins de sa relation à Dieu.

      Avant de se révéler à Moïse, Dieu prépare son élu en lui permettant de développer progressivement une prise de conscience qui le rende apte au dialogue avec Lui. Il est intéressant de noter que la Liturgie de l’Eglise, dans sa structure fondamentale, n’a fait que se calquer sur cette pédagogie divine. C’est ce que rappelle Hélène Lubienska, disciple de Maria Montessori et spécialiste de la pédagogie religieuse, dans son ouvrage «la Liturgie du Geste».

      Reprenons le texte et relevons-en avec elle les traits essentiels (Ex, 3, 1-6) :
      1. Dieu ne se laisse connaître que dans un lieu propice au recueillement (en l’occurrence le désert). La Liturgie s’attache toujours d’abord à aménager ce lieu en jouant notamment sur la tension obscurité/lumière
      2. L’Ange de Yahvé apparaît à Moïse dans une flamme. Le Pédagogue divin éveille la conscience de son serviteur en interpellant ses sens qui sont les fenêtres de l’âme comme le rappelle saint Thomas. La Liturgie s’appuie sur tous les stimulants sensoriels possibles pour éveiller la conscience des fidèles : regard, ouïe, odorat sont marqués par des impressions dont la nature symbolique est propre à élever l’âme... du visible vers l’Invisible…
      3. Moïse dit ensuite : « je veux me retourner pour voir cette vision ». La conscience ayant été éveillée, le fidèle, tout comme Moïse, se détourne du monde éphémère et se dispose à entendre l’appel de Dieu.
      4. Dieu appel Moïse qui répond immédiatement « Me voici ». Ayant été bien préparé la conscience acquiesce généreusement à cet appel vibrant.
      5. Dieu ajoute ensuite : « Ne t’approche pas d’ici, ôte les sandales de tes pieds ». Dieu ne se laisse saisir que par le truchement de rites qui empoignent l’homme corps, âme et esprit pour l’ouvrir progressivement aux profondeurs de sa Miséricorde. Les rites liturgiques (décrits notamment en rouge dans le Missel) enseignent à l’homme l’attitude physico-psychique qui peut permettre à son esprit de s’ouvrir à la Présence de Dieu.
      6. Dieu conclut cette séquence en se révélant : « Je suis le Dieu de ton Père, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ». On voit comment les rites que Dieu propose à l’homme (« ôte tes sandales »), le conduise à la connaissance intime de sa Présence.
      On notera donc comment ces éléments de pédagogie divine structurent la vie Liturgique de l’Eglise et combien donc cette Liturgie est d’essence biblique.

      Pour favoriser le développement spirituel des enfants et leur donner l’occasion de rencontrer Dieu, il convient de leur créer ce milieu favorable en s’inspirant de la structure biblique décrite précédemment. Chaque parent peut en concevoir le plan en respectant les éléments de la pédagogie divine : un lieu propice au recueillement qui provoque un « étonnement » sensoriel et qui exige une tenue faite de vigilance. Pour que les plus petits puissent s’approprier ce lieu de prière, il est bon d’y disposer quelques belles images ou statuettes qu’ils pourront manipuler à leur guise. Ce lieu prendra de préférence une ressemblance avec l’Eglise et notamment son point focal qu’est l’autel.

      Petite application pratique de la mise en place d'un atrium

      Nous avons réalisé le nôtre de la façon suivante : un petit autel couvert d’une nappe qui change suivant le temps liturgique, un grand tableau du Bon Pasteur, une petite croix en émail, un berger et un mouton, deux cierges et un petit palmier. Chaque objet à une valeur symbolique pour orienter l’esprit et lui ouvrir un chemin de contemplation.



      Le bon Pasteur : pour les Pères de l’Eglise, la parabole de la brebis perdue est certainement celle qui évoque le mieux cet Amour de Dieu qui guide et qui protège. Le bon Pasteur porte chacun d’entre nous. L’enfant en regardant cette image découvre déjà la personnalité de Celui qui sera le Chemin de sa vie spirituelle. Petit à petit, il comprendra que le Christ Bon Berger est cet Homme-Dieu qui souhaite emmener chaque être humain pour le ramener à la maison du Père en qui réside le principe de toute chose.


      La croix : elle est à la fois le résumé de la foi chrétienne et son signe fondamental. Elle récapitule toute l’histoire sainte et celle du cosmos en étant cet Arbre de vie dont la Miséricorde « ouvrit les bras et embrassa le cercle de la terre » (Grégoire de Nysse). Elle est le signe par lequel nous appelons sur nous toutes les bénédictions de Dieu.

      Le Berger : figure religieuse de la Bible, il représente l’homme non sédentaire, celui qui est capable de quitter sa terre comme Abraham pour partir à la rencontre de Dieu. Il symbolise aussi l’homme qui veille, le sage qui sait voir car il reste éveillé.


      Le cierge et sa flamme : symbole de l’ascension spirituelle, la bougie allumée nous rappelle notre besoin de « verticalité ». Deux bougies éclairent ce lieu de retraite, car chaque nombre dans la Bible renvoie à une lettre de l’alphabet hébraïque. Chacune comporte une signification spirituelle. Le nombre "deux" renvoie à la lettre «Beit». La signification archaïque de cette lettre est la maison (Bethléem, la maison du pain), ce lieu qui réunit l’amour de l’homme et de la femme, impliquant l’intimité et l’ouverture vers l’infini. C’est la première lettre de la Bible qui en résume toute la portée en rappelant le prologue de l’Evangile de saint Jean : Dans le principe est l’Amour…

      Le palmier : « les justes croissent comme le palmier » nous enseigne le psaume 92 de la Bible. Le palmier ne doit sa survie qu’à la présence d’une nappe d’eau dans le désert. Cet arbre vigoureux et élancé offre au voyageur toutes les vertus nutritives dont il a besoin pour poursuivre sa marche. Ses caractéristiques en font l’un des symboles majeurs de la vie chrétienne. Ses profondes racines font sa force et lui permettent de conserver ses palmes toujours vertes malgré la chaleur. Son écorce extérieure est rude mais son cœur est tendre. C’est un arbre protecteur dont la haute stature permet la floraison d’autres arbres et cultures (orangers, abricotiers oliviers, etc) Par sa présence visible dans le désert, il indique au voyageur la présence de l’eau qui désaltère.

      Ce petit Atrium ressemble donc à un petit guide spirituel vivant. Chaque symbole est un point d’appui. Pour l’adulte le geste traduit un état d’âme. Pour l’enfant, chaque geste lui enseigne une disposition spirituelle qu’il ne pourrait assimiler par des paroles.

      Quelques petits rites viennent rythmer ce moment de calme. Chacun prend son coussin pour s’agenouiller. La lumière paisible des cierges invite à retrouver l’essentiel. Quelques chants, quelques paroles d’actions de grâce, un baiser de la croix, et du silence avant qu’un petit souffle vienne endormir la flamme invitant chacun à profiter du mystère de la nuit.

      La crèche qui se constitue toute l'année

      Au cours de l’année, les nappes changeront de couleur marquant ainsi les temps liturgiques. Les personnages eux-aussi varieront au fil des mois pour nous enseigner d’autres attitudes spirituelles. Saint François d’Assise, avec son âme d’enfant, eut une idée géniale en créant la première crèche. Elle est en réalité une école de prière. L’enfant dont l’apprentissage spirituel est éminemment sensoriel gagnerait certainement à pouvoir approcher ces figures religieuses tout au long de l’année. Les personnages pourraient alors tous se retrouver le soir de Noël pour célébrer la Nativité de l’Enfant-Dieu.

      Maria Montessori et l'éducation religieuse

      L'œuvre éducative de Maria Montessori est répandue dans le monde au travers des quelques milliers d'écoles qui existent ainsi que par la diffusion de ses ouvrages. Cependant, l'un de ses apports majeurs semble être resté dans l'ombre, alors qu'il coïncide parfaitement avec une double réforme inspirée par le pape saint Pie X, au sein de l'Eglise, au début du siècle dernier: la communion pour les petits enfants et le renouvellement de l'esprit liturgique.
      Or, le travail scientifique que Maria Montessori mit au service du développement de l'enfance a connu une extension décisive au niveau de l'éducation religieuse à travers notamment une explication pédagogique de la liturgie et une assimilation biblique ancrée sur la figure du Bon Pasteur. Saint Pie X, bien connu pour sa sensibilité au monde de l'enfance, a réagi positivement aux travaux de la pédagogue en saluant cette "œuvre de régénération de l'enfance". L'année suivante, lors de la fête de Pâques, il envoie ce message de bénédiction à des religieuses tenant une maison de l'enfance: " Aux chers enfants de cette maison Montessori, acceptant de tout cœur leurs bons vœux pour la fête de Pâques, dans l'espérance qu'ils continuent à prospérer. Que leurs professeurs et les Franciscaines missionnaires de Marie reçoivent de tout cœur notre bénédiction apostolique sous la bienveillance et les auspices de la grâce divine" (donné au Vatican, 1911 par le pape Pie X).
      Non seulement les papes ne sont pas restés indifférents à cette révolution pédagogique mais ils l'ont par ailleurs appuyée comme le montre le discours du pape Paul VI le 17 septembre 1970 lors du congrès international consacré à Maria Montessori. Source ici
      Maria Montessori, partageant l'intuition fondamentale de saint Pie X sur la vie spirituelle des plus petits, a œuvré jusqu'à la fin de sa vie pour défendre leurs capacités à saisir magnifiquement les réalités les plus hautes. Voici l'un de ses derniers messages sur le sujet visant à encourager des enseignants catholiques rassemblés à Londres: " Jamais comme à ce moment, la Foi chrétienne n'a nécessité l'effort sincère de ceux qui la professent. Je voudrais demander à chacun d'entre vous qui êtes rassemblés à ce congrès de considérer la grande aide que les enfants peuvent apporter à la défense de la Foi. Les enfants viennent à nous comme une rosée d'âmes, comme une richesse et une promesse qui peut toujours s'accomplir mais qui nécessite l'aide de nos efforts pour cela.
      Ne considérez pas l'enfant comme un être faible. Il est l'artisan de la personnalité humaine. Que cette personnalité devienne chrétienne ou non dépend de l'environnement qui l'entoure et de ceux qui sont les guides de sa formation religieuse.
      Ne pensez pas que, parce que l'enfant ne peut comprendre de la même façon que les adultes, il lui est moins facile de participer aux activités religieuses. La Foi la plus étonnante et la plus profonde se trouve généralement chez les gens simples. Prenez par exemple ces femmes qui emmènent leurs enfants à l'Eglise en les allaitant: l'esprit inconscient de l'enfant absorbe cette ambiance divine tandis que la conscience raisonnante de l'adulte reste simplement humaine. Vous qui vous réjouissez de ce don d'appartenir à la Foi catholique, vous devez reconnaître la grande responsabilité qui est la vôtre pour les générations futures car vous avez renoncé au monde pour amener le monde à Dieu. Prenez les enfants comme une aide dans votre tâche avec foi et humilité. Ayez soin que leur regard limpide de ne soit pas abîmé. Protégez en eux ces énergies naturelles inscrites dans leur âme par la main guidante de Dieu. Puisse Dieu être avec vous pendant ce congrès et vous aidez dans vos conclusions et vos décisions".

      Pour accompagner ce besoin de régénération spirituelle au sein de l'Eglise, Maria Montessori a appliqué sa pédagogie éducative à la formation religieuse en développant le premier atrium en 1915 à Barcelone. La fonction de ce lieu catéchétique, inspiré des écoles pour l'enfance, est d'initier notamment aux mystères liturgiques à travers une découverte concrète des objets du culte et des prières de la messe. Elle écrivit par ailleurs en 1933 un ouvrage intitulé "La Messe expliquée aux enfants" comme support pédagogique de son action de formation religieuse. L'un des points majeurs de son apport tient certainement à la place centrale qu'elle donne à la Liturgie dans l'apprentissage religieux. Cet aspect de son œuvre, malheureusement assez inconnu sur notre continent, pourrait aujourd'hui encore contribuer à développer, parmi les nouvelles générations, ce sens du sacré que l'Eglise cherche à remettre au cœur de la vie liturgique.
      Dans son introduction à son ouvrage sur la messe, elle rappelle quel regard porte Jésus sur les plus petits: "Notre Seigneur percevait dans les enfants quelque chose que les adultes ne percevaient pas il y a deux cents ans et qu'ils ne perçoivent toujours pas. Cependant, les Évangiles affirment pleinement que beaucoup de mystères doivent être révélés aux plus petits. L'enseignement du Christ sur les enfants touche le cœur de leur éducation. Ils ont une personnalité différente de la nôtre et certaines impulsions spirituelles sont vivantes en eux qui sont souvent atrophiées chez l'individu devenu adulte. Nous devrions toujours gardé cela à l'esprit pour ne pas seulement leur offrir le plus noble des enseignements, mais leur offrir dans la forme qui leur convient. Nous sommes tenus d'aider les enfants en leur enseignant ce qu'ils ont besoin de savoir sur la religion, mais nous ne devrions pas oublié que l'enfant peut nous aider aussi, car il nous montre le chemin vers le royaume de Dieu".
      Nous reviendrons souvent sur cette question de l'éducation religieuse notamment sous son aspect liturgique. Il est probable que le renouveau spirituel à venir passe par une nouvelle assimilation des richesses liturgiques par les plus petits d'entre nous. Le silence et la prière se découvrent au contact de la Liturgie. Elle constitue donc un enjeu éducatif majeur pour le 21 ème siècle. Leur faire découvrir, c'est donner aux générations suivantes des hommes de paix.

      Dieu, l'enfant et nous

      Sur une question aussi intime et personnelle que l'activité religieuse, nous pouvons avoir une difficulté à déterminer comment il est souhaitable d'accompagner l'enfant dans sa croissance spirituelle. Entre lui imposer une "astreinte" religieuse quotidienne et le laisser sans nourriture jusqu'à ce qu'il choisisse totalement de lui-même un éventuel chemin spirituel, y a-t-il une alternative qui respecte l'enfant et ses aspirations?
      C'est un sujet complexe. Nous ne donnerons que quelques pistes de réflexions qui sont le fruit d'expériences religieuses parmi les enfants.

      Voilà deux mois, nous avons vécu l'histoire suivante. Une petite fille vient chez nous et joue dans la chambre de Grégoire. Soudain, son regard se fixe. Elle aperçoit un petit crucifix en émail. Elle le prend entre ses petites mains, me regarde et me dit: "tu crois en Jésus". Je réponds "oui". Elle reprend: "mes parents n'y croient pas mais moi si car sans lui tout s'effondrerait au-dessus de nous". No comment...

      Maria Montessori rapporte dans le premier volume de sa Pédagogie scientifique une histoire semblable. Un enfant n'ayant reçu aucune éducation religieuse fonds un jour en larme en disant:"Ne me grondez pas; en regardant la lune, j'ai senti la peine que je vous ai faite et j'ai compris que j'ai offensé Dieu".

      Dans son ouvrage intitulé "Le potentiel religieux de l'enfant", Sofia Cavalletti (une disciple de Maria Montessori qui a consacré une large partie de sa vie à la pédagogie religieuse) relate d'autres expériences de ce type. Elle rapporte qu'un petit garçon de cinq ans nommé Francesco demande un jour à a mère: "Qu'aimes-tu le plus, moi ou Dieu"? Sa mère, non croyante, lui répond: "c'est toi que j'aime le plus". Et le petit Francesco de la reprendre:"Je pense que c'est une grosse erreur".

      En ce domaine, plus encore qu'en tout autre, il nous faut laisser de côté nos à priori d'adultes et recourir à l'observation pour découvrir les lois du psychisme de l'enfant. Tout le temps de la grossesse devrait d'ailleurs nous aider à porter un regard juste sur lui. Nous parlons facilement de "notre" enfant. Mais, nous savons bien que notre action volontaire apporte peu au développement embryonnaire. L'âme d'un enfant est un mystère qui nous échappe. Mais, comme la sage-femme qui sait accompagner la vie jusqu'à la naissance, nous avons pour mission de servir le développement de sa personnalité. Nous ne sommes pas les constructeurs de sa vie, nous en sommes les serviteurs.


      Afin de pouvoir accomplir cette mission, il nous faut partir à la découverte de l'enfant. Lui-même nous montre le chemin que nous pouvons emprunter pour servir son développement. C'est en comprenant toutes les lois physiologiques, psychiques et spirituelles qui le tissent que nous pouvons lui apporter l'aide qu'il recherche.

      Quelles sont donc les traits qui caractérisent l'embryon spirituel qu'est l'enfant?
      1. L'enfant montre une capacité d'émerveillement permanente: un rien peut l'étonner (c'est à dire frapper son psychisme comme un coup de tonnerre) et absorber son regard un long moment.
      2. L'enfant est un être qui cherche l'amour dans la relation: il semble en avoir un besoin infini qu'aucune présence humaine ne parvient à combler. Pour autant, il nous prend facilement dans ses bras et peut parvenir à nous consoler.
      3. L'enfant possède un mode de connaissance unique: il formule souvent des questions et des réponses qui nous laissent sans voix comme s'il possédait un don prophétique capable de nous remettre au contact de la vérité.
      4. L'enfant est un être de prière: il la connait dans sa forme la plus pure et théocentrique dans les actes de louange spontanés.
      L'adulte, qui apprend à observer ces notes caractéristiques de l'esprit des plus petits, trouvera l'attitude juste qui lui permettra de guider leurs pas sans enfreindre leur liberté. Il verra aussi que la sentence de Jésus de Nazareth "si vous n'êtes pas comme ces petits enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume des cieux" contient une information de type scientifique sur les lois de développement spirituel de l'être humain. L'enfant semble plus que nous conscient de son origine. C'est peut-être ce que leur reconnaît particulièrement Celui qui s'est dit "Venu de Dieu"...

      lundi 3 octobre 2011

      La part de Thomas en nous...

      Nous pouvons être convaincus par cette approche de la catéchèse, convaincus de son bien fondé, de son intelligence etc... convaincus aussi parce que nous-mêmes avons été profondément touchés.
      Mais déjà s'avance la première question sous forme d'un doute qu'on n'avoue pas vraiment parce que justement on est convaincu de la méthode.

      La question: Et l'enfant? Que va faire l'enfant? Que va-t-il retenir ou comprendre? Qu'a-t-il vraiment assimilé? Et malgré nos plus belles pensées nous retombons alors dans la position du professeur dont l'autorité se fait souvent contrôle.
      Nous avons expérimenté par nous-mêmes ce que nous pouvons vivre lors d'une présentation du Bon Berger. Mais nous ne saurons jamais précisément ce que cela évoque dans l'enfant. Ensuite reste cette crainte de ne pas savoir si vraiment cette parabole (ou tout autre sujet) parle vraiment à de tous jeunes enfants parce qu'on n'a pas vu de nos propres yeux ni entendu de nos propres oreilles. Les enfants gardent tout cela dans leur cœur.

      Nous sommes tous plus ou moins des Thomas. Des Thomas qui ne peuvent croire que lorsqu'ils touchent de leurs doigts (en l’occurrence il s'agit plus de nos yeux et de nos oreilles). La rationalisation s'installe au détriment de l'Esprit. On prend l'air de rien la place de Dieu...qui  ne peut plus faire son œuvre dans l'invisible... Mais pourquoi donc avons-nous besoin de preuves?
      Développer un atrium ne nous fait pas échapper à cela... La crainte s'installe régulièrement, et parfois même quand on a vu que tout va bien. Pourquoi par exemple cette crainte de ne pas avoir assez bien donné aux enfants?  Je ne sais... certainement, parce qu'on ne fait pas assez confiance à l'amour du Bon Berger et aux brebis qui écoutent sa voix... L'abandon au divin s'apprend tous les jours et parfois faut il recommencer...

      Ayant présenté samedi la parabole du Bon Berger, nous avions pu avoir des conversations intéressantes avec les grands qui se sont rapidement reconnus dans les brebis. Avec les petits les choses semblaient différentes. Pendant la présentation même, j'avais plutôt l'impression qu'ils étaient moins centrés que la première fois. Mais la conversation avec le petit garçon m'a montré une fois de plus que l'apparence n'est qu'une apparence...

      Le soir, nous avons l'habitude de prier ensemble en famille et de rendre grâces. Grégoire a son petit rituel: il remercie pour les lapins, le chat, le petit frère, maman et papa ou tout autre évènement de la journée qui l'aura marqué. Mais il commence toujours par les lapins. Cela fait des semaines que c'est ainsi, mais ce soir-là, il a changé. Il a commencé à dire "merci pour les moutons", et pourtant nous n'avions pas parlé ni du Bon Berger, ni des moutons avant ou pendant la prière. C'est venu tout spontanément et sorti droit de son cœur. Étonnant...
      Mon mari commence alors une petite conversation avec lui sur le sujet et lui demande: "Où est le Bon Berger?" en pensant qu'il allait nous montrer le tableau du Pastor Bonus qui est accroché au-dessus de notre coin de prière. Et Grégoire, sans vaciller, va droit au petit autel et se cherche l'image de Jésus entouré d'enfants et nous dit: "là, c'est le Bon Berger."  Notre étonnement était au comble.
      Nous n'avions jamais dit que le Bon Berger est Jésus. Nous avions dû utiliser ces noms différents à certains moments, mais l'assimilation de "Jésus est le Bon Berger", c'est Grégoire qui l'a faite spontanément après avoir eu la présentation du Bon Berger.

      Vous voyez, ce qui se fait dans l'enfant, lors de la séance de catéchèse, on ne le sait pas. Parfois on a des indices, parfois des gestes ou des mots qui nous surprennent par leur justesse... et parfois rien de particulier. Et nous nous mettons à douter.
      Il est tellement difficile d'accepter que quelque chose puisse se faire dans l'enfant sans qu'on ne le voie. Sans que nous sachions quoi. Même si nous savons et essayons d'appliquer la méthode Montessori pour cette catéchèse, il reste cet inconnu que nous ne maîtrisons pas. Mais que voulons-nous? Nous ne savons même pas exactement ce que la parabole a évoqué en nous! Nous nous sommes sentis touchés profondément, mais comment l'expliquer? Comment dire de nous-même ce que Dieu a opéré en nous? Nous ne pouvons l'expliquer. La spiritualité est le mystère de la personne, ce n'est pas une matière que l'on peut restituer comme une leçon apprise par cœur. La spiritualité c'est "simplement" une relation d'amour avec Dieu.
      Et pourquoi alors notre doute? Pourquoi il revient? Pourquoi? Le lâcher-prise est difficile, et je crois encore plus difficile dans la spiritualité. Nous n'avons aucun pouvoir sur la spiritualité d'un enfant. Nous ne savons pas comment elle se développe en lui, mais nous avons des pistes qui nous disent que plus l'enfant est petit plus il est capable du Grand. Et je crois que c'est peut-être cela qui nous fait peur au fond. Savoir le petit enfant capable de comprendre quelque chose que nous ne comprenons pas... Que nous cherchons en vain depuis longtemps...

      Il nous faut donc arrêter de vouloir contrôler ce que l'enfant a compris... c'est un piège.... qui empêche l'enfant d'entrer profondément dans le mystère chrétien.

      mercredi 7 septembre 2011

      Vers une Théologie de l'Enfance?

      Depuis l’époque de Maria Montessori, la pédagogie religieuse a connu de grands développements. De nombreux travaux scientifiques sont venus souligner et expliciter la dynamique spirituelle des enfants. Aujourd’hui, la recherche semble rejoindre les grandes intuitions de Maria Montessori. On voit se dessiner progressivement une théologie de l’enfance qui trouve ses racines dans la Révélation. Certains passages de l’Evangile reçoivent un éclairage nouveau dont la spiritualité des adultes pourrait même tirer partie. Qu’en est-il exactement ?

      Le XXème siècle a vu naître des approches pédagogiques fondées sur des données anthropologiques et expérimentales. L’observation de l’enfant et de son développement devient essentielle dans la réflexion pédagogique. L’œuvre de Maria Montessori en est l’un des plus grands témoignages. Sofia Cavalletti rapporte dans ses ouvrages la profonde expérience spirituelle et la riche conscience théologique des enfants avec qui elle a travaillé. D'autres études scientifiques se sont intéressées spécifiquement à la question de la spiritualité des enfants. On trouve ces études notamment dans la littérature anglo-saxonne. Parmi elles, un ouvrage écrit par Rebecca Nye a fait date. Il s’agit de « Children’s spirituality ». Utilisant les critères de la méthodologie scientifique pour interviewer des enfants, R. Nye est arrivée à l’idée que la spiritualité est une des caractéristiques de cette période de la vie.

      Que faut-il entendre par spiritualité des enfants ?
      Dans son ouvrage, R. Nye livre une première définition de synthèse suite à ses nombreuses études. « La spiritualité des enfants est une capacité initialement naturelle pour une conscience de ce qui est sacré dans les expériences de vie. Cette conscience peut être ressentie ou pas, mais dans les deux cas, elle influe sur les actions, les sentiments et les pensées. Dans l’enfance, la spiritualité porte particulièrement sur le fait d’être en relation, de répondre à un appel, de se relier à plus que soi seul, c’est à dire aux autres, à Dieu, et à la création. Cette rencontre avec la transcendance peut advenir dans des expériences ou des moments spécifiques aussi bien qu’à travers une activité imaginative ou réflexive » (p.6)
      Cette définition fait apparaître plusieurs éléments qu’il est possible de mettre en relation avec la Tradition chrétienne. Tout d’abord, une connaissance naturelle de Dieu notamment par ses œuvres est possible. Une expérience intense de la vie permet à l’enfant de se mettre en lien avec ce qui la transcende. Ce contact avec ce que la vie révèle en ses profondeurs se traduit par une disposition spirituelle qui anime les actions quotidiennes de l’enfant. Autrement dit, pour l’enfant la spiritualité est une sorte de « contemplaction » par laquelle son admiration donne souffle à son agir. L’enfant semble ainsi échapper à la dissonance que connaissent les adultes pour qui la spiritualité est parfois une parenthèse dans la vie quotidienne. Enfin, la spiritualité de l’enfant met en lumière la dynamique de l’appel et de la réponse qui tisse la relation transcendantale. De ce point de vue la révélation du Buisson Ardent et la réponse de Moïse (Me voici !) sont archétypales de la démarche spirituelle de l’enfant. On comprend alors toute la valeur de la parabole du Bon Berger telle que la situe Sofia Cavalletti dans son œuvre catéchétique. Le Bon Berger appelle chacune des brebis par leur nom. L’enfant se sent ainsi comme une brebis connue et reconnue. Il peut alors répondre librement à cette invitation merveilleuse. Nous voilà bien au cœur de la Révélation chrétienne.

      Que faut-il comprendre de l’enfant pour accompagner son développement spirituel ?
      Il n’est pas toujours évident pour l’adulte d’accompagner la croissance spirituelle de l’enfant tant son modèle psychique est différent du nôtre. Pour y parvenir il faut le comprendre, c'est-à-dire apprendre à voir avec son regard les réalités qu’il perçoit. R. Nye donne quelques clés dans son ouvrage pour aider l’adulte à s’approprier ce regard de l’enfant :
      «  Les enfants ont une façon plus holistique de voir les choses. Ils ne les analysent pas autant, si bien que leur perception a un caractère plus mystique.
      Les enfants sont particulièrement ouverts et curieux. Aussi ont-ils une capacité naturelle d’émerveillement.
      La vie émotionnelle des enfants est au moins aussi forte que leur vie intellectuelle. Aussi savent-ils ce que c’est de s’abandonner à des forces qui transcendent leur contrôle.
      Les enfants manquent de connaissances sur beaucoup de choses. Pour eux, le mystère est une réalité profonde, généralement non menaçante, amicale et ils y répondent par un respect et une recherche de sens dans tous leurs jeux quotidiens.
      Les enfants acceptent que leurs mots ne suffisent pas à décrire pensées et sentiments. Aussi savent-ils que la valeur et l’importance réelle dépassent ce qui peut être dit. Ils se sentent à l’aise dans l’ineffable, l’indicible » (p.8).
      On comprendra ici que ce qui semble faire la faiblesse des enfants (expression rationnelle limitée) fait en réalité leur force spirituelle. Leur capacité spirituelle est certainement plus adaptée que celle des adultes à la révélation d’une réalité transcendante qu’aucun mot humain ne pourra jamais circonscrire. Comme-ci l’indicible était naturellement la demeure des enfants. Et la Révélation la réponse à une attente naturelle chez les plus petits d’entre nous.
      Pour accompagner les enfants, il importe donc de créer les conditions d’une expérience religieuse et non pas seulement de délivrer un simple contenu conceptuel dont l’enfant ne pourra pas faire sa nourriture. C’est toute la force de la parabole du Bon Berger, et de la présentation que l’on peut en faire, qui propose à chacun de répondre à l’appel qui lui est fait afin de tisser une relation unique avec Lui.
      Maria Montessori a insisté à plusieurs reprises sur la complémentarité réelle entre adulte et enfant pour la croissance du Royaume et de l’Eglise. Les données expérimentales et scientifiques apportent certainement un éclairage important aux paroles de Jésus sur lesquelles nous reviendrons par la suite. Elles tendent à montrer combien les expériences religieuses de l’enfance sont essentielles dans le développement de la spiritualité adulte. Si bien que les paroles rapportées dans l’Evangile pourraient réellement fonder le développement d’une Théologie de l’enfance pour éclairer la filiation divine que Dieu propose à tout homme.

      Vers une Théologie de l’Enfance ?
      La question peut surprendre. Les paroles de Jésus de Nazareth sur l’enfance suscitent souvent l’incompréhension ou se limitent encore à quelques considérations sur l’humilité qui la caractériserait. Toute la difficulté vient du contraste entre la puissance des propos de Jésus sur l’enfant et l’absence de définition qu’il en donne. Pour réellement approcher le sens de ces paroles il nous invite implicitement à regarder les enfants pour mieux saisir la nature du Royaume auquel il nous convie. Jésus nous présente en effet l’enfant comme une parabole de la vie en son Royaume : « si vous n’êtes pas comme des petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux ». Phrase étonnante qui semble nous ramener à l’essentiel. Jésus invite ses disciples à saisir quelque chose du Royaume à travers ses paraboles aussi simples que saisissantes. Toutes nous renvoient à une réalité de la terre dont la dynamique peut nous aider à comprendre comment se forme le Royaume. Mais, il ne suffit pas de saisir ces rapprochements, il  faut s’en saisir à la manière des petits enfants jusqu’à « devenir» comme eux….
      Le contact avec les enfants semblent donc être d’une portée capitale pour mieux situer la filiation divine que le Christ nous propose. L’enfant n’est pas qu’un adulte en devenir. Il possède une « physionomie » psychique spécifique dont la manifestation peut certainement nous aider à mieux comprendre les paroles de Jésus.
      L’information que nous a donnée Jésus s’appuie sur cette réalité que l’enfant a un « style » de vie différent de celui des adultes. D’un point de vu spirituel, cela renverse les perspectives. L’adulte peut apprendre de l’enfant. Si l’on veut rester au plus proche du texte évangélique, il faut même voir la présence de l’enfant comme un véritable enseignement spirituel. R. Nye résume cet enseignement de la façon suivante : « la spiritualité dans l’enfance, c’est la manière d’être des enfants avec Dieu et de Dieu avec eux »
      Maria Montessori est l’une des premières pédagogues à avoir mis en lumière par ses expériences la spécificité spirituelle de l’enfant. Sans avoir développé de Théologie en tant que telle, ses expériences ont contribué à rendre visible la dynamique de croissance spirituelle des enfants. Pour elle la finalité ultime de son approche pédagogique, c’est le déploiement spirituel inscrit en chaque être humain. Ses travaux de pédagogie religieuse montrent que les enfants sont capables de participer à la grande prière de l’Eglise comme à la lectio divina des textes sacrés. Les développements ultérieurs qui connaissent à l’heure actuelle de magnifiques approfondissements sont une occasion pour les familles de former une véritable Ecclesia Domestica dans laquelle adultes et enfants se nourriront ensemble d’une expérience biblique et liturgique partagée. Si l’on sait y prêter attention, les enfants sont capables d’expressions religieuses dignes des écrits sur la Sagesse ou de la prière psalmique. 

      Quelle est l’information que contiennent les paroles de Jésus sur l’Enfance ?
      Les paroles de Jésus sur les enfants sont concises et fortes. Elles ne font pas l’objet d’un quelconque développement. Mais elles sont une invitation incontestable à voir l’enfant comme porteur d’une sagesse spirituelle. Y aurait-il chez les enfants un « mode d’être » dont nous aurions perdu le souvenir en devenant adulte ? Qu’avons-nous à ce point oublié de l’enfance qui nous rende impossible l’accès au Royaume de Dieu (« Si vous ne devenez pas comme des petits enfants »…) ?
      Reprenons une à une ces paroles fondamentales que nous rapporte l’Evangile comme le fait très justement Jérôme W. Berryman dans le premier tome d’introduction à sa pédagogie religieuse. Elles sont au nombre de huit. Rapprochées les unes des autres, elles forment un véritable enseignement spirituel. 

      1ère message : « Celui qui se fera petit »
      « Les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : « Qui donc est le plus grand dans le Royaume des cieux ? » Alors Jésus appela un petit enfant ; il le plaça au milieu d’eux, et il déclara : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux. Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, c’est celui-là qui est le plus grand dans le Royaume des cieux. Et celui qui accueillera un enfant comme celui-ci en mon nom, c’est moi qu’il accueille. Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car, je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux » (Mathieu, 18, 1-5).
      « Ils arrivèrent à Capharnaüm. Lorsqu’il fut dans la maison, Jésus leur demanda : De quoi discutiez-vous en chemin ? Mais ils gardèrent le silence, car en chemin ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand. Alors il s’assit, appela les douze, et leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous les serviteurs de tous. Et il prit un petit enfant, le plaça au milieu d’eux, et l’ayant pris dans ses bras, il leur dit : « Quiconque reçoit en mon nom un de ces petits enfants me reçoit moi-même, et quiconque me reçoit, reçoit non pas moi, mais celui qui m’a envoyé » (Marc, 9, 33-37)
      « Or, une pensée leur vint à l’esprit, savoir lequel d’entre eux était le plus grand. Jésus voyant la pensée de leur cœur prit un petit enfant, le plaça près de lui, et leur dit : « Quiconque reçoit en mon nom ce petit enfant me reçoit moi-même ; et quiconque me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé. Car celui qui est le plus petit parmi vous tous, c’est celui-là qui est grand » (Luc, 9, 46-48)
      Ces textes font apparaître plusieurs éléments qui peuvent nous permettre de préciser la valeur spirituelle des dispositions psychiques de l’enfance. Jésus intervient ici pour répondre à une interrogation  des disciples. Savoir « qui est le plus grand » ? Autrement dit qui a le plus de pouvoir. Comme à son habitude, Jésus donne une réponse qui ouvre une réflexion. Ici il place un petit enfant au milieu des disciples. Car l’enfant encore jeune cherche à être en relation plutôt qu’à avoir le pouvoir. L’enfant ne recherche pas la place d’honneur mais simplement sa place dans la communauté humaine. L’adulte en revanche cherche souvent à faire de la place autour de lui… Jésus, après son baptême et avant de commencer son ministère, affrontera dans le désert cette tentation du pouvoir (possession des royaumes du monde). Pour vaincre cette tentation, Jésus nous invite à regarder la relation que les enfants ont avec leur entourage et leur environnement. Un deuxième point important concerne l’identification que Jésus fait entre l’accueil d’un enfant et l’accueil que l’on pourrait lui faire. Accueillir un enfant, c’est accueillir Jésus lui-même. A nouveau le propos est autant puissant que simple. Il laisse entendre que la vie au contact des plus petits est une occasion unique et privilégiée de tisser une relation avec lui. Le contact avec eux est une aide pour se préserver d’un certain orgueil de la vie. Enfin, Jésus semble leur reconnaître une faculté spirituelle spécifique lorsqu’il affirme que leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de son Père. Cette parole nous ramène à cette disposition spirituelle toute particulière qui semble caractériser la période de l’enfance. Les recherches mentionnées plus haut font état de réactions des enfants tout à fait étonnantes en matière religieuse.

      2ème message : « Laissez-venir à moi les petits enfants… »
      « Alors des gens lui amenèrent des petits enfants afin qu’il pose les mains sur eux et prie pour eux. Mais les disciples leur firent des reprochent. Jésus dit : « Laissez les petits enfants, ne les empêchez pas de venir à moi, car le Royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent » (Mathieu 19, 13-15).
      « On présentait à Jésus des enfants pour les lui faire toucher ; mais les disciples les écartèrent vivement. Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les enfants venir à moi. Ne les empêchez pas, car le Royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le Royaume de Dieu à la manière d’un petit enfant n’y entrera pas. Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains » (Marc, 10, 13-16).
      « On lui amena aussi les petits enfants afin qu’il les touchât. Mais les disciples, voyant cela, reprenaient ceux qui les amenaient. Et Jésus les appela et dit : « Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les empêchez pas car le Royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent. Je vous le dis en vérité, quiconque ne recevra pas le Royaume de Dieu comme un petit enfant n’y entrera point » (Marc, 18, 15-17).
      Les disciples s’interposent entre Jésus et les enfants qu’on lui amène. La réaction est vive. L’enfant n’est pas moins intéressant que l’adulte aux yeux de Jésus. Il est même porteur d’une information importante sur le chemin qui mène au Royaume. Le message de Jésus n’a rien de romantique. Il ne souligne pas ce qu’il y a de sympathique et de naïf en eux. Il affirme simplement, encore une fois, que pour accueillir le Royaume il est nécessaire de ressembler aux petits enfants. L’homme créé à l’image de Dieu est invité à leur ressembler. C’est là le tout le programme de la divinisation manifestée de façon particulière lors de la Transfiguration. Cette métanoïa divine, d’après les mots mêmes de Jésus, passe par la ressemblance avec les petits enfants. Pour approcher l’Indicible Présence leurs limites linguistiques et rationnelles sont finalement un avantage. Là où nos raisonnements élaborés nous égarent souvent, leur intuition sans détour atteint la Source de toute chose. Le langage humain est parfois un instrument au service du pouvoir et du paraître. C’est dans le silence du désert que Jésus met un terme aux manipulations diaboliques. La rencontre avec Dieu se situe au-delà de toute formule conceptuelle. La seule connaissance verbale n’est pas suffisante pour instaurer une vraie relation. L’amour est bien au-delà des mots. C’est ce que savent les enfants…d’un savoir certain ! Le lâcher-prise verbal conditionne la rencontre… 

      3ème  message : « Ne les scandalisez pas… »
      « Mais si quelqu’un scandalise un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui attachât une meule au cou et qu’on le jetât au fonds de la mer » (Mathieu 18, 6).
      « Mais si quelqu’un scandalisait un de ces petits qui croient, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui mît au cou une grosse meule de moulin, et qu’on le jetât dans la mer » (Marc, 9, 42).
      « Puis il dit à ses disciples : Il est impossible que les scandales n’arrivent pas, mais malheur à celui par qui ils arrivent ! Mieux vaudrait pour lui se voir passer autour du cou une pierre à moudre et être jeté à la mer que de scandaliser un seul de ces petits » (Luc, 17, 1-2).
      L’enfant est aux yeux de Jésus porteur d’un message fondamental pour la vie spirituelle de tout être humain. Si les paroles de Jésus sont fortes pour manifester clairement le modèle de vie que représentent les enfants, elles ne le sont pas moins lorsqu’il s’agit d’avertir ceux qui pourraient être tentés de « mettre des obstacles » (traduction grec de scandale) sur leur chemin. Maria Montessori s’est longuement exprimée sur les nombreux obstacles culturels et sociaux qui pendant des siècles ont empêché de porter un regard juste sur l’enfant et de reconnaître l’ensemble de ses besoins psychiques. En posant ces obstacles, il devient impossible de connaître l’enfant. Et si cette rencontre avec l’enfant ne peut se faire, le message dont l’enfant est porteur devient inaccessible…

      4ème message : « devenir comme des petits enfants »
      « Je vous le dis en vérité, si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux » (Matthieu, 18, 3).
      « Je vous le dis en vérité, quiconque ne recevra pas le Royaume de Dieu comme un petit enfant n’y entrera point (Marc, 10, 15)
      « Je vous le dis en vérité, quiconque ne recevra pas le Royaume de Dieu comme un petit enfant n’y entrera point  (Luc, 18, 17).
      Le message peut surprendre. La vie spirituelle est à ceux qui deviennent comme des petits enfants. Le Royaume des cieux ne peut se réaliser sans ce mode de vie propre aux enfants. Le psychisme des enfants est tourné vers la vie. Ils n’ont de cesse que de vouloir découvrir et s’émerveiller. Ils ont des yeux qui voient et des oreilles qui entendent. Tous leurs sens sont en action pour capter les profondeurs de la vie. Leur passion pour le jeu de « cache-cache »  témoigne inlassablement de leur désir de rencontrer une présence « cachée ». Joie de chercher, joie de trouver, joie d’être cherché et joie d’être retrouvé…L’invitation de Jésus est paradoxale. Elle heurte notre raison d’adulte. Et ce d’autant plus que pour comprendre ce que les enfants peuvent nous enseigner, il nous faut nous-mêmes adopter leur « dispositif » psychique.

      5ème message : « Nous avons joué et vous n’avez pas dansé »
      « A qui donc comparerai-je les hommes de cette génération, et à qui ressemblent-ils ? Ils ressemblent aux enfants assis dans la place publique, et qui, se parlant les uns aux autres, disent : Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé ; nous nous avons chanté des complaintes et vous n’avez pas pleuré. Car Jean-Baptiste est venu, ne mangeant pas de pain et ne buvant pas de vin, et vous dîtes : Il a un démon. Le Fils de l’Homme est venu, mangeant et buvant, et vous dîtes : C’est un mangeur et un buveur, un ami des publicains et des gens de mauvaise vie. Mais la sagesse a été justifié par tous ses enfants ». (Luc, 7, 31-35).
      «  Mais à qui comparerai-je cette génération ? Elle ressemble aux petits enfants assis dans les places publiques, et qui crient à leur compagnons, et disent : Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez point dansé ; nous avons chanté des plaintes devant vous, et vous n’avez point pleuré. Car Jean est venu ne mangeant ni ne buvant, et ils disent : Il a un démon. Le Fils de l’Homme est venu mangeant et buvant, et ils disent : Voilà un mangeur et un buveur, un ami des contrôleurs et des pécheurs. Mais la sagesse a été justifiée par ses enfants ». (Matthieu, 11, 16-19).
      Les enfants ont un rapport à la vie fait de simplicité. Ils peuvent nous surprendre par les comportements qu’ils adoptent face aux situations de la vie. L’enfant sait se réjouir. Il sait aussi pleurer. Sa joie vient saluer avec force le retour du parent aimé. Sa compassion sait étreindre l’adulte qui retient ses larmes. L’enfant ne rationalise pas. Il est dans la vie. Pour lui chaque événement est une richesse à accueillir, une occasion de se réjouir, un chemin à parcourir. Contre l’esprit de sérieux qui souvent tient l’adulte dans des rôles prédéfinis, l’enfant nous invite à vivre la vie comme elle se présente : en accueillant joies et tristesses sans jamais s’arrêter de jouer. Dominique Savio à qui l’on demandait : « Que ferais-tu si, tandis que tu es en train de jouer, on venait t’annoncer que la fin du monde arrive ? » fit cette réponse pleine de sagesse : « Je continuerai de jouer »…L’observation du jeu de cache-cache qui semble comme appartenir à la nature des enfants est symptomatique de la recherche d’une présence qui se montre et se dérobe en permanence. De lui-même le petit enfant cache son visage devant l’autre pour vivre la joie ensuite du face à face. Un peu plus grand, il se cache en indiquant le lieu de sa cachette…Ce jeu « anthropologique » manifeste cette tension entre désir et rencontre. L’enfant s’éloigne pour qu’on le retrouve. Il invite l’autre à se cacher pour renouveler la rencontre. Sans cet espoir de la rencontre, le jeu devient souffrance…C’est parce que l’enfant sait qu’il sera retrouvé ou qu’il retrouvera que ce jeu est source d’une inlassable joie. Le Dieu caché (Deus absconditus) de la Bible semble nous donner quelques indications pour le retrouver : « Si vous ne devenez pas comme des petits enfants… ».

      6ème message : « Naître de nouveau »
      « Jésus lui répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le Royaume de Dieu » (Jean, 3, 3).
      « Jésus répondit : En vérité, en vérité je te dis, que si un homme ne naît d’eau et d’esprit, il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’esprit est esprit. Ne t’étonne point de ce que je t’ai dit. Il faut que vous naissiez de nouveau » (Jean, 3, 5-7).
      Jésus précise ici les choses. La ressemblance avec l’enfant qui réalise le Royaume de Dieu en nous passe par une nouvelle naissance. Comme toujours, la réalité concrète à laquelle renvoie Jésus dans son enseignement est un point de contact avec le message spirituel qu’il transmet. Les recherches récentes sur la naissance physiologique peuvent donc aussi nous éclairer sur les conditions de la nouvelle naissance spirituelle. La naissance physiologique, à l’image de la crèche de Bethléem, requiert du silence, de l’intimité, une faible lumière et de la confiance. Il s’agit de s’abandonner en lâchant prise. S’ouvrir à la vie exige de renoncer à vouloir tout contrôler. C’est là l’enseignement majeur de la naissance physiologique. Et c’est certainement là une piste pour s’ouvrir aux richesses du Royaume et naître à l’homme nouveau.

      7ème message : « une louange parfaite »
      « Mais les princes des prêtes et les scribes, voyant les merveilles qu’Il avait faites, et les enfants qui criaient dans le temple et qui disaient : Hosanna Fils de David ! s’indignèrent et ils Lui dirent : Entendez-vous ce qu’ils disent ? Jésus leur dit : Oui. N’avez-vous jamais lui cette parole : De la bouche des enfants, et de ceux qui sont à la mamelle, vous avez tiré une louange parfaite » (Matthieu, 21, 15-16).
      La parole de Jésus est forte. Elle concerne la louange parfaite. Elle est prononcée dans le plus haut lieu de prière qui soit : le Temple de Jérusalem. Elle est adressée aux prêtres et aux scribes. Les « spécialistes » de la Liturgie et de l’Ecriture sont invités à entendre la louange des plus petits. Leur intuition spirituelle est plus juste que les raisonnements sophistiqués. Leur prière est « instinctivement » louange et action de grâce. Elle nous invite à redécouvrir la portée eucharistique de la grande prière du Christ. Leur « Théologie » non-conceptuelle est celle de la gratitude.  En cela, ils nous enseignent la « louange parfaite ».
       
      8ème message : « la Révélation »
      « En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : Je te loue Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que les as révélés aux petits enfants. Oui, Père, je te loue de ce que tu l’as voulu ainsi » (Matthieu 11, 25-26).
      « En ce moment même, Jésus tressaillit de joie par le Saint-Esprit et il dit : Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents et de ce que tu les as révélées aux enfants. Oui, Père, je te loue de ce que tu l’as voulu ainsi » (Luc, 10, 21).
      A nouveau dans ce passage, Jésus prend à rebours la sagesse des «intelligents » et rend grâce de ce que les plus petits bénéficient d’une révélation toute particulière. Les enfants semblent profiter d’une connaissance spirituelle supérieure à l’érudition spirituelle des spécialistes. Ils ont certainement un rapport plus simple au mystère de leur origine dont ils rendent grâce spontanément sans se perdre dans des dédales argumentaires.

      Cette petite traversée évangélique nous permet de prendre conscience du regard que porte Jésus sur les enfants et de leur rôle dans l’avènement du Royaume. Les enfants, de part leur intuition spirituelle, sont porteurs d’un message anthropologique. Nos paramétrages adultes peuvent cependant nous empêcher d’en prendre conscience alors même que ce message est fondamental pour toute croissance spirituelle.

      L’ensemble des textes étudiés ainsi que l’observation des enfants peuvent nous ouvrir quelques  pistes de réflexion. Tout d’abord l’enfant nous indique clairement que la religion est affaire de rencontre joyeuse et non de système de pensée. Bien entendu la réflexion théologique peut nourrir la prière. Mais sans cette disposition propre à l’enfance où se mêlent intuition profonde et désir de la rencontre, la pensée adulte coure le risque de tourner sur elle-même. Ensuite, l’observateur ne peut que constater que l’absence de pensée conceptuelle n’est pas une limite à la vie spirituelle. Bien au contraire, l’enfant en nous montrant une vitalité affective et spirituelle intense nous rappelle que le lâcher prise par rapport à l’usage de la raison est nécessaire au développement d’une vie de prière. Enfin, la joie de l’enfant est « eucharistique ». La « louange parfaite » dont parle Jésus est à rapprocher de sa prière eucharistique par laquelle toute l'histoire de la Création est assumée dans un acte d'Amour total.