vendredi 30 novembre 2012

L'avent en famille

Le temps de l'Avent est une merveilleuse invitation à préparer Noël avec les enfants. De belles traditions peuvent inspirer ce temps d'attente.
La semaine dernière, j'ai fabriqué la couronne de l'Avent. C'est l'occasion d'expliquer certaines choses aux enfants. La couronne de l'Avent est encore répandue. Mais, connaît-on encore toute la symbolique qui s'y réfère?
J'ai trouvé sur le site Catholique Nanterre  l'essentiel concernant la symbolique. Je vous en fait un  petit résumé dans les grandes lignes.


L'Avent
Nous ne savons peut-être plus vraiment d'où vient le mot "Avent"... Il vient du mot latin "adventus" qui veut dire "avènement". C'est un terme grec à l'origine primitive et qui fut traduit en latin par "adventus".
Ces termes sont employés pour designer la venue du Christ parmi les hommes lors de sa naissance comme pour signifier son avènement glorieux à la fin des temps.
C'est pendant ce temps que sont chantées les fameuses antiennes "O" les jours précédents Noël. O sapientia, O Sagesse du Très-Haut; O Adonaï, O Adonaï, chef de la maison d'Israël;O Radix Jesse, O Rejeton de Jessé; O Clavis David, O Clé de David, O Oriens, O Orient, Splendeur de la Lumière étenelle, O Emmanuel, O Emmanuel...
Une troisième signification se rapporte à cet "Adventus", c'est celle que la Liturgie nous propose de vivre: la naissance du Christ dans son Église et en chacun d'entre nous.  Ainsi, avec le premier dimanche de l'Avent commence l'année liturgique et tout le chemin de transfiguration que le Christ propose.

Les textes liturgiques du temps de l'Avent nous invitent à rencontrer trois grands témoins de cette attente universelle:
  • Le prophète Isaïe qui exprime toute son espérance messianique en annonçant la naissance de l'Emmanuel. Il incarne à la fois celui qui annonce la venue de Dieu et celui qui chante les plus sublimes désirs de l'humanité.
  • Jean-Baptiste qui annonce la venue proche du messie et qui invite à un baptême de conversion (du latin convertere, se tourner vers/avec) pour s'y préparer. Il est le précurseur, celui qui montre le chemin de l'humilité pour laisser croître le Germe divin.
  • La Vierge Marie qui accepte humblement d'être la mère du messie. Elle est le symbole de l'habitation de Dieu en nous, la matrice de toute vie divine.
Pour préparer avec des enfants l'Avent et Noël, je pense que l'on peut réaliser de multiples activités pour les accompagner dans ce temps si riche et si particulier.

La couronne de l'Avent
La couronne de l'Avent trouve ses origines dans le nord de l'Allemagne au 16e siècle (chez les luthériens). Elle etait alors destinée à accompagner la méditation des fidèles à l'approche de Noël. Cette tradition se répandit ensuite aux Etats-Unis par l'intermédiaire des émigrés allemands et se répandit à travers l'Europe dans les années 50. On la voit se répandre depuis les années 80 en France, même si bien évidemment elle était depuis longtemps déjà connue des Lorrains et des Alsaciens.
Au tout début de son existence, on allumait une bougie tous les jours pendant les 24 jours précédant  Noël. On a ensuite simplifié cette coutume pour ne garder plus que les 4 bougies correspondant aux dimanches.
Les branches de la couronnes sont en sapin. Leur couleur verte signifie la VIE. Elles sont souvent ornés de rubans rouges et des pommes de pins.
Les couronnes ont depuis l'antiquité revêtues diverses significations. Elles évoquent le soleil et annoncent son retour. Du fait de sa rondeur, la couronne rappelle généralement le cycle, le renouveau...Dans le contexte chrétien, elle rappelle l'attente du Christ.
Les quatre bougies que l'on fixe sur la couronne ont aussi leur importance. Chaque dimanche, on allume une bougie de plus et, plus Noël approche, plus il y a de lumière... Ces quatre bougies  symbolisent la Lumière de Noël qui viendra illuminer le cœur humain de Paix et de Joie.
Le symbolisme des quatre bougies de l'Avent résument les grandes étapes du Salut précédant la venue du Messie:
    • La première bougie est le symbole de la Miséricorde reçue par Adam et Eve
  • La deuxième bougie est le symbole de la Foi d'Abraham et des patriarches qui se sont mis en quête de la terre promise
  • La troisième bougie est le symbole de la Joie de David dont la lignée ne s'arrêtera pas. Elle témoigne de l'Alliance avec Dieu
  • La quatrième bougie est le symbole de l'Enseignement des prophètes qui annoncent un règne de Justice et de Paix
Le symbolisme des bougies me paraît offrir de nombreuses pistes d'échanges avec les enfants pour les accompagner aux abords de l'étable obscure...


Le Calendrier de l'Avent

Les calendrier de l'Avent ont leur origine en Allemagne. Il était coutume chez les protestants de poser une image pieuse au mur à partir du premier décembre pour préparer Noël et inviter les enfants à prier.
En 1920 la premier calendrier a été commercialisé et, dans les années 60, l'apparition des calendriers à fenêtres  cachant des chocolats fit la joie des enfants...peut-être un peu au détriment de la culture religieuse...
Il y a de multiples sortes de calendriers: il y en a avec des petits messages pour les enfants, des bonnes actions à faire, une petite prière à chanter, de jolies images qui invitent l'enfant à la méditation...
Un très sympathique calendrier de Noël se trouve sur CE SITE. C'est un calendrier avec un fond magnétique sur lequel l'enfant place des personnages aimante chaque jour. Cela plaît bien aux enfants, puisqu'ils peuvent placer et déplacer les personnages. Une occasion de voyager avec ces sympathiques personnages et de découvrir leur nom et leur histoire.

Diverses façons de préparer Noël
Après les points forts de l'Avent, les voici quelques traditions qui permettent de l'enrichir et de le vivre en famille:

  • La décoration des maisons, des jardins, des villes. La confection de la décoration pour la maison peut être un moment entre parents et enfants propice au partage autour de l'Avent et de toute la symbolique qui accompagne ce temps.
  • Les marchés de Noël pour goûter à l'atmosphère conviviale, rencontrer des amis et "why not" partager un vin chaud avec un pauvre ou une personne en difficulté.
  • La pâtisserie peut aussi être un moment convivial en famille pendant lequel on parle de l'approche de Noël. Avec des enfants plus grands, on pourra aussi faire de la pâtisserie et les offrir à des voisins, des gens dans la rue, des retraités, etc.
  • La musique de l'Avent et de Noël: jouer en famille les beaux chants qui ont marqué notre enfance, chanter ensemble le dimanche et pourquoi pas proposer à des maisons de retraités un petit concert de Noël. Des initiatives comme cela enchantent pour la plupart du temps les gens et leur apporte de la joie.
  • La Saint Nicolas, fête populaire dans l'est et le nord de la France ainsi que dans les pays germanophones.Un billet spécial viendra peut-être sur le sujet...
  • Il y a d'autres fêtes populaires, comme la Sainte Barbe, la fête des lumières, etc qui peuvent être un excellent moyen d'accorder aux enfants un moment d'échange et de joie.

Voilà quelques pistes pour vivre ce temps de l'Avent au travers de sa riche signification et de ses traditions. Un autre billet viendra parler de la crèche et des traditions propres à Noël. Mais chaque chose en son temps...

samedi 24 novembre 2012

Parabole du levain

Aujourd'hui, j'ai présenté aux enfants la parabole du levain. C'était vraiment une séance particulière. Déjà en temps normal les enfants sont très attentifs, mais ce jours-là ils furent totalement absorbés. Ils étaient tout concentré, aucun mouvement ne leur échappait, on sentait en chacun le levain faire son effet...

Comme toujours dans cette catéchèse, on présente la parabole avec l'appui d'un matériel. Nous faisons donc une pâte au levain (mais nous utilisons de la levure de boulanger pour que les enfants voient l'effet à la fin de la séance)


 On fait d'abord une pâte sans levain et l'autre avec.
 

 
 Les deux grands ont attaqué les livres de la bible



Grégoire travaille avec le matériel de la Nativité


J'ai présenté le calendrier liturgique aux grands. Cette année nous l'avons approfondi. Les enfants ont pu calculer les différentes fêtes dans un calendrier vierge...Il n'y avait que le calendrier lunaire pour calculer la date de la fête de Pâques et l'ensemble des saisons liturgiques.

 



Et à la fin de la séance on a senti, touché et regardé les deux pâtes... Celui sans levain a légèrement  gonflé et celui avec levain s'est bien étalé.



 

vendredi 9 novembre 2012

Noël, un autre regard sur l'enfant

Tous les ans Noël revient avec son message régénérateur. Ce message est destiné à nous faire saisir ce que seul nos cœurs peuvent percevoir. Il se laisse découvrir à ceux qui partent à la rencontre de l'Enfant. Cette marche vers l'Enfant n'est pourtant pas si simple pour nous adultes. Dans des conférences brûlantes d'actualités récapitulées dans un ouvrage intitulé l'éducation et la Paix, Maria Montessori nous invite à regarder l'enfant à la lumière de la Nativité.


"Nous devons croire à l'enfant comme à un messie, comme à un sauveur capable de régénérer la race humaine et la société. Pour accepter cette idée nous devons nous maîtriser et nous faire humbles. Alors seulement nous pourrons cheminer vers l'enfant, comme les rois mages, chargés de pouvoirs et de présents et se fiant à l'étoile de l'espérance".

"L'enfant ne doit pas être considéré comme un être faible et impuissant dont les seuls besoins seraient d'être protégé et aidé, mais comme un embryon spirituel, possédant une vie psychique active depuis le jour de sa naissance, guidé par des instincts subtils lui permettant de construire activement sa personnalité humaine. Et du fait que l'enfant deviendra un adulte, nous devons le considérer comme le véritable bâtisseur de l'humanité et le reconnaître comme notre père. Le grand secret de notre origine gît secrètement en lui. Les lois qui lui permettent de devenir un homme à part entière se manifestent uniquement en lui. En ce sens, l'enfant est le maître qui nous enseigne. Les adultes doivent avant tout être éduqués à reconnaître cette vérité pour pouvoir changer leur comportement vis-à-vis des générations qui les suivent."

"L'enfant, embryon spirituel, se révèle à nous, adultes, pour nous guider dans le labyrinthe. L'enfant nous amène à la lumière au milieu des ombres qui nous entourent".

"Quand l'enfant vit dans une atmosphère adaptée à ses besoins vitaux, il révèle des comportements très différents de ceux que nous sommes habitués à lui attribuer. Il nous apporte la preuve vivante que les hommes peuvent changer et s'améliorer à partir de leur naissance. Mais pour cela le monde des adultes doit changer. Nous devons nous unir; nous devons être en contact de l'enfant, croire en lui, construire un climat qui lui convienne et nous changer nous-mêmes.

L'enfant, alors, nous promet le salut de l'humanité. Cette vérité est symbolisée par le mystère de la Nativité."

 A tous un très beau et très joyeux Noël. Que le regard émerveillé des enfants nous inspire un monde de Paix.

L'esprit du catéchisme du Bon Berger d'après Sofia Cavalletti

Sofia Cavalletti résume en quelques points les lignes fortes d'une pédagogie religieuse autant originale que traditionnelle. Basée principalement sur la Liturgie et la Bible, cette approche laisse aux enfants la Joie de la découverte du Royaume de Dieu. L'adulte, là encore, s'efface devant la puissance du Message révélé...

1) L'enfant, particulièrement sa vie spirituelle est le centre d'intérêt et l'engagement du catéchisme du Bon Berger:

- Le catéchiste observe et étudie les besoins vitaux de l'enfant selon les stades de son développement
- Le catéchiste vit avec l'enfant une expérience religieuse partagée selon l'enseignement de l'Evangile: "Si vous ne devenez pas comme des petits enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume de Dieu" (Matthieu, 18,3)
- Le catéchiste offre les conditions nécessaires pour permettre l'expérience de cette vie spirituelle
      2) Avec ce but en tête, le catéchiste embrasse l'anthropologie de Maria Montessori et notamment l'attitude de l'adulte à l'égard de l'enfant. Il prépare un environnement appelé Atrium pour aider au développement de la vie spirituelle. 

      3) L'atrium est une communauté dans laquelle enfants et adultes vivent ensemble une expérience religieuse qui facilite leur participation à une plus large communauté (familiale, ecclésiale). 

      - L'atrium est un lieu de prière dans lequel le travail et l'étude deviennent spontanément méditation, contemplation et prière.
      - L'atrium est un lieu dans lequel le seul Enseignant est le Christ. Les enfants et les adultes se placent eux-mêmes dans une position d'écoute de sa Parole et cherchent à pénétrer les mystères de la Divine Liturgie

      4) La transmission du message chrétien se fait selon les principes suivant:

      - Le catéchiste n'est pas un professeur se souvenant que le seul Enseigneur est le Christ Lui-même.
      - Le catéchiste renonce à toute forme de contrôle (comme des tests, examens, etc) dans un esprit de pauvreté participant à une expérience dont les fruits ne lui appartiennent pas

      5) Les thèmes présentés dans l'atrium sont ceux pour lesquels les enfants ont répondu avec le plus de profondeur et de joie. Ces thèmes sont issus de la Bible et de la Divine Liturgie (prières et sacrements) comme source fondamentale de toute vie chrétienne particulièrement appropriée pour  illuminer et nourrir les besoins religieux les plus vitaux de l'enfant.

      6) La Parole de Dieu est proclamée de la manière la plus objective et la plus simple possible de sorte que les mots de l'adulte n'empêchent pas la communication entre Dieu qui parle et l'enfant qui écoute. Le seul but des mots de l'adulte est de discrètement servir l'écoute de la Parole de Dieu en accord avec le message même de Jésus: "Mon enseignement n'est pas de moi mais de celui qui m'a envoyé"

      8) L'atrium hebdomadaire devrait durer au moins deux heures pendant lesquelles seulement une petite part est dédiée à la présentation et la majeure partie du temps réservée au travail de l'enfant.

      9) En harmonie avec l'Eglise universelle, la vie de l'atrium suit l'année liturgique. Par conséquent les temps majeurs sont ceux de Noël, Pâques et la Pentecôte.

      10) A l'annonce annuelle des premières communion; l'enfant  répond de lui-même au désir du Sacrement avec l'aide et le discernement de la famille, du catéchiste et du prêtre.

      11) La première communion est précédée d'une période de préparation consistant en une retraite spécifique en dehors de l'atrium

      12) La retraite de première communion dure 4 jours (du matin au soir). Elle inclut la messe quotidienne, des opportunités de travail au calme mais sans nouvelle présentation, et elle dure jusqu'au dimanche pour que les enfants ne soient distrait de ce qu'ils vivent.

      13) Un matériel est mis à disposition des enfants. Le travail personnel avec le matériel favorise leur méditation et l'absorption des thèmes proposés.

      14) Le matériel doit être attractif et sobre et doit correspondre précisément aux thèmes présentés. Il doit être simple, essentiel et pauvre pour permettre aux richesses contenu dans le thème de se manifester.

      15) les catéchistes travaillent ensemble dans un esprit d'unité et d'harmonie en accord avec le plan de Dieu pour la communion dans l'histoire du du salut en lien étroit avec les paraboles du Bon Berger et de la Vraie Vigne. Ils offrent généralement leur talent et leur expérience pour le bien de tous.

      16) L'attitude de l'adulte doit être marquée par l'humilité devant les capacités de l'enfant, en établissant un rapport juste avec lui, c'est à dire en respectant sa personnalité.

      17) Les raisons pour lesquels le catéchiste doit faire le matériel par lui-même sont les suivantes:
      - absorber le contenu plus profondément
      - combattre un consumérisme excessif
      - s'adapter au rythme de l'enfant ainsi qu'au travail de l'Esprit-Saint
      - essayer d'unifier la main le cœur et l'esprit

      18) Le catéchisme du Bon Berger cherche aussi à aider les adultes à reconnaître les richesses cachées de l'enfant, particulièrement celles correspondant à sa santé spirituelle, de sorte qu'ils puissent apprendre d'eux et les servir au mieux.

      19) Le catéchisme du Bon Berger honore tout spécialement les vertus de l'enfance et cherche à favoriser le développement de la conscience orientée à la construction de l'histoire du salut dans un esprit de paix et de justice.

      20) Le catéchisme du Bon Berger possède un caractère expérimental. Il est ouvert à des approfondissements liés au Mystère infini de Dieu et à son alliance cosmique avec l'ensemble des créatures (La création aspire de toutes ses forces à voir la révélation des fils de Dieu » Rom. 8 : 19)

      A lire aussi 

      L'éducation religeuse d'un enfant entre 0 et 3 ans

      "L'éducation religieuse doit être fondée sur la psychologie de l'enfant."

      Maria Montessori a fait œuvre scientifique en matière de religion; elle a donné à l'éducation religieuse des  fondements qui correspondent aux aspirations psychiques de l'enfant.  Comme pour toute autre aptitude fondamentale, Maria Montessori a observé que le développement spirituel de l'enfant répond aussi à des périodes sensibles. 
      La première période sensible religieuse de l'enfant se situe entre 0 et 3 ansElle va de paire avec la période de l'esprit absorbant où l'enfant s'imprègne de façon phénoménale de son environnement. Elle est donc tout simplement essentielle. Sa méconnaissance pourrait permettre de comprendre pourquoi chez beaucoup d'adultes la religion se trouve réduite à une pure affaire de morale...quand elle n'est pas reléguée au "grenier" pour le peu de "valeur ajoutée" qu'elle semble apporter...
      Dans ses conférences, Maria Montessori a développé les grandes lignes de l'éducation religieuse. Il ne sera pas ici question de matériel. Nous reviendrons sur cette question au fil du développement des enfants.

      RELIGION ET ESPRIT ABSORBANT
      Nous savons tous qu'un environnement bien préparé est un des points les plus importants de cette pédagogie. Pour l'instruction religieuse, il en est de même. L'environnement n'est pas ici réductible au matériel. C'est avant toute chose les lieux où se situe l'action religieuse elle-même.
      Nous montrons à nos enfants de belles images ou de beaux tableaux afin de les sensibiliser au beau. Nous faisons écouter à nos enfants différents styles de musique pour qu'ils en aient plus tard le goût. Pour éduquer le sens religieux, nous devrions faire de même A une différence près précise Maria Montessori: en faisant attention à ce que la religion ne soit jamais  une simple "matière" parmi d'autres.
      Elle précise ainsi : "Les écoles qui incluent la matière religieuse, traitent la religion comme une matière entre autres. Cela est une conception fausse. Je parle contre cette erreur, car la religion est plus que cela, elle est quelque chose de beaucoup plus grande et elle est totalement différente. Elle n'est pas une matière!" (cf son discours sur l'éducation religieuse à Londres en 1946)
      "Il faut réfléchir à ce que la religion est un sentiment universel qui existe dans chaque être humain maintenant et depuis toujours. Ce n'est pas quelque chose qu'on doit amener à l'enfant.(...) La religion est quelque chose qui est à l'intérieur de chaque âme. (...)
      Si la religion nous manque, il nous manque quelque chose de fondamental pour le développement de l'être humain"

      Alors comment faire pour que l'enfant puisse "spontanément" développer son axe spirituel? La question se pose d'autant plus aujourd'hui que la religion relève le plus souvent de la sphère privée. L'enfant est donc de plus en plus rarement au contact des grandes manifestations religieuses. Et pourtant son aspiration est là...Elle attend cette rencontre avec le sacré...
      "C'est un sentiment qui est là et qui se développe. C'est quelque chose de vivant qui doit se développer par l'influence de l'environnement. Nous devons aménager un bon environnement, cela est fondamental."

      Déjà, dans l'environnement proche, donc à la maison, l'enfant doit pouvoir côtoyer des images "saintes", des statues, un lieu de prière, des objets religieux. Quand l'enfant voit ces objets autour de lui, ils doivent avoir une importance, une beauté particulière qui attire le regard de l'enfant. C'est l'activité caractéristique propre à l'esprit absorbant qui lui permet de développer très tôt une véritable dynamique spirituelle.
      "Si nous réfléchissons, nous pouvons reconnaître que l'éducation religieuse est particulièrement importante à l'âge où l'enfant absorbe tout de son environnement. Cette façon d'absorber est un cadeau de la nature. Pendant ce temps, l'enfant doit trouver la nourriture pour son développement spirituel. C'est la période de 0 à 6 ans. (...) Le sentiment religieux est crée pendant cette période et ne sera plus tard que développé. C'est pour cela que cela nous amène à déduire que nous devons enseigner la religion aux enfants tout petits. Je pense que nous devons enseigner la religion dès la naissance."
      Voilà une interpellation qui ne manquera pas de surprendre. Mais, là encore, le principe posé par Maria Montessori trouve son origine au cœur de ses expériences auprès des enfants.
      C'est pour cette raison qu'elle recommande fortement aux parents d'emmener l'enfant à l'église de sorte qu'il participe dès sa naissance aux cérémonies religieuses. Ses sens tout en éveil s'imprègneront profondément des rites qui d'abord le berceront avant d'être "captés" par son regard attentif.


      L'ENFANT: CET EMBRYON SPIRITUEL
      Maria Montessori défend la réalité spirituelle que représente l'enfant. Elle a su discerner en lui ce sens de l'élévation qui porte tout homme à dépasser la stricte réalité matérielle.
      "Il y a, comme vous l'avez vu, dans l'enfant une attirance qui est bien plus haute que la vie matérielle. Cette tendance d'élévation existe toujours. Il est naturel pour l'esprit de continuer dans l'abstraction. L'esprit aussi a tendance a s'élever et l'être humain doit être compris de cette façon: il ne reste pas sur le même niveau mais aspire vers le haut. Nous avons pu observer dans nos écoles comme l'enfant est intéressé par "la vie dans l'église". Les lumières par exemple, les bruits bas, le silence, la façon dont les gens bougent... tout cela intéresse énormément les petits enfants."
      Et Maria Montessori poursuit plus loin: " Nous voyons donc, qu'il y a une période sensible chez l'enfant qui lui permet de saisir la religion de façon sensorielle
      A cet âge, l'enfant ne possède pas qu'une grande finesse de sensibilité, mais aussi l'aptitude de comprendre beaucoup plus profondément que ce que nous apercevons nous-même. Et parmi les sensibilités que l'enfant possède à cet âge, est le besoin de se sentir protégé, et le sentiment d'être certain qu'il est protégé. C'est pour cela qu'il est nécessaire que la mère qui donne l'éducation religieuse à un enfant si jeune, lui laisse sentir qu'il y a une protection surnaturelle, qu'il y a une protection très puissante.
      Un enfant de cet âge-là est très intuitif et la mère parle de même avec une facilité des anges-gardiens qui protègent l'enfant, de Dieu prend part à cette protection. La mère apprend à l'enfant les premières prières.
      Il est, comme nous l'expliquons avec notre pédagogie, fondamental, de donner à l'enfant ce dont il a besoin pour son auto-développement pour le libérer ensuite pour l'autonomie. Dans toutes les situations nous devons garder à l'esprit la phrase "Aide-moi à faire seul!". C'est pour cela, il faut donner les aides d'une façon très subtile. Nous ne devons pas penser qu'il est difficile d'instruire  l'enfant du sens religieux. Au contraire, nous devons être conscient que l'enfant a une sensibilité extraordinaire et nous devons faire attention et procéder très lentement quand nous proposons à l'enfant l'instruction religieuse."

      Selon Maria Montessori, l'éducation religieuse à cet âge se fait également par les histoires. Des histoires simples. Des histoires bien choisies. Le point central devrait être la Nativité. Les livres pour enfants qui parlent de la naissance de Jésus doivent être simple, avec des belles illustrations et beaucoup de vie...Le mystère de Noël est donc naturellement le cœur de l'éveil religieux des plus petits. C'est au contact de la Crèche qu'ils peuvent déjà sentir  la grâce de cette grande vérité développée par les Pères de l'Eglise: "Dieu s'est fait homme, pour que l'homme soit fait Dieu". Dans l'Eglise le temps liturgique qui entoure Noël dure près de 3 mois (de l'Avent à la fête de la présentation au temple le 2 février). Pendant le temps d'un trimestre nous avons l'occasion de permettre à l'enfant d'absorber le plus beau des mystères. Si nous utilisons vraiment ce temps avec l'enfant entre ses 3ans et ses 6 ans, nous lui aurons offert rien de moins qu'un an de "médiation" autour de la naissance de Jésus. Qui a conscience de ce qu'est l'esprit absorbant pourra facilement imaginer la sensibilité religieuse que l'enfant aura déjà développé...

      MORALE ET RELIGION
       L'une des caractéristiques de la pédagogie Montessori en matière religieuse est l'absence d'implication morale au commencement. Puisque l'enfant ne connaît sa période sensible "morale" qu'entre 6 et 12 ans, une initiation religieuse avant cette âge évitera toute collision entre spiritualité et morale. Il ne s'agit pas d'évacuer la question morale de la sphère religieuse. Il s'agit de reconnaître qu'elle ne se pose pas entre 0 et 6 ans et qu'ainsi l'enfant ne pourra pas vivre une réduction de la religion à la morale. C'est un point très important, car la religion évite ainsi de devenir un enjeu de régulation purement moral. La nature humaine est bien faite. En donnant à l'enfant une nourriture spirituelle au plus tôt, on lui permet de ne pas vivre la religion comme une simple affaire de morale. On accompagne le développement de sa conscience. C'est là le point fondamental. Car, au fonds, la religion n'est rien s'il elle n'est pas l'œuvre d'une conscience qui s'affine jour après jour. L'éducation par exemple est une affaire de conscience. Je peux avoir en tête tous les principes éducatifs que je veux, si je ne suis pas conscient des étapes qui constituent le développement psychique de l'enfant, je serai en difficulté pour l'accompagner. L'éducation religieuse doit se comprendre comme une prise  de conscience progressive de la réalité dans laquelle nous vivons et de l'Information Essentielle qui l'anime. Dans cette logique, on aura compris  qu'ici conscience ne rime pas avec subjectivité mais avec la plus grande objectivité qui soit. Les questions morales ne sont pas évacuées. Mais, celles-ci ne pourront jamais en épuiser le contenu. Surtout, lorsqu'il s'agit de saisir et de vivre ce que la première lettre de la Bible récapitule: l'Amour...
       Pour ne pas perturber le développement des enfants en matière spirituelle, Maria Montessori insiste sur la grande vigilance qui doit être celle de l'adulte. Il nous arrive souvent d'affirmer devant les enfants des principes que nous contournons dès que nous pouvons. "Les enfants reçoivent avec confiance et sérieux tout ce que nous leur disons". Nos incohérences sont pour eux de véritables ondes de choc. Mais, ils sont aussi capables de comprendre nos faiblesses à condition que nous sachions les reconnaître...tout simplement.

      L'ENFANT EST "CAPABLE" DE DIEU
      Maria Montessori a souvent raconté l'histoire d'une petite fille à qui les parents avaient appris à prier pour les autres. On priait ainsi pour la cuisinière, les frères et soeurs, les parents, etc. Un jour cette petite fille voit sa maman et lui dit: "Je veux prier pour tout le monde". La prière des enfants est souvent plus vaste que celle des adultes. Elles ne possèdent pas les frontières que l'adulte mettra par la suite comme pour se protéger d'éventuelles "invasions" spirituelles...
      Et Maria Montessori de s'insurger contre notre vision trop étroite: "Ne rétrécissons pas la nature de l'enfant. Donnons lui tout et pas seulement les petites choses, la nourriture et les besoins matériels. Si nous lui donnions l'idée de Dieu et qu'il ne parvenait pas à comprendre, qu'est- ce que cela aurait pour conséquence? Il ne s'agit pas d'une connaissance dangereuse. Ayons donc le courage de donner beaucoup aux enfants. Ainsi seront-ils heureux et reconnaissants. Apprenons aux enfants à prier pour tous, ainsi auront-ils de grandes pensées au fonds de leur âme. Donnons leur la religion comme une révélation. Si nous leur donnons la religion comme quelque chose de quelconque, alors quelque chose aura été abîmé dès le commencement de leur vie. (...) L'âme des enfants se nourrit de grandes choses. Ils ont faim de notre aide. Ils attendent notre aide. A quoi sert l'éducation si on ne leur donne pas cela? Les mots n'aident pas, le monde spirituel doit être ouvert aux enfants".

      A suivre...nous présenterons bientôt le programme catéchétique du Bon Berger (catéchisme "montessorien") pour les enfants de 3 à 6ans.

      Montessori, la leçon du silence et la prière liturgique

      Maria Montessori et la leçon du silence

      Un jour Maria Montessori lança un défi à l'une de ses classes. Elle entra avec un nourrisson  calme dans les bras et leur demanda s'ils étaient capables de rester ainsi en silence. Elle fut  alors véritablement impressionnée...Elle comprit que les enfants désiraient régulièrement retrouver cet état de calme intérieur. Elle réalisa que cette manifestation traduit un désir psychique profond de l'enfant. Ainsi, elle introduisit un élément fondamental dans  sa pédagogie: la leçon de silence.

      Quel  est le but de la leçon de silence selon Maria Montessori?

      "Un tout autre genre d'exercices de contrôle des mouvements est celui qui permet de rendre possible le silence absolu. Il n'est pas question d'un silence approximatif, mais d'une perfection atteinte graduellement sans qu'un son soit émis, sans qu'on laisse entendre le plus petit bruit, pas le moindre mouvement des mains et des pieds. (...) L'enfant, devenu maître de ses actes grâce à un exercice répété, satisfait par l'emploi de son activité motrice utilisée de façon plaisante et intéressante, est un enfant joyeux et bien portant, qui se distingue par son calme et par sa discipline".

      Comment se déroule une leçon de silence?

      Les enfants sont rassemblés. L'éducateur se tient à distance. Il leur présente un pictogramme sur lequel est inscrit "silence". Il peut aussi mettre un doigt sur sa bouche pour introduire cette leçon. Ensuite, il appelle nominativement les enfants un par un. Le plus silencieusement possible les enfants viennent se placer devant l'adulte. Chacun doit garder le silence jusqu'à ce que le dernier élève se soit présenté.
      Pour permettre aux enfants de goûter la sensation du silence, il faut les aider à contrôler leurs gestes. "La conscience doit être amenée à contrôler le moindre mouvement dans tous ses détails pour obtenir l'immobilité absolue qui engendre le silence". Le silence n'est pas que la propriété des sages  ou des moines. Les enfants très jeunes y parviennent. Il se traduit par un arrêt de toute agitation et un recueillement attentif par le contrôle des gestes. Les enfants deviennent conscients de leurs membres. Ils sont attentifs à leurs mouvements. Leur apprendre à nommer les différentes parties de leurs corps accroît cette prise de conscience. Des exercices rythmiques qui associent musicalité et mouvement corporel conscient peuvent favoriser cet apprentissage. On pourra inviter l'enfant à effectuer un mouvement en suivant le rythme musical avant de lui demander de commander à ses pieds et à ses mains de rester tranquilles. L'enfant percevant la maîtrise qu'il a de lui-même montrera une vraie joie toute de calme et de sérénité.

      Si cette leçon de silence est féconde pour l'apprentissage de la vie religieuse, elle garde aussi toute son importance pour le développement du caractère de l'enfant et sa croissance intellectuelle. Pratiquée régulièrement au fil des occasions qu'offrent une journée, l'aptitude à vivre un silence profond deviendra une force pour l'enfant et une marque indélébile de sa liberté croissante.

      Recueillement et apprentissage liturgique

      La prière est faite de recueillement. Les discours ne peuvent le causer. Seule une juste disposition de l'âme et du corps le permettent. Le silence s'apprend. Il se découvre dans un milieu favorable: c'est le rôle de toute l'architecture sacrée. Il survient lorsque le corps est détendu: c'est l'enseignement du geste liturgique.
      Un milieu favorable et un entraînement des corps sont donc nécessaires pour permettre le recueillement. La liturgie offre tout cela. Par l'ambiance qu'elle déploie, par les gestes qu'elle transmet, la liturgie est la matrice de la vie spirituelle. En interpellant l'homme dans son corps, elle s'adresse à chacun au-delà de la variété de nos âges et de nos aptitudes intellectuelles. Elle n'exclut personne, car elle n'a rien d'un discours théologique. Elle saisit l'homme corps et âme. Elle l'invite simplement à tendre son oreille intérieure. Elle prépare l'homme à entendre l'appel de Dieu. Elle l'invite a y répondre: Adsum, me voici.
      L'univers liturgique s'accorde parfaitement à celui de l'enfant. A son contact, tous ses sens sont en éveil. Il y a tant à observer: autels, objets liturgiques, ornements, mouvements...Il y a tant à entendre: prières, musiques, silence...Il y a tant à sentir: parfums d'encens et fleurs varient par le jeu des solennités. Il y a tant à faire: on se tient de bout, on s'agenouille, on se signe, on chante, on fixe l'autel....
      Frappé par tous ses sens, l'enfant se laisse captiver par l'activité liturgique. Or toute cette activité converge vers le recueillement. Trop souvent l'enfant, contraint à l'immobilisme, se disperse par des réactions violentes. La liturgie est une activité parfaite en ce sens qu'elle ne connaît pas de divorce entre l'activité musculaire et l'activité psychique ou spirituelle. Il n'est que d'observer de petits enfants servir la messe. Ils parviennent très jeunes à rester calme et recueilli grâce à l'équilibre entre mouvements musculaires que nécessite les différentes actions liturgiques et la perfection du geste qu'exige le lieu sacré où ils s'accomplissent. L'ambiance spirituelle qui se dégage parmi les enfants lors d'un pèlerinage est tout aussi étonnante: l'implication forte et ordonnée de leur corps stimule leurs aspirations spirituelles. A croire qu'on devient mieux philosophe en marchant plutôt que scellé sur un banc...A croire que le meilleurs "leçons" de catéchisme se font en mouvement...
      L'enfant est capable du silence. C'est même l'une des caractéristiques de son psychisme. Pas encore encombré par les soucis du monde et les discours incessants, il communie facilement avec le monde invisible. Le silence et l'observation soutenus lui en donnent l'occasion.

      Prière sans conscience.. n'est que vide pour l'âme

      Lorsque nous cherchons à cerner les caractéristiques de la civilisation occidentale moderne au regard de la tradition biblique, nous pouvons constater que nous vivons dans un monde qui a évacué le regard contemplatif. Notre civilisation se trouve enfermée dans les logiques du sens technico-pratique et du sens scientifique soumettant ainsi le développement de l’esprit aux limitations du matérialisme et du rationalisme.

      Une chose est de prendre conscience des limites ou contraintes qu’imposent à chacun les faiblesses d’une culture. Une autre est de trouver le remède qui restaure l’homme dans sa dimension ontologique. Une fois encore, l’enfant nous ouvre des pistes…car il semble que sa nature possède d’elle-même l’état d’esprit métaphysique que l’on retrouve chez tous les grands personnages de la Bible.


      Cependant, ces traits spirituels de l’enfant peuvent s’altérer jusqu’à disparaître, si l’on ne lui permet pas de suivre la direction que ses énergies lui inspirent, en lui offrant l’environnement adéquat.

      Nous courons en effet le risque, sans nous en apercevoir, de transmettre aux enfants une vie religieuse toute empreinte de matérialisme ou de rationalisme scientifique là où seul l’esprit de contemplation peut venir combler leur soif d’absolu.

      La conscience peut prendre des directions différentes selon qu’elle se développe suivant les normes internes du sens pratique (matière), de la culture scientifique (intellect) ou de l’esprit de contemplation (esprit). Ces trois dynamiques d’appréhension du monde peuvent conduire à des niveaux de lecture du réel foncièrement différents. Une montagne sera ainsi regardée différemment par un professeur de ski, un géologue ou un ermite. Or, si l’on y fait attention, l’état d’esprit d’un enfant de moins de 5 ans sera plus proche de celui de l’ermite au regard contemplatif.

      L’esprit pratique recherche la satisfaction immédiate. Il jauge la quantité l’efficacité et le rendement. L’esprit scientifique cherche à dégager les lois en différenciant et comparant ce qu’il induit de la réalité. Moins intéressé par son activité propre, il court néanmoins le risque de rester centré sur ses découvertes sans parvenir à s’émerveiller de ce qui le dépasse. Certains scientifiques sont matérialistes… D’autres deviennent contemplatifs car ceux-là savent s’incliner devant l’Infini.

      Toutes les grandes figures bibliques et les grands auteurs de l’histoire sainte (peu importe leurs chutes ou leur limites) partagent ce trait commun : une attitude théocentrique qui libère leur « moi » de toute tentation individualiste ou communautariste. Leur vie est celle de l’esprit qui par cette radicale ouverture au Tout-Autre fait grandir leur conscience. La Bible restera ainsi toujours, avant tout, une école de contemplation.
      Lorsque nous souhaitons aider les plus petits à développer le sens de l’esprit, nous devons rester attentifs au poids culturel que nous portons. Dans notre civilisation occidentale, nous courrons toujours le risque de voir nos enfants manquer cette cible contemplative en raison des logiques décrites précédemment.

      A tel enfant à qui on demande pourquoi il prie Dieu on peut facilement imaginer trois types de réponse qui correspondent aux trois états de conscience (matérialiste, scientifique et contemplatif).

      Réponse 1 : « Pour obtenir de bonnes notes en classe »
      Réponse 2 : « Parce que je veux tout comprendre dans le monde »
      Réponse 3 : « J’aime lui parler. Il me parle. Je ne peux vivre sans penser à lui »

      « Prière sans conscience… n’est que vide pour l’âme »…Nous comprenons que la troisième attitude est celle de l’esprit contemplatif. Les deux premières attitudes peuvent être observées d’avantage chez des enfants au-delà de cinq ans. Les plus jeunes, lorsque l’environnement est favorable, s’expriment d’avantage comme la « Réponse 3 ».
      Nous avons tendance à enseigner les enfants selon les modalités qui contribuent à engendrer les réponses 1 et 2. Nous contraignons par exemple l’enfant à prier pour « obtenir la vie éternelle ». Or, cet aspect pratique et futur des choses n’a pas de « prise » sur lui car, comme le contemplatif, son regard se fixe sur un continuel présent. Nous lui proposons par ailleurs des explications scientifiques (causalité), alors que son esprit en réalité confond très souvent l’effet et la cause…

      Mais, lorsque qu’avec lui nous disons ou chantons : «Nous te louons, nous te bénissons, nous t’adorons… », l’enfant trouve son bonheur car son âme aime se confier à ce qui le dépasse sans calcul. Le temps viendra où, adolescent confirmé dans la vie, son intelligence pourra cheminer à travers les innombrables sentiers du réel. Mais, son âme ne survivra à ces pèlerinages que si elle a développé la pleine conscience de n’être humaine que parce que contemplative….

      Si nous voulons déjouer les déviations de notre civilisation occidentale, il nous faut renouer avec une Liturgie (dont les gestes nous apprennent à développer l’homme intérieur), avec les grands textes sacrés de la Bible et une vie contemplative théocentrique comme nous l’enseigne la tradition psalmique. C’est en se développant dans ce milieu favorable que l’enfant pourra goûter aux joies de la prière sans risquer de tomber dans les dangers d’une vie spirituelle faite d’automatismes.