lundi 12 septembre 2011

Présentation de l'autel

Le matériel de présentation:

L'autel

Les deux cierges, la croix, le porte-missel, le calice et la patène recouverts du voile de calice

Les cartes pour calquer, qui sont aussi pour là l’acquisition du vocabulaire chez les petits

La pochette (c'est la première partie, une deuxième pochette avec d'autres objets vient plus tard) 

L'autel et la nappe d'autel

Les éléments sur l'autel: croix, bougies, calice et patène

dimanche 11 septembre 2011

Les couleurs liturgiques

Affiche des couleurs liturgiques

Modèle pour un collage avec un modèle pour faire les carrées

Livret pour calquer et assimiler le vocabulaire
 

Boîte pour des collages

Puzzle des couleurs liturgiques


Voici UN LIEN avec l'explication des couleurs liturgiques

mercredi 7 septembre 2011

Vers une Théologie de l'Enfance?

Depuis l’époque de Maria Montessori, la pédagogie religieuse a connu de grands développements. De nombreux travaux scientifiques sont venus souligner et expliciter la dynamique spirituelle des enfants. Aujourd’hui, la recherche semble rejoindre les grandes intuitions de Maria Montessori. On voit se dessiner progressivement une théologie de l’enfance qui trouve ses racines dans la Révélation. Certains passages de l’Evangile reçoivent un éclairage nouveau dont la spiritualité des adultes pourrait même tirer partie. Qu’en est-il exactement ?

Le XXème siècle a vu naître des approches pédagogiques fondées sur des données anthropologiques et expérimentales. L’observation de l’enfant et de son développement devient essentielle dans la réflexion pédagogique. L’œuvre de Maria Montessori en est l’un des plus grands témoignages. Sofia Cavalletti rapporte dans ses ouvrages la profonde expérience spirituelle et la riche conscience théologique des enfants avec qui elle a travaillé. D'autres études scientifiques se sont intéressées spécifiquement à la question de la spiritualité des enfants. On trouve ces études notamment dans la littérature anglo-saxonne. Parmi elles, un ouvrage écrit par Rebecca Nye a fait date. Il s’agit de « Children’s spirituality ». Utilisant les critères de la méthodologie scientifique pour interviewer des enfants, R. Nye est arrivée à l’idée que la spiritualité est une des caractéristiques de cette période de la vie.

Que faut-il entendre par spiritualité des enfants ?
Dans son ouvrage, R. Nye livre une première définition de synthèse suite à ses nombreuses études. « La spiritualité des enfants est une capacité initialement naturelle pour une conscience de ce qui est sacré dans les expériences de vie. Cette conscience peut être ressentie ou pas, mais dans les deux cas, elle influe sur les actions, les sentiments et les pensées. Dans l’enfance, la spiritualité porte particulièrement sur le fait d’être en relation, de répondre à un appel, de se relier à plus que soi seul, c’est à dire aux autres, à Dieu, et à la création. Cette rencontre avec la transcendance peut advenir dans des expériences ou des moments spécifiques aussi bien qu’à travers une activité imaginative ou réflexive » (p.6)
Cette définition fait apparaître plusieurs éléments qu’il est possible de mettre en relation avec la Tradition chrétienne. Tout d’abord, une connaissance naturelle de Dieu notamment par ses œuvres est possible. Une expérience intense de la vie permet à l’enfant de se mettre en lien avec ce qui la transcende. Ce contact avec ce que la vie révèle en ses profondeurs se traduit par une disposition spirituelle qui anime les actions quotidiennes de l’enfant. Autrement dit, pour l’enfant la spiritualité est une sorte de « contemplaction » par laquelle son admiration donne souffle à son agir. L’enfant semble ainsi échapper à la dissonance que connaissent les adultes pour qui la spiritualité est parfois une parenthèse dans la vie quotidienne. Enfin, la spiritualité de l’enfant met en lumière la dynamique de l’appel et de la réponse qui tisse la relation transcendantale. De ce point de vue la révélation du Buisson Ardent et la réponse de Moïse (Me voici !) sont archétypales de la démarche spirituelle de l’enfant. On comprend alors toute la valeur de la parabole du Bon Berger telle que la situe Sofia Cavalletti dans son œuvre catéchétique. Le Bon Berger appelle chacune des brebis par leur nom. L’enfant se sent ainsi comme une brebis connue et reconnue. Il peut alors répondre librement à cette invitation merveilleuse. Nous voilà bien au cœur de la Révélation chrétienne.

Que faut-il comprendre de l’enfant pour accompagner son développement spirituel ?
Il n’est pas toujours évident pour l’adulte d’accompagner la croissance spirituelle de l’enfant tant son modèle psychique est différent du nôtre. Pour y parvenir il faut le comprendre, c'est-à-dire apprendre à voir avec son regard les réalités qu’il perçoit. R. Nye donne quelques clés dans son ouvrage pour aider l’adulte à s’approprier ce regard de l’enfant :
«  Les enfants ont une façon plus holistique de voir les choses. Ils ne les analysent pas autant, si bien que leur perception a un caractère plus mystique.
Les enfants sont particulièrement ouverts et curieux. Aussi ont-ils une capacité naturelle d’émerveillement.
La vie émotionnelle des enfants est au moins aussi forte que leur vie intellectuelle. Aussi savent-ils ce que c’est de s’abandonner à des forces qui transcendent leur contrôle.
Les enfants manquent de connaissances sur beaucoup de choses. Pour eux, le mystère est une réalité profonde, généralement non menaçante, amicale et ils y répondent par un respect et une recherche de sens dans tous leurs jeux quotidiens.
Les enfants acceptent que leurs mots ne suffisent pas à décrire pensées et sentiments. Aussi savent-ils que la valeur et l’importance réelle dépassent ce qui peut être dit. Ils se sentent à l’aise dans l’ineffable, l’indicible » (p.8).
On comprendra ici que ce qui semble faire la faiblesse des enfants (expression rationnelle limitée) fait en réalité leur force spirituelle. Leur capacité spirituelle est certainement plus adaptée que celle des adultes à la révélation d’une réalité transcendante qu’aucun mot humain ne pourra jamais circonscrire. Comme-ci l’indicible était naturellement la demeure des enfants. Et la Révélation la réponse à une attente naturelle chez les plus petits d’entre nous.
Pour accompagner les enfants, il importe donc de créer les conditions d’une expérience religieuse et non pas seulement de délivrer un simple contenu conceptuel dont l’enfant ne pourra pas faire sa nourriture. C’est toute la force de la parabole du Bon Berger, et de la présentation que l’on peut en faire, qui propose à chacun de répondre à l’appel qui lui est fait afin de tisser une relation unique avec Lui.
Maria Montessori a insisté à plusieurs reprises sur la complémentarité réelle entre adulte et enfant pour la croissance du Royaume et de l’Eglise. Les données expérimentales et scientifiques apportent certainement un éclairage important aux paroles de Jésus sur lesquelles nous reviendrons par la suite. Elles tendent à montrer combien les expériences religieuses de l’enfance sont essentielles dans le développement de la spiritualité adulte. Si bien que les paroles rapportées dans l’Evangile pourraient réellement fonder le développement d’une Théologie de l’enfance pour éclairer la filiation divine que Dieu propose à tout homme.

Vers une Théologie de l’Enfance ?
La question peut surprendre. Les paroles de Jésus de Nazareth sur l’enfance suscitent souvent l’incompréhension ou se limitent encore à quelques considérations sur l’humilité qui la caractériserait. Toute la difficulté vient du contraste entre la puissance des propos de Jésus sur l’enfant et l’absence de définition qu’il en donne. Pour réellement approcher le sens de ces paroles il nous invite implicitement à regarder les enfants pour mieux saisir la nature du Royaume auquel il nous convie. Jésus nous présente en effet l’enfant comme une parabole de la vie en son Royaume : « si vous n’êtes pas comme des petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux ». Phrase étonnante qui semble nous ramener à l’essentiel. Jésus invite ses disciples à saisir quelque chose du Royaume à travers ses paraboles aussi simples que saisissantes. Toutes nous renvoient à une réalité de la terre dont la dynamique peut nous aider à comprendre comment se forme le Royaume. Mais, il ne suffit pas de saisir ces rapprochements, il  faut s’en saisir à la manière des petits enfants jusqu’à « devenir» comme eux….
Le contact avec les enfants semblent donc être d’une portée capitale pour mieux situer la filiation divine que le Christ nous propose. L’enfant n’est pas qu’un adulte en devenir. Il possède une « physionomie » psychique spécifique dont la manifestation peut certainement nous aider à mieux comprendre les paroles de Jésus.
L’information que nous a donnée Jésus s’appuie sur cette réalité que l’enfant a un « style » de vie différent de celui des adultes. D’un point de vu spirituel, cela renverse les perspectives. L’adulte peut apprendre de l’enfant. Si l’on veut rester au plus proche du texte évangélique, il faut même voir la présence de l’enfant comme un véritable enseignement spirituel. R. Nye résume cet enseignement de la façon suivante : « la spiritualité dans l’enfance, c’est la manière d’être des enfants avec Dieu et de Dieu avec eux »
Maria Montessori est l’une des premières pédagogues à avoir mis en lumière par ses expériences la spécificité spirituelle de l’enfant. Sans avoir développé de Théologie en tant que telle, ses expériences ont contribué à rendre visible la dynamique de croissance spirituelle des enfants. Pour elle la finalité ultime de son approche pédagogique, c’est le déploiement spirituel inscrit en chaque être humain. Ses travaux de pédagogie religieuse montrent que les enfants sont capables de participer à la grande prière de l’Eglise comme à la lectio divina des textes sacrés. Les développements ultérieurs qui connaissent à l’heure actuelle de magnifiques approfondissements sont une occasion pour les familles de former une véritable Ecclesia Domestica dans laquelle adultes et enfants se nourriront ensemble d’une expérience biblique et liturgique partagée. Si l’on sait y prêter attention, les enfants sont capables d’expressions religieuses dignes des écrits sur la Sagesse ou de la prière psalmique. 

Quelle est l’information que contiennent les paroles de Jésus sur l’Enfance ?
Les paroles de Jésus sur les enfants sont concises et fortes. Elles ne font pas l’objet d’un quelconque développement. Mais elles sont une invitation incontestable à voir l’enfant comme porteur d’une sagesse spirituelle. Y aurait-il chez les enfants un « mode d’être » dont nous aurions perdu le souvenir en devenant adulte ? Qu’avons-nous à ce point oublié de l’enfance qui nous rende impossible l’accès au Royaume de Dieu (« Si vous ne devenez pas comme des petits enfants »…) ?
Reprenons une à une ces paroles fondamentales que nous rapporte l’Evangile comme le fait très justement Jérôme W. Berryman dans le premier tome d’introduction à sa pédagogie religieuse. Elles sont au nombre de huit. Rapprochées les unes des autres, elles forment un véritable enseignement spirituel. 

1ère message : « Celui qui se fera petit »
« Les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : « Qui donc est le plus grand dans le Royaume des cieux ? » Alors Jésus appela un petit enfant ; il le plaça au milieu d’eux, et il déclara : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux. Mais celui qui se fera petit comme cet enfant, c’est celui-là qui est le plus grand dans le Royaume des cieux. Et celui qui accueillera un enfant comme celui-ci en mon nom, c’est moi qu’il accueille. Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car, je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux » (Mathieu, 18, 1-5).
« Ils arrivèrent à Capharnaüm. Lorsqu’il fut dans la maison, Jésus leur demanda : De quoi discutiez-vous en chemin ? Mais ils gardèrent le silence, car en chemin ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand. Alors il s’assit, appela les douze, et leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous les serviteurs de tous. Et il prit un petit enfant, le plaça au milieu d’eux, et l’ayant pris dans ses bras, il leur dit : « Quiconque reçoit en mon nom un de ces petits enfants me reçoit moi-même, et quiconque me reçoit, reçoit non pas moi, mais celui qui m’a envoyé » (Marc, 9, 33-37)
« Or, une pensée leur vint à l’esprit, savoir lequel d’entre eux était le plus grand. Jésus voyant la pensée de leur cœur prit un petit enfant, le plaça près de lui, et leur dit : « Quiconque reçoit en mon nom ce petit enfant me reçoit moi-même ; et quiconque me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé. Car celui qui est le plus petit parmi vous tous, c’est celui-là qui est grand » (Luc, 9, 46-48)
Ces textes font apparaître plusieurs éléments qui peuvent nous permettre de préciser la valeur spirituelle des dispositions psychiques de l’enfance. Jésus intervient ici pour répondre à une interrogation  des disciples. Savoir « qui est le plus grand » ? Autrement dit qui a le plus de pouvoir. Comme à son habitude, Jésus donne une réponse qui ouvre une réflexion. Ici il place un petit enfant au milieu des disciples. Car l’enfant encore jeune cherche à être en relation plutôt qu’à avoir le pouvoir. L’enfant ne recherche pas la place d’honneur mais simplement sa place dans la communauté humaine. L’adulte en revanche cherche souvent à faire de la place autour de lui… Jésus, après son baptême et avant de commencer son ministère, affrontera dans le désert cette tentation du pouvoir (possession des royaumes du monde). Pour vaincre cette tentation, Jésus nous invite à regarder la relation que les enfants ont avec leur entourage et leur environnement. Un deuxième point important concerne l’identification que Jésus fait entre l’accueil d’un enfant et l’accueil que l’on pourrait lui faire. Accueillir un enfant, c’est accueillir Jésus lui-même. A nouveau le propos est autant puissant que simple. Il laisse entendre que la vie au contact des plus petits est une occasion unique et privilégiée de tisser une relation avec lui. Le contact avec eux est une aide pour se préserver d’un certain orgueil de la vie. Enfin, Jésus semble leur reconnaître une faculté spirituelle spécifique lorsqu’il affirme que leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de son Père. Cette parole nous ramène à cette disposition spirituelle toute particulière qui semble caractériser la période de l’enfance. Les recherches mentionnées plus haut font état de réactions des enfants tout à fait étonnantes en matière religieuse.

2ème message : « Laissez-venir à moi les petits enfants… »
« Alors des gens lui amenèrent des petits enfants afin qu’il pose les mains sur eux et prie pour eux. Mais les disciples leur firent des reprochent. Jésus dit : « Laissez les petits enfants, ne les empêchez pas de venir à moi, car le Royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent » (Mathieu 19, 13-15).
« On présentait à Jésus des enfants pour les lui faire toucher ; mais les disciples les écartèrent vivement. Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les enfants venir à moi. Ne les empêchez pas, car le Royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le Royaume de Dieu à la manière d’un petit enfant n’y entrera pas. Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains » (Marc, 10, 13-16).
« On lui amena aussi les petits enfants afin qu’il les touchât. Mais les disciples, voyant cela, reprenaient ceux qui les amenaient. Et Jésus les appela et dit : « Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les empêchez pas car le Royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent. Je vous le dis en vérité, quiconque ne recevra pas le Royaume de Dieu comme un petit enfant n’y entrera point » (Marc, 18, 15-17).
Les disciples s’interposent entre Jésus et les enfants qu’on lui amène. La réaction est vive. L’enfant n’est pas moins intéressant que l’adulte aux yeux de Jésus. Il est même porteur d’une information importante sur le chemin qui mène au Royaume. Le message de Jésus n’a rien de romantique. Il ne souligne pas ce qu’il y a de sympathique et de naïf en eux. Il affirme simplement, encore une fois, que pour accueillir le Royaume il est nécessaire de ressembler aux petits enfants. L’homme créé à l’image de Dieu est invité à leur ressembler. C’est là le tout le programme de la divinisation manifestée de façon particulière lors de la Transfiguration. Cette métanoïa divine, d’après les mots mêmes de Jésus, passe par la ressemblance avec les petits enfants. Pour approcher l’Indicible Présence leurs limites linguistiques et rationnelles sont finalement un avantage. Là où nos raisonnements élaborés nous égarent souvent, leur intuition sans détour atteint la Source de toute chose. Le langage humain est parfois un instrument au service du pouvoir et du paraître. C’est dans le silence du désert que Jésus met un terme aux manipulations diaboliques. La rencontre avec Dieu se situe au-delà de toute formule conceptuelle. La seule connaissance verbale n’est pas suffisante pour instaurer une vraie relation. L’amour est bien au-delà des mots. C’est ce que savent les enfants…d’un savoir certain ! Le lâcher-prise verbal conditionne la rencontre… 

3ème  message : « Ne les scandalisez pas… »
« Mais si quelqu’un scandalise un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui attachât une meule au cou et qu’on le jetât au fonds de la mer » (Mathieu 18, 6).
« Mais si quelqu’un scandalisait un de ces petits qui croient, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui mît au cou une grosse meule de moulin, et qu’on le jetât dans la mer » (Marc, 9, 42).
« Puis il dit à ses disciples : Il est impossible que les scandales n’arrivent pas, mais malheur à celui par qui ils arrivent ! Mieux vaudrait pour lui se voir passer autour du cou une pierre à moudre et être jeté à la mer que de scandaliser un seul de ces petits » (Luc, 17, 1-2).
L’enfant est aux yeux de Jésus porteur d’un message fondamental pour la vie spirituelle de tout être humain. Si les paroles de Jésus sont fortes pour manifester clairement le modèle de vie que représentent les enfants, elles ne le sont pas moins lorsqu’il s’agit d’avertir ceux qui pourraient être tentés de « mettre des obstacles » (traduction grec de scandale) sur leur chemin. Maria Montessori s’est longuement exprimée sur les nombreux obstacles culturels et sociaux qui pendant des siècles ont empêché de porter un regard juste sur l’enfant et de reconnaître l’ensemble de ses besoins psychiques. En posant ces obstacles, il devient impossible de connaître l’enfant. Et si cette rencontre avec l’enfant ne peut se faire, le message dont l’enfant est porteur devient inaccessible…

4ème message : « devenir comme des petits enfants »
« Je vous le dis en vérité, si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux » (Matthieu, 18, 3).
« Je vous le dis en vérité, quiconque ne recevra pas le Royaume de Dieu comme un petit enfant n’y entrera point (Marc, 10, 15)
« Je vous le dis en vérité, quiconque ne recevra pas le Royaume de Dieu comme un petit enfant n’y entrera point  (Luc, 18, 17).
Le message peut surprendre. La vie spirituelle est à ceux qui deviennent comme des petits enfants. Le Royaume des cieux ne peut se réaliser sans ce mode de vie propre aux enfants. Le psychisme des enfants est tourné vers la vie. Ils n’ont de cesse que de vouloir découvrir et s’émerveiller. Ils ont des yeux qui voient et des oreilles qui entendent. Tous leurs sens sont en action pour capter les profondeurs de la vie. Leur passion pour le jeu de « cache-cache »  témoigne inlassablement de leur désir de rencontrer une présence « cachée ». Joie de chercher, joie de trouver, joie d’être cherché et joie d’être retrouvé…L’invitation de Jésus est paradoxale. Elle heurte notre raison d’adulte. Et ce d’autant plus que pour comprendre ce que les enfants peuvent nous enseigner, il nous faut nous-mêmes adopter leur « dispositif » psychique.

5ème message : « Nous avons joué et vous n’avez pas dansé »
« A qui donc comparerai-je les hommes de cette génération, et à qui ressemblent-ils ? Ils ressemblent aux enfants assis dans la place publique, et qui, se parlant les uns aux autres, disent : Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé ; nous nous avons chanté des complaintes et vous n’avez pas pleuré. Car Jean-Baptiste est venu, ne mangeant pas de pain et ne buvant pas de vin, et vous dîtes : Il a un démon. Le Fils de l’Homme est venu, mangeant et buvant, et vous dîtes : C’est un mangeur et un buveur, un ami des publicains et des gens de mauvaise vie. Mais la sagesse a été justifié par tous ses enfants ». (Luc, 7, 31-35).
«  Mais à qui comparerai-je cette génération ? Elle ressemble aux petits enfants assis dans les places publiques, et qui crient à leur compagnons, et disent : Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez point dansé ; nous avons chanté des plaintes devant vous, et vous n’avez point pleuré. Car Jean est venu ne mangeant ni ne buvant, et ils disent : Il a un démon. Le Fils de l’Homme est venu mangeant et buvant, et ils disent : Voilà un mangeur et un buveur, un ami des contrôleurs et des pécheurs. Mais la sagesse a été justifiée par ses enfants ». (Matthieu, 11, 16-19).
Les enfants ont un rapport à la vie fait de simplicité. Ils peuvent nous surprendre par les comportements qu’ils adoptent face aux situations de la vie. L’enfant sait se réjouir. Il sait aussi pleurer. Sa joie vient saluer avec force le retour du parent aimé. Sa compassion sait étreindre l’adulte qui retient ses larmes. L’enfant ne rationalise pas. Il est dans la vie. Pour lui chaque événement est une richesse à accueillir, une occasion de se réjouir, un chemin à parcourir. Contre l’esprit de sérieux qui souvent tient l’adulte dans des rôles prédéfinis, l’enfant nous invite à vivre la vie comme elle se présente : en accueillant joies et tristesses sans jamais s’arrêter de jouer. Dominique Savio à qui l’on demandait : « Que ferais-tu si, tandis que tu es en train de jouer, on venait t’annoncer que la fin du monde arrive ? » fit cette réponse pleine de sagesse : « Je continuerai de jouer »…L’observation du jeu de cache-cache qui semble comme appartenir à la nature des enfants est symptomatique de la recherche d’une présence qui se montre et se dérobe en permanence. De lui-même le petit enfant cache son visage devant l’autre pour vivre la joie ensuite du face à face. Un peu plus grand, il se cache en indiquant le lieu de sa cachette…Ce jeu « anthropologique » manifeste cette tension entre désir et rencontre. L’enfant s’éloigne pour qu’on le retrouve. Il invite l’autre à se cacher pour renouveler la rencontre. Sans cet espoir de la rencontre, le jeu devient souffrance…C’est parce que l’enfant sait qu’il sera retrouvé ou qu’il retrouvera que ce jeu est source d’une inlassable joie. Le Dieu caché (Deus absconditus) de la Bible semble nous donner quelques indications pour le retrouver : « Si vous ne devenez pas comme des petits enfants… ».

6ème message : « Naître de nouveau »
« Jésus lui répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le Royaume de Dieu » (Jean, 3, 3).
« Jésus répondit : En vérité, en vérité je te dis, que si un homme ne naît d’eau et d’esprit, il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’esprit est esprit. Ne t’étonne point de ce que je t’ai dit. Il faut que vous naissiez de nouveau » (Jean, 3, 5-7).
Jésus précise ici les choses. La ressemblance avec l’enfant qui réalise le Royaume de Dieu en nous passe par une nouvelle naissance. Comme toujours, la réalité concrète à laquelle renvoie Jésus dans son enseignement est un point de contact avec le message spirituel qu’il transmet. Les recherches récentes sur la naissance physiologique peuvent donc aussi nous éclairer sur les conditions de la nouvelle naissance spirituelle. La naissance physiologique, à l’image de la crèche de Bethléem, requiert du silence, de l’intimité, une faible lumière et de la confiance. Il s’agit de s’abandonner en lâchant prise. S’ouvrir à la vie exige de renoncer à vouloir tout contrôler. C’est là l’enseignement majeur de la naissance physiologique. Et c’est certainement là une piste pour s’ouvrir aux richesses du Royaume et naître à l’homme nouveau.

7ème message : « une louange parfaite »
« Mais les princes des prêtes et les scribes, voyant les merveilles qu’Il avait faites, et les enfants qui criaient dans le temple et qui disaient : Hosanna Fils de David ! s’indignèrent et ils Lui dirent : Entendez-vous ce qu’ils disent ? Jésus leur dit : Oui. N’avez-vous jamais lui cette parole : De la bouche des enfants, et de ceux qui sont à la mamelle, vous avez tiré une louange parfaite » (Matthieu, 21, 15-16).
La parole de Jésus est forte. Elle concerne la louange parfaite. Elle est prononcée dans le plus haut lieu de prière qui soit : le Temple de Jérusalem. Elle est adressée aux prêtres et aux scribes. Les « spécialistes » de la Liturgie et de l’Ecriture sont invités à entendre la louange des plus petits. Leur intuition spirituelle est plus juste que les raisonnements sophistiqués. Leur prière est « instinctivement » louange et action de grâce. Elle nous invite à redécouvrir la portée eucharistique de la grande prière du Christ. Leur « Théologie » non-conceptuelle est celle de la gratitude.  En cela, ils nous enseignent la « louange parfaite ».
 
8ème message : « la Révélation »
« En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : Je te loue Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que les as révélés aux petits enfants. Oui, Père, je te loue de ce que tu l’as voulu ainsi » (Matthieu 11, 25-26).
« En ce moment même, Jésus tressaillit de joie par le Saint-Esprit et il dit : Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents et de ce que tu les as révélées aux enfants. Oui, Père, je te loue de ce que tu l’as voulu ainsi » (Luc, 10, 21).
A nouveau dans ce passage, Jésus prend à rebours la sagesse des «intelligents » et rend grâce de ce que les plus petits bénéficient d’une révélation toute particulière. Les enfants semblent profiter d’une connaissance spirituelle supérieure à l’érudition spirituelle des spécialistes. Ils ont certainement un rapport plus simple au mystère de leur origine dont ils rendent grâce spontanément sans se perdre dans des dédales argumentaires.

Cette petite traversée évangélique nous permet de prendre conscience du regard que porte Jésus sur les enfants et de leur rôle dans l’avènement du Royaume. Les enfants, de part leur intuition spirituelle, sont porteurs d’un message anthropologique. Nos paramétrages adultes peuvent cependant nous empêcher d’en prendre conscience alors même que ce message est fondamental pour toute croissance spirituelle.

L’ensemble des textes étudiés ainsi que l’observation des enfants peuvent nous ouvrir quelques  pistes de réflexion. Tout d’abord l’enfant nous indique clairement que la religion est affaire de rencontre joyeuse et non de système de pensée. Bien entendu la réflexion théologique peut nourrir la prière. Mais sans cette disposition propre à l’enfance où se mêlent intuition profonde et désir de la rencontre, la pensée adulte coure le risque de tourner sur elle-même. Ensuite, l’observateur ne peut que constater que l’absence de pensée conceptuelle n’est pas une limite à la vie spirituelle. Bien au contraire, l’enfant en nous montrant une vitalité affective et spirituelle intense nous rappelle que le lâcher prise par rapport à l’usage de la raison est nécessaire au développement d’une vie de prière. Enfin, la joie de l’enfant est « eucharistique ». La « louange parfaite » dont parle Jésus est à rapprocher de sa prière eucharistique par laquelle toute l'histoire de la Création est assumée dans un acte d'Amour total.        

lundi 5 septembre 2011

L’ADN liturgique de la Bible

La Liturgie s’origine dans l’expérience ecclésiale que la communauté des croyants fait de la Révélation. Elle puise naturellement aux sources de la Bible pour irradier son noyau eucharistique et sacramentel. Toutes les formes liturgiques de l’Eglise empruntent leur schéma aux grandes prières d’Israël qui furent le pain quotidien des premiers chrétiens. Le contenu et le style biblique des prières de l’Eglise ne peuvent échapper, encore aujourd’hui, au croyant qui s’y réfère pour insuffler sa prière personnelle.
En revanche, devant l’ampleur de la Bibliothèque hébraïque et la variété de ses styles littéraires, le lecteur peut manquer de voir sa profonde portée liturgique. Pourtant, du Livre de la Genèse qui raconte la Création à la façon d’un poème liturgique au livre de l’Apocalypse qui clôt la Révélation dans une incandescence liturgique, les références à l’homo liturgicus traversent l’ensemble de l’Ecriture. A y regarder de près, les écrits sacrés sont si profondément informés par la vie liturgique qu’ils ne se saisissent bien qu’à travers elle dans leur unité comme dans leur finalité. Le signe abouti de l’Alliance est toujours liturgique. Ainsi, la liturgie est bien le sacrement du Royaume.

LE JARDIN D'EDEN TEMPLE DE LA RENCONTRE 
De nombreux textes de l'Ancien Testament, au delà de leur genre littéraire, possèdent une dynamique liturgique qui éclaire leur structure interne. Le texte de la Genèse, repris d'ailleurs dans la Liturgie du Samedi Saint, n'échappe pas à cette règle fondamentale qui atteste le modèle liturgique des écrivains sacrés.
Les similitudes entre le modèle de l'Arche que Dieu révèle à Moïse et le récit de la création permettent de lire la Genèse comme un texte liturgique et les passages de l'Exode (chap. 25 à 40) comme une nouvelle création. C'est d'ailleurs ce que fera Ezechiel dans une synthèse extraordinaire des traditions prophétiques et sacerdotales. Le travail créateur que Dieu propose au Peuple à travers Moïse (la construction de l'Arche) appelle le repos du sabbat comme écho parfait à l’œuvre achevé de YHWH (Ex, 35).

Le deuxième chapitre de la Genèse décrit d'ailleurs le jardin d'Eden en utilisant certains éléments que l'on retrouve dans le temple (pierres précieuses, or, etc). Un autre élément important vient confirmer cette assimilation du jardin d'Eden au Temple. Il s'agit du verbe hébreu utilisé pour traduire la présence de Dieu qui se "promenait dans le jardin". Ce verbe est utilisé ailleurs dans la Bible pour exprimer la présence de Dieu dans le tabernacle au milieu de son Peuple (Lev, 26, 12; Deut, 23, 15; 2 Sam. 7, 6-7).

Ezechiel, dans son oracle à l'encontre du roi de Tyr, rappelle la dignité royale du premier Adam en Eden vértitable jardin de Dieu (Ez, 28, 11-19). La faute du roi, à l'image d'Adam, est d'avoir voulu s'auto-saisir de la divinité. Cette faute est décrite comme une profanatation : "par la multitude de tes fautes, par la malhonnêteté de ton commerce, tu as profané tes sanctuaires (Ez, 28,18). Ces textes montrent à quelle point l'identité de l'homme, image de Dieu, est à la fois royale et sacerdotale. La gloire de Dieu se manifeste dans l'homme qui lui ressemble; la faute de l'homme s'énonce comme une désacralisation. La désobéissance ontologique d'Adam peut ainsi se comprendre comme une faute dans l'ordre de l'adoration. En voulant "dérober" le divin, l'homme s'exile de la présence de Dieu. Une lecture liturgique de la Bible peut ainsi nous aider à mieux saisir le drame anthropologique de la sécularisation. L' homo liturgicus, qui à travers l'adoration manifeste sa relation à Dieu, au cosmos et à lui-même, découvre l'au-delà des phénomènes et communie à la Source de toutes choses. En renonçant à sa vocation eucharistique, l'homme perd cette possibilité de connaissance et de communion. Le spirituel devient une option relaxante. La prière ne révèle plus alors le sens ultime de la création. Le monde n'a plus alors de levain.

EXODE ET PEUPLE SACERDOTAL
Un autre livre majeur de la Bibliothèque hébraïque vient confirmer la nature profondément liturgique des textes qui la composent. Dans la lutte qui l'oppose à Pharaon, Moïse reçoit ses instructions de YHWH. Le peuple hébreu doit quitter l'Egypte pour se libérer de l'esclavage qu'on lui impose et rendre un culte au vrai Dieu. Là  encore, l'Exode ne peut être saisi réellement sans sa dynamique liturgique. En le libérant du joug égyptien, YHWH veut faire de son peuple un peuple liturgique.Toutes les ordonnances qui viendront par la suite auront pour visée de rendre ce peuple apte à cette rencontre avec YHWH. L'alliance sur le Sinaï sera ratifiée par des actions liturgiques (serment de fidélité, sacrifices, lecture du livre de la Loi, etc). Une grande partie des ordonnances divines aura pour objet la réalisation du tabernacle, des vêtements sacerdotaux, les rubriques sacrificielles, etc). L'Exode est un texte intrinsèquement liturgique. Son ouverture est le rituel de la Pâques comme mémorial de la sortie d'Egypte; sa conclusion est la construction de la Tente du Rendez-vous.  Avant de recevoir les plans de construction, YHWW couvre le mont Sinaï de sa Gloire pendant six jour. Le septième jour, YHWH appelle Moïse au milieu de la nuée pour lui communiquer le modèle de construction. Les instructions sont délivrées au fil de sept chapitres qui rappellent la structure septénaire du récit de la Genèse. Moïse reçoit sur le mont Sinaï les plans de la nouvelle création. YHWH convie son Peuple à cette nouvelle réalisation. Il renouvelle son alliance dans un désir de communion avec sa création.

L'ARCHE, PRÉSENCE DE L'INVISIBLE
La Gloire de YHWH s'est manifestée dans un feu dévorant aux enfants d'Israël (EX, 24, 15-18). Dieu a voulu se manifester d'une façon toute particulière à Israël. Sa Présence a formé ce Peuple. Sa présence est appelée à le conserver. Dieu marchera avec son Peuple. "YHWH allait devant eux pour les guider dans leur chemin, le jour dans une colonne de nuée, la nuit dans une colonne de feu qui les éclairait, de sorte qu'ils pourraient marcher de jour et de nuit. La colonne de nuée ne se retira point de devant le peuple pendant le jour, ni la colonne de feu pendant la nuit" (Ex, 13, 21-22).

Cette présence se manifestera finalement dans un lieu particulier: " Alors la nuée couvrit la Tente du rendez-vous, et la Gloire de YHWH remplit la Demeure. Et Moïse ne pouvait plus entrer dans la Tente du rendez-vous, parce que la nuée était dessus et que la gloire de YHWH remplissait la Demeure. Tant que durèrent leurs marches, les enfants d'Israël partaient lorsque la nuée s'élevait de dessus la Demeure; et si la nuée ne s'élevait pas, ils ne partaient pas, jusqu'au jour où elle s'élevait. Car la nuée de YHWH reposait pendant le jour sur la Demeure, et, pendant la nuit, il y avait du feu dans la nuée, aux yeux de toute la maison d'Israël, tant que durèrent leurs marches ( Ex, 40, 34-38).

Dans son ouvrage "La Bible et l'Evangile" Louis Bouyer montre comment cette Présence de YHWH se manifeste dans un lieu de plus en plus précis. "Dorénanvant, l'Arche apparaîtra comme le lieux précis de la Présence de YHWH. Plus exactement, c'est l'espace vide compris entre les Chérubins qui la dominent où YHWH  sera censé se tenir (Lev, 16, 2). (...) L'Arche est sacrée parce qu'elle est le lieu de la présence de YHWH. Mais sur son couvercle, sur le propitiatoire qu'on le situe. Aucun document, et ceux qui paraissent les documents de la tradition la plus primitive notamment, n'exprime ni ne trahit une autre conception. La meilleure manière de comprendre le symbolisme de l'Arche, ce n'est donc pas de s'arrêter à son aspect de coffre, mais d'y voir un trône, et un trône expressément vide. (...). Le sens de l'Arche au bout du compte c'est sans doute que le Peuple d'Israël est dominé par une Présence invisible". 


Le Livre des Chroniques montre à quel point le royaume de David est marqué par l'anthropologie liturgique qui informe l'ensemble de la Bibliothèque Hébraïque. Avant de mourir, David manifeste son Amour pour YHWH par une offrande liturgique destinée "à la Maison de mon Dieu". Cette offrande est suivie d'une prière d'action de grâce (eucharistique) à la façon des plus grandes prières d'Israël. Cette prière est comme un ultime écho à cette autre prière majeure du Roi liturge que l'on présente d'ailleurs comme le paradigme des prières d'Israël. Dieu y est loué et remercié pour les grandes œuvres de sa création et pour ses interventions salutaires. Cette hymne récapitule toute la théologie de l'adoration que nous trouvons par ailleurs dans les Psaumes. ( 1, Chr. 16, 7-36).

LE MONDE NOUVEAU
Le Nouveau Testament se situe totalement dans cette continuité anthropologique et liturgique. Les grands thèmes de l'ancienne alliance reçoivent ici leur achèvement définitif. La Création, l'Exode, la Pâques, le Temple et le Royaume trouvent dans la personne du Christ leur accomplissement. La première lettre aux Corinthiens manifeste le monde nouveau issu de la résurrection. En Jésus se développe une humanité nouvelle. L'homme psychique laisse place à l'homme spirituel (1 Cor, 15, 45-49). La montée du Christ vers Jérusalem annoncée après la Transfiguration est décrite comme un Exode (Luc, 9, 31). La mort sur la croix est comprise comme étant le véritable sacrifice pascal (Jean, 1, 29-33; 19, 14; 1 Cor. 5, 7). L'Eglise est le nouvel Israël, le Peuple nouveau constitué de pierres vivantes pour l'édification d'un temple spirituel (1 Pierre, 2, 9-10). Le nouvel Exode du Christ ouvre le chemin pour l'établissement d'un royaume de prêtres comme le prévoyait les ordonnances délivrés lors du premier Exode. L’œuvre rédemptrice consacrent des croyants pour participer à la vie d'un royaume inébranlable dont le mode de vie est liturgique (Heb, 12, 28).
L'Evangile selon saint Jean se déploie au rythme des fêtes liturgiques juives. L'intention de l'auteur est bien évidemment de montrer que le Christ est la réalisation ultime de ces pèlerinages liturgiques. Plus encore, l'organisation de son récit fait apparaître une dynamique d'enseignement de nature mystagogique. Tout le ministère de Jésus s'articule autour de "signes" qui sont une invitation à comprendre la nature du royaume céleste à partir des éléments du cosmos. Les auditeurs de Jésus butteront en permanence sur ces "signes" voulant en permanence les réduire à leur élément simplement terrestre. Le paroxysme de cette incompréhension aura lieu lors du discours du Pain de vie quelques temps avant la Pâques. Lorsqu'après avoir rassasié la foule, Jésus se déclarera "le pain de Dieu", le scandale sera à son comble (Jean, 6, 41).

Pour permettre à ses lecteurs de comprendre l'enseignement par les "signes" de Jésus, saint Jean les relie systématiquement aux fêtes liturgiques qui permettent d'en saisir la portée ultime. Un très bel exemple se retrouve au chapitre 9 qui représente une véritable catéchèse baptismale de type mystagogique (initiations aux mystères à partir des signes liturgiques). Il s'agit de la guérison d'un aveugle-né qui se situe dans le temps qui précède la Fête des Tentes. Cette fête se caractérise par une double cérémonie de l'eau (puisée dans la piscine de Siloé pour être versé à la base de l'autel dans le Temple) et de la lumière (grâce à d'énormes menorahs allumés dans la cour du Temple). La guérison se situe après que Jésus ait déclaré être la lumière du monde. Jésus invite ensuite l'aveugle à se rendre à la piscine de Siloé. L'aveugle en revint en voyant clair. Pour les premiers chrétiens, l'intention de saint Jean ne fait pas de doute. Les eaux du baptême offrent au nouveau fidèle une profonde illumination: celle de la Lumière du monde.

Cette théologie du signe liturgique omniprésente en saint Jean est sans aucun doute la source majeure de toute la théologie liturgique et mystagogique des premiers siècles. Elle est ainsi la matrice des grandes liturgies traditionnelles pour qui les signes (symboles) liturgiques sont rien moins que la réalité dans sa plénitude: celle que confère la vie du Christ. L'eau ne perd pas sa fonction naturelle vitale dans le baptême; elle trouve dans ce sacrement sa finalité ultime qui est de procurer la vie du royaume. Le "pain de vie" ne perd pas sa fonction nutritive dans le sacrement de l'eucharistie; mais il trouve son achèvement suprême dans le Christ eucharistié dont l'Amour devient notre pain. La lumière du soleil, ne perd pas sa fonction naturelle dans l'expression cosmique de la sainte Liturgie; mais la lumière du soleil trouve son achèvement suprême dans le Christ qui illumine tout homme, l'Eglise et le cosmos. Dans le Christ, le cosmos retrouve sa vocation: il est à nouveau le symbole réel de la Gloire de Dieu. La liturgie sacramentelle est ainsi l'épiphanie de la continuité restaurée entre Dieu et sa Création.

Le Nouveau Testament se clôt avec l'Apocalypse de saint Jean, texte éminemment liturgique, que l'auteur reçoit "le Jour du Seigneur" (Apo, 1, 10). Ce que dévoile ce livre, dont les images s'inspirent des plus grandes fulgurances de l'Ancien Testament, c'est la consommation liturgique et cosmique de l'histoire humaine dans le Christ. Les visions de saint Jean décrivent le Royaume eucharistique dans lequel hommes, femmes et anges se nourrissent de l'adoration du vrai Dieu. Le texte se déploie dans un style liturgique où s'entremêlent des hymnes, des exhortations, des antiennes pour alimenter la vie de la Jérusalem nouvelle. Sous ce ciel nouveau, sur cette terre nouvelle, le monde se révèle comme un nouveau Temple cosmique où le Peuple des consacrés, en suivant le Christ dans son Exode, devient une famille royale et sacerdotale issue de l'Alliance de Paix et d'Amour. 

La liturgie, telle que nous la présente l'ensemble de l'écriture, n'est autre que l'apprentissage et la participation à la Vie dans le Christ ressuscité.

mardi 9 août 2011

Le monde religieux des jeunes enfants d'après Sofia Cavalletti

Sofia Cavelletti, après avoir reconnu le potentiel religieux des plus jeunes enfants, a poursuivi son travail d'observation pour identifier plus encore leurs caractéristiques et ainsi mieux répondre à leurs besoins vitaux.

" Lorsque nous sommes avec des enfants âgés de  3 à 6 ans, nous sommes vraiment avec des personnes d'un monde différent du nôtre. Leur façon de vivre leur relation avec Dieu est fort différente de la nôtre. Arrêtons-nous instant et entrons quelques instants dans leur monde pour en capter quelques aspects. 
L'une des caractéristiques de la vie religieuse des tout jeunes enfants concernent la joie dont ils sont capables quand ils sont accompagnés pour se rapprocher de Dieu. Beaucoup de choses rendent les enfants joyeux, mais il existe différentes qualités de joie.Il existe une forme de joie qui laissent les enfants nerveux, tendus et fatigués.La joie qu'ils ressentent quand ils se rapprochent de Dieu les rend paisibles et relaxés comme si quelque chose de très profond avait frappé leur cœur et qu'il continuait de l'écouter au plus profond d'eux-mêmes.

Il y a toujours une réponse avec ce type de joie lorsque les enfants entendent la parabole du Bon Berger. Ils donnent l'impression d'être très à l'aise avec le Bon Berger. La spontanéité de leurs expressions religieuses provient du plus profond de leur cœur comme si elles leur étaient tout à fait naturelles.
L'expérience religieuse est si profonde et la sérénité qu'elle procure si grande qu'elle répond significativement aux besoins vitaux de l'enfant. Quand nous aidons un enfant à rencontrer Dieu, nous répondons à une requête tacite de leur part:" Aide-moi à me rapprocher de Dieu. Aide-moi à être pleinement qui je suis".

LA FAIM DE L'ENFANT
Pourquoi commencer l'éducation religieuse si tôt? " Ma réponse à ces questions est basée que l'enfant est déjà une personne et pas seulement le futur adolescent ou adulte. L'enfant est une personne avec des capacités et des besoins qui demandent à être nourris dès maintenant. Les premières années de la vie sont la période la plus créative. Bon nombre de psychologues disent que 80% de nos capacités sont formés à l'âge de 3 ans. D'un point de vue spirituel, cette période créative est tout aussi importante pour leur croissance.
Les jeunes enfants n'ont pas seulement des capacités religieuses, mais aussi une véritable faim religieuse. Cette faim n'est pas toujours facile à satisfaire, car les petits enfants vivent leur relation à Dieu d'une façon très différente de la nôtre. Mais ce fait est aussi la source de dons merveilleux qui nous sont offerts quand nous essayons de nourrir leur faim de Dieu. Après tout, Dieu n'est pas seulement le Dieu des adultes, et si Jésus nous demande d'être comme des petits enfants pour entrer dans le Royaume de Dieu, c'est certainement parce que les plus petits ont quelque chose à nous enseigner.

LE CHEMIN DE L'ENFANT
Voici quelques exemples concrets pour vous montrer ce que j'entends par "capacités religieuses de l'enfant avant de détailler les plus spécifiques.
Un jour, un groupe visitait notre centre catéchétique. Ils remarquèrent une petite fille de 5 ans qui était en train de mélanger de la farine avec de la levure puis sans levure pour voir la différence (cette activité est liée à la parabole du levain). Je lui demandais ensuite si elle voulait bien expliquer aux visiteurs ce qu'elle était en train de faire, car c'était plutôt inhabituel de voir une petite fille fabriquer du pain. Elle répondit à ma question: " Je suis en train de regarder comment grandit le Royaume de Dieu" comme si elle voyait réellement grandir le Royaume de Dieu sous ses yeux.
Une autre fois je présentais le sacrement du baptême à un groupe d'enfants de 4 à 6 ans. Je voulais les aider à comprendre la signification du geste de l'imposition des mains et le geste de l'invocation au Saint-Esprit. Je pensais que cela leur serait trop difficile mais je souhaitais essayer. J'enlevais donc un anneau que j'avais au doigt, le mettais dans ma main, puis je l'étendais et je laissais finalement l'anneau tomber de ma main dans la main d'un enfant. Après je répétais ce geste une fois encore en disant: "Quand je veux vous faire un cadeau, je dois ouvrir la main, sinon le cadeau ne passe pas de moi à vous. Puis je répétais le geste une fois encore sans l'anneau en disant: " quand le prêtre fait ce geste pendant le baptême, nous ne voyons rien tomber de sa main, savez-vous pourquoi? La plupart répondirent comme s'il s'agissait d'une question évidente: "Parce qu'il nous donne le Saint-Esprit". C'était si clair et si simple pour eux.

LA CAPACITÉ DE VIVRE LA JOIE
Les jeunes enfants ont une capacité naturelle à se réjouir d'une manière très profonde de la relation qu'ils ont avec Dieu. Ils sont capables de se réjouir de la présence de Dieu; ils sont capables de se donner totalement à l'Amour de Dieu. C'est seulement avant l'âge de 6 ans que les enfants sont capables de vivre complètement cette joie. Il est important de le réaliser. Si nous pouvons nous réjouir de la présence de Dieu dans nos vies, alors notre foi est établie sur de solides fondations. Peut-être que c'est seulement lorsque nous nous réjouissons de l'amour de Dieu, que nous nous réjouissons de sa présence dans nos vies, que nous avons une foi vitale, comme Abraham, quelque chose de profondément enraciné dans nos vies. Si nous ne sommes pas capables de nous réjouir de la présence de Dieu, alors la vie religieuse devient un effort; s'il n'y a que cela, cela veut dire qu'il manque quelque chose dans notre vie spirituelle.
La naissance de la personne vient avec la joie que procure l'Amour de Dieu. Si les enfants sont accompagnés pour se réjouir de Dieu, ils ont vraiment une fondation solide pour leur vie religieuse.
  
LA CAPACITÉ DE PRIÈRE
Les enfants ont une énorme capacité de prière sur laquelle nous reviendrons par la suite. Il suffit de souligner ici sa beauté. C'est principalement une prière de louange et d'action de grâce. En les accompagnant dans cette direction, nous pouvons leur permettre d'exprimer par cette forme de prière leur intense vie intérieure.

LA CAPACITÉ D'AMOUR 
Avant l'âge de 6 ans, l'enfant est immergé dans la vie, ce qui inclue la relation avec Dieu. Après 6 ans ce n'est plus la même chose, ils ne sentent plus aussi libre qu'auparavant.
Nous savons combien la psychologie moderne souligne l'importance de l'amour dans tous les aspects de la vie humaine. L'amour est d'une manière semblable le fondement de la vie religieuse. Les jeunes enfants tombent vraiment amoureux de Dieu. Cela vient de la profondeur de leur âme. Bien sur, cela peut arriver à chacun d'entre nous à tout moment de notre vie. Mais avant l'âge de 6 ans, l'enfant tombe amoureux d'une façon quasi naturelle. Si nous commençons la catéchèse avant l'âge de 6 ans, nous permettons à l'enfant de développer une vie spirituelle établie sur la relation d'amour qu'il a avec Dieu.

UNE RADICALE SIMPLICITÉ 
Les jeunes enfants, vont à la racine des choses, notamment pour répondre à leurs besoins spirituels. Ils ne se satisfont que de l'essentiel, de ce qui fait le cœur des choses. Ils sont libres du superflue que nous accumulons souvent dans nos vies.
Les enfants peuvent nous aider à nous libérer de toutes ces complications intérieures pour rejoindre le niveau de simplicité qu'ils attendent de nous. Sur ce point, les enfants sont nos guides. Quand nous sommes fidèles à l'essentiel et que nous échappons aux choses de seconde importance, les enfants nous suivent avec joie et enthousiasme.
Les enfants nous aident à devenir simples et essentiels. Vivre l'expérience religieuse avec de jeunes enfants peut nous être d'un grand profit.

LE BESOIN DE RELATION
 Le besoin le plus profond de l'enfant est la relation. Nous savons que nous grandissons et nous sommes formés à travers les relations. Mais nous savons aussi qu'il existe différents degrés par lesquels les relations contribuent à notre développement personnel et à une intégration harmonieuse. Je pense qu'il est possible de dire que Dieu est le Partenaire nécessaire qui répond le plus pleinement au besoin de développement de l'enfant. La constante manifestation de joie que les enfants montrent dans leur relation à Dieu m'incline à penser que l'image de Dieu, qui se trouve en chacun d'entre nous comme nous le rapporte la Genèse, est reflétée avec une transparence spécifique chez eux.
Il y a un rapport spécial entre les petits enfants et Dieu. Pourquoi leur relation avec Dieu est-elle si spontanée et si joyeuse? Parce que dans leur relation avec Dieu, les enfants trouvent ce qu'il y a de plus précieux pour eux: la capacité d'amour.
La relation avec Dieu est principalement une expérience d'amour, d'amour sans limite. Dans cette relation, il y a une rencontre entre Dieu qui est Amour et l'enfant qui est si riche d'amour. Différents dans leur capacité mais semblables quant à la qualité, ils se rencontrent réellement l'un et l'autre. Dans cette relation, l'enfant trouve un partenaire sans limite qui répond à ses besoins les plus profonds. L'enfant se trouve alors en harmonie avec le cosmos.

UNE NOURRITURE POUR LA FAIM DE L'ENFANT
Voilà quelques uns des thèmes bibliques qui donnent à l'enfant la nourriture dont il a besoin. Il est important de préciser que nous avons choisi ces thèmes car ils répondent d'une façon particulière aux besoins de l'enfant. En les observant, les enfants nous ont mené au cœur du message chrétien, les thèmes fondamentaux qui expriment la véritable essence du Réel. 
Ce que nous offrons aux jeunes enfants peut être synthétisé en deux points:
  •   Il y a Quelqu'un qui nous connaît et "qui nous appelle par notre nom" (Le Bon Berger)
  • Il nous donne la vie et nous illumine (Lumière du Christ)
 Nous nous centrons alors sur le mystère de la Vie et de son origine:
  • Les paraboles du Royaume de Dieu
  • Les paraboles de la graine de moutarde et de la perle qui nous aide à méditer sur ce pouvoir qui est en nous mais qui ne vient pas de nous, et sur la force de la Vie dans laquelle nous sommes immergés, qui grandit du moins vers le plus.
Ce sont les points pivots autour desquels tournent toute la proclamation du message chrétien que nous annonçons aux enfants. Cela satisfait leur faim; ils les reçoivent avec joie et sérénité tout en nourrissant leur méditation. L'expérience montre que la proclamation du message chrétien nous donne les moyens d'introduire les petits enfants aux plus profonds niveaux de la Réalité". 

lundi 8 août 2011

L'esprit de la catéchèse du Bon Berger d'après Sofia Cavalletti

Sofia Cavalletti résume en quelques points les lignes fortes d'une pédagogie religieuse autant originale que traditionnelle. Basée principalement sur la Liturgie et la Bible, cette approche laisse aux enfants la Joie de la découverte du Royaume de Dieu. L'adulte, là encore, s'efface devant la puissance du Message révélé...

Source: "The Religious Potential of the Child 6 to 12 years old" from Sofia Cavalletti (Appendix I, The Spirit of the Catechesis: 32 points of Reflection), les points sont en partie résumés et tous n'y figurent pas

1) L'enfant, particulièrement sa vie spirituelle est le centre d'intérêt et l'engagement de la catéchèse du Bon Berger:
  • Le catéchiste observe et étudie les besoins vitaux de l'enfant selon les stades de son développement
  • Le catéchiste vit avec l'enfant une expérience religieuse partagée selon l'enseignement de l’Évangile: "Si vous ne devenez pas comme des petits enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume de Dieu" (Matthieu, 18,3)
  • Le catéchiste offre les conditions nécessaires pour permettre l'expérience de cette vie spirituelle 
 2) Avec ce but en tête, le catéchiste embrasse l'anthropologie de Maria Montessori et notamment l'attitude de l'adulte à l'égard de l'enfant. Il prépare un environnement appelé Atrium pour aider au développement de la vie spirituelle. 

3) L'atrium est une communauté dans laquelle enfants et adultes vivent ensemble une expérience religieuse qui facilite leur participation à une plus large communauté (familiale, ecclésiale). 
  • L'atrium est un lieu de prière dans lequel le travail et l'étude deviennent spontanément méditation, contemplation et prière.
  • L'atrium est un lieu dans lequel le seul Enseignant est le Christ. Les enfants et les adultes se placent eux-mêmes dans une position d'écoute de sa Parole et cherchent à pénétrer les mystères de la Divine Liturgie
4) La transmission du message chrétien se fait selon les principes suivant:

  • Le catéchiste n'est pas un professeur se souvenant que le seul Enseigneur est le Christ Lui-même.
  • Le catéchiste renonce à toute forme de contrôle (comme des tests, examens, etc) dans un esprit de pauvreté participant à une expérience dont les fruits ne lui appartiennent pas

5) Les thèmes présentés dans l'atrium sont ceux pour lesquels les enfants ont répondu avec le plus de profondeur et de joie. Ces thèmes sont issus de la Bible et de la Divine Liturgie (prières et sacrements) comme source fondamentale de toute vie chrétienne particulièrement appropriée pour  illuminer et nourrir les besoins religieux les plus vitaux de l'enfant.

6) La Parole de Dieu est proclamée de la manière la plus objective et la plus simple possible de sorte que les mots de l'adulte n'empêchent pas la communication entre Dieu qui parle et l'enfant qui écoute. Le seul but des mots de l'adulte est de discrètement servir l'écoute de la Parole de Dieu en accord avec le message même de Jésus: "Mon enseignement n'est pas de moi mais de celui qui m'a envoyé"

8) L'atrium hebdomadaire devrait durer au moins deux heures pendant lesquelles seulement une petite part est dédiée à la présentation et la majeure partie du temps réservée au travail de l'enfant.

9) En harmonie avec l'Eglise universelle, la vie de l'atrium suit l'année liturgique. Par conséquent les temps majeurs sont ceux de Noël, Pâques et la Pentecôte.

10) A l'annonce annuelle des premières communion; l'enfant  répond de lui-même au désir du Sacrement avec l'aide et le discernement de la famille, du catéchiste et du prêtre.

11) La première communion est précédée d'une période de préparation consistant en une retraite spécifique en dehors de l'atrium

12) La retraite de première communion dure 4 jours (du matin au soir). Elle inclut la messe quotidienne, des opportunités de travail au calme mais sans nouvelle présentation, et elle dure jusqu'au dimanche pour que les enfants ne soient distrait de ce qu'ils vivent.

13) Un matériel est mis à disposition des enfants. Le travail personnel avec le matériel favorise leur méditation et l'absorption des thèmes proposés.

14) Le matériel doit être attractif et sobre et doit correspondre précisément aux thèmes présentés. Il doit être simple, essentiel et pauvre pour permettre aux richesses contenu dans le thème de se manifester.

15) les catéchistes travaillent ensemble dans un esprit d'unité et d'harmonie en accord avec le plan de Dieu pour la communion dans l'histoire du du salut en lien étroit avec les paraboles du Bon Berger et de la Vraie Vigne. Ils offrent généralement leur talent et leur expérience pour le bien de tous.

16) L'attitude de l'adulte doit être marquée par l'humilité devant les capacités de l'enfant, en établissant un rapport juste avec lui, c'est à dire en respectant sa personnalité.

17) Les raisons pour lesquels le catéchiste doit faire le matériel par lui-même sont les suivantes:
  • absorber le contenu plus profondément
  • combattre un consumérisme excessif
  • s'adapter au rythme de l'enfant ainsi qu'au travail de l'Esprit-Saint
  • essayer d'unifier la main le cœur et l'esprit

18) La catéchèse du Bon Berger cherche aussi à aider les adultes à reconnaître les richesses cachées de l'enfant, particulièrement celles correspondant à sa santé spirituelle, de sorte qu'ils puissent apprendre d'eux et les servir au mieux.

19) La catéchèse du Bon Berger honore tout spécialement les vertus de l'enfance et cherche à favoriser le développement de la conscience orientée à la construction de l'histoire du salut dans un esprit de paix et de justice.

20) La catéchèse du Bon Berger possède un caractère expérimental. Il est ouvert à des approfondissements liés au Mystère infini de Dieu et à son alliance cosmique avec l'ensemble des créatures (La création aspire de toutes ses forces à voir la révélation des fils de Dieu » Rom. 8 : 19)

dimanche 7 août 2011

L'éducation religeuse d'un enfant entre 0 et 3 ans

"L'éducation religieuse doit être fondée sur la psychologie de l'enfant."

Maria Montessori a fait œuvre scientifique en matière de religion; elle a donné à l'éducation religieuse des  fondements qui correspondent aux aspirations psychiques de l'enfant.  Comme pour toute autre aptitude fondamentale, Maria Montessori a observé que le développement spirituel de l'enfant répond aussi à des périodes sensibles. 
La première période sensible religieuse de l'enfant se situe entre 0 et 3 ans. Elle va de paire avec la période de l'esprit absorbant où l'enfant s'imprègne de façon phénoménale de son environnement. Elle est donc tout simplement essentielle. Sa méconnaissance pourrait permettre de comprendre pourquoi chez beaucoup d'adultes la religion se trouve réduite à une pure affaire de morale...quand elle n'est pas reléguée au "grenier" pour le peu de "valeur ajoutée" qu'elle semble apporter...
Dans ses conférences, Maria Montessori a développé les grandes lignes de l'éducation religieuse. Il ne sera pas ici question de matériel. Nous reviendrons sur cette question au fil du développement des enfants.

RELIGION ET ESPRIT ABSORBANT
Nous savons tous qu'un environnement bien préparé est un des points les plus importants de cette pédagogie. Pour l'instruction religieuse, il en est de même. L'environnement n'est pas ici réductible au matériel. C'est avant toute chose les lieux où se situe l'action religieuse elle-même.
Nous montrons à nos enfants de belles images ou de beaux tableaux afin de les sensibiliser au beau. Nous faisons écouter à nos enfants différents styles de musique pour qu'ils en aient plus tard le goût. Pour éduquer le sens religieux, nous devrions faire de même A une différence près précise Maria Montessori: en faisant attention à ce que la religion ne soit jamais  une simple "matière" parmi d'autres.
Elle précise ainsi : "Les écoles qui incluent la matière religieuse, traitent la religion comme une matière entre autres. Cela est une conception fausse. Je parle contre cette erreur, car la religion est plus que cela, elle est quelque chose de beaucoup plus grande et elle est totalement différente. Elle n'est pas une matière!" (cf son discours sur l'éducation religieuse à Londres en 1946)
"Il faut réfléchir à ce que la religion est un sentiment universel qui existe dans chaque être humain maintenant et depuis toujours. Ce n'est pas quelque chose qu'on doit amener à l'enfant.(...) La religion est quelque chose qui est à l'intérieur de chaque âme. (...)
Si la religion nous manque, il nous manque quelque chose de fondamental pour le développement de l'être humain. "

Alors comment faire pour que l'enfant puisse "spontanément" développer son axe spirituel? La question se pose d'autant plus aujourd'hui que la religion relève le plus souvent de la sphère privée. L'enfant est donc de plus en plus rarement au contact des grandes manifestations religieuses. Et pourtant son aspiration est là...Elle attend cette rencontre avec le sacré...
"C'est un sentiment qui est là et qui se développe. C'est quelque chose de vivant qui doit se développer par l'influence de l'environnement. Nous devons aménager un bon environnement, cela est fondamental."

Déjà, dans l'environnement proche, donc à la maison, l'enfant doit pouvoir côtoyer des images "saintes", des statues, un lieu de prière, des objets religieux. Quand l'enfant voit ces objets autour de lui, ils doivent avoir une importance, une beauté particulière qui attire le regard de l'enfant. C'est l'activité caractéristique propre à l'esprit absorbant qui lui permet de développer très tôt une véritable dynamique spirituelle.
"Si nous réfléchissons, nous pouvons reconnaître que l'éducation religieuse est particulièrement importante à l'âge où l'enfant absorbe tout de son environnement. Cette façon d'absorber est un cadeau de la nature. Pendant ce temps, l'enfant doit trouver la nourriture pour son développement spirituel. C'est la période de 0 à 6 ans. (...) Le sentiment religieux est crée pendant cette période et ne sera plus tard que développé. C'est pour cela que cela nous amène à déduire que nous devons enseigner la religion aux enfants tout petits. Je pense que nous devons enseigner la religion dès la naissance."
Voilà une interpellation qui ne manquera pas de surprendre. Mais, là encore, le principe posé par Maria Montessori trouve son origine au cœur de ses expériences auprès des enfants.
C'est pour cette raison qu'elle recommande fortement aux parents d'emmener l'enfant à l'église de sorte qu'il participe dès sa naissance aux cérémonies religieuses. Ses sens tout en éveil s'imprègneront profondément des rites qui d'abord le berceront avant d'être "captés" par son regard attentif.


L'ENFANT: CET EMBRYON SPIRITUEL
Maria Montessori défend la réalité spirituelle que représente l'enfant. Elle a su discerner en lui ce sens de l'élévation qui porte tout homme à dépasser la stricte réalité matérielle.
"Il y a, comme vous l'avez vu, dans l'enfant une attirance qui est bien plus haute que la vie matérielle. Cette tendance d'élévation existe toujours. Il est naturel pour l'esprit de continuer dans l'abstraction. L'esprit aussi a tendance a s'élever et l'être humain doit être compris de cette façon: il ne reste pas sur le même niveau mais aspire vers le haut. Nous avons pu observer dans nos écoles comme l'enfant est intéressé par "la vie dans l'église". Les lumières par exemple, les bruits bas, le silence, la façon dont les gens bougent... tout cela intéresse énormément les petits enfants."
Et Maria Montessori poursuit plus loin: " Nous voyons donc, qu'il y a une période sensible chez l'enfant qui lui permet de saisir la religion de façon sensorielle
A cet âge, l'enfant ne possède pas qu'une grande finesse de sensibilité, mais aussi l'aptitude de comprendre beaucoup plus profondément que ce que nous apercevons nous-même. Et parmi les sensibilités que l'enfant possède à cet âge, est le besoin de se sentir protégé, et le sentiment d'être certain qu'il est protégé. C'est pour cela qu'il est nécessaire que la mère qui donne l'éducation religieuse à un enfant si jeune, lui laisse sentir qu'il y a une protection surnaturelle, qu'il y a une protection très puissante.
Un enfant de cet âge-là est très intuitif et la mère parle de même avec une facilité des anges-gardiens qui protègent l'enfant, de Dieu prend part à cette protection. La mère apprend à l'enfant les premières prières.
Il est, comme nous l'expliquons avec notre pédagogie, fondamental, de donner à l'enfant ce dont il a besoin pour son auto-développement pour le libérer ensuite pour l'autonomie. Dans toutes les situations nous devons garder à l'esprit la phrase "Aide-moi à faire seul!". C'est pour cela, il faut donner les aides d'une façon très subtile. Nous ne devons pas penser qu'il est difficile d'instruire  l'enfant du sens religieux. Au contraire, nous devons être conscient que l'enfant a une sensibilité extraordinaire et nous devons faire attention et procéder très lentement quand nous proposons à l'enfant l'instruction religieuse."

Selon Maria Montessori, l'éducation religieuse à cet âge se fait également par les histoires. Des histoires simples. Des histoires bien choisies. Le point central devrait être la Nativité. Les livres pour enfants qui parlent de la naissance de Jésus doivent être simple, avec des belles illustrations et beaucoup de vie...Le mystère de Noël est donc naturellement le cœur de l'éveil religieux des plus petits. C'est au contact de la Crèche qu'ils peuvent déjà sentir  la grâce de cette grande vérité développée par les Pères de l'Eglise: "Dieu s'est fait homme, pour que l'homme soit fait Dieu". Dans l'Eglise le temps liturgique qui entoure Noël dure près de 3 mois (de l'Avent à la fête de la présentation au temple le 2 février). Pendant le temps d'un trimestre nous avons l'occasion de permettre à l'enfant d'absorber le plus beau des mystères. Si nous utilisons vraiment ce temps avec l'enfant entre ses 3ans et ses 6 ans, nous lui aurons offert rien de moins qu'un an de "médiation" autour de la naissance de Jésus. Qui a conscience de ce qu'est l'esprit absorbant pourra facilement imaginer la sensibilité religieuse que l'enfant aura déjà développé...

MORALE ET RELIGION
 L'une des caractéristiques de la pédagogie Montessori en matière religieuse est l'absence d'implication morale au commencement. Puisque l'enfant ne connaît sa période sensible "morale" qu'entre 6 et 12 ans, une initiation religieuse avant cette âge évitera toute collision entre spiritualité et morale. Il ne s'agit pas d'évacuer la question morale de la sphère religieuse. Il s'agit de reconnaître qu'elle ne se pose pas entre 0 et 6 ans et qu'ainsi l'enfant ne pourra pas vivre une réduction de la religion à la morale. C'est un point très important, car la religion évite ainsi de devenir un enjeu de régulation purement moral. La nature humaine est bien faite. En donnant à l'enfant une nourriture spirituelle au plus tôt, on lui permet de ne pas vivre la religion comme une simple affaire de morale. On accompagne le développement de sa conscience. C'est là le point fondamental. Car, au fonds, la religion n'est rien s'il elle n'est pas l'œuvre d'une conscience qui s'affine jour après jour. L'éducation par exemple est une affaire de conscience. Je peux avoir en tête tous les principes éducatifs que je veux, si je ne suis pas conscient des étapes qui constituent le développement psychique de l'enfant, je serai en difficulté pour l'accompagner. L'éducation religieuse doit se comprendre comme une prise  de conscience progressive de la réalité dans laquelle nous vivons et de l'Information Essentielle qui l'anime. Dans cette logique, on aura compris  qu'ici conscience ne rime pas avec subjectivité mais avec la plus grande objectivité qui soit. Les questions morales ne sont pas évacuées. Mais, celles-ci ne pourront jamais en épuiser le contenu. Surtout, lorsqu'il s'agit de saisir et de vivre ce que la première lettre de la Bible récapitule: l'Amour...
 Pour ne pas perturber le développement des enfants en matière spirituelle, Maria Montessori insiste sur la grande vigilance qui doit être celle de l'adulte. Il nous arrive souvent d'affirmer devant les enfants des principes que nous contournons dès que nous pouvons. "Les enfants reçoivent avec confiance et sérieux tout ce que nous leur disons". Nos incohérences sont pour eux de véritables ondes de choc. Mais, ils sont aussi capables de comprendre nos faiblesses à condition que nous sachions les reconnaître...tout simplement.

L'ENFANT EST "CAPABLE" DE DIEU
Maria Montessori a souvent raconté l'histoire d'une petite fille à qui les parents avaient appris à prier pour les autres. On priait ainsi pour la cuisinière, les frères et soeurs, les parents, etc. Un jour cette petite fille voit sa maman et lui dit: "Je veux prier pour tout le monde". La prière des enfants est souvent plus vaste que celle des adultes. Elles ne possèdent pas les frontières que l'adulte mettra par la suite comme pour se protéger d'éventuelles "invasions" spirituelles...
Et Maria Montessori de s'insurger contre notre vision trop étroite: "Ne rétrécissons pas la nature de l'enfant. Donnons lui tout et pas seulement les petites choses, la nourriture et les besoins matériels. Si nous lui donnions l'idée de Dieu et qu'il ne parvenait pas à comprendre, qu'est- ce que cela aurait pour conséquence? Il ne s'agit pas d'une connaissance dangereuse. Ayons donc le courage de donner beaucoup aux enfants. Ainsi seront-ils heureux et reconnaissants. Apprenons aux enfants à prier pour tous, ainsi auront-ils de grandes pensées au fonds de leur âme. Donnons leur la religion comme une révélation. Si nous leur donnons la religion comme quelque chose de quelconque, alors quelque chose aura été abîmé dès le commencement de leur vie. (...) L'âme des enfants se nourrit de grandes choses. Ils ont faim de notre aide. Ils attendent notre aide. A quoi sert l'éducation si on ne leur donne pas cela? Les mots n'aident pas, le monde spirituel doit être ouvert aux enfants".

A suivre...nous présenterons bientôt le programme catéchétique du Bon Berger (catéchisme "montessorien") pour les enfants de 3 à 6ans.