vendredi 9 novembre 2012

L'éducation religeuse d'un enfant entre 0 et 3 ans

"L'éducation religieuse doit être fondée sur la psychologie de l'enfant."

Maria Montessori a fait œuvre scientifique en matière de religion; elle a donné à l'éducation religieuse des  fondements qui correspondent aux aspirations psychiques de l'enfant.  Comme pour toute autre aptitude fondamentale, Maria Montessori a observé que le développement spirituel de l'enfant répond aussi à des périodes sensibles. 
La première période sensible religieuse de l'enfant se situe entre 0 et 3 ansElle va de paire avec la période de l'esprit absorbant où l'enfant s'imprègne de façon phénoménale de son environnement. Elle est donc tout simplement essentielle. Sa méconnaissance pourrait permettre de comprendre pourquoi chez beaucoup d'adultes la religion se trouve réduite à une pure affaire de morale...quand elle n'est pas reléguée au "grenier" pour le peu de "valeur ajoutée" qu'elle semble apporter...
Dans ses conférences, Maria Montessori a développé les grandes lignes de l'éducation religieuse. Il ne sera pas ici question de matériel. Nous reviendrons sur cette question au fil du développement des enfants.

RELIGION ET ESPRIT ABSORBANT
Nous savons tous qu'un environnement bien préparé est un des points les plus importants de cette pédagogie. Pour l'instruction religieuse, il en est de même. L'environnement n'est pas ici réductible au matériel. C'est avant toute chose les lieux où se situe l'action religieuse elle-même.
Nous montrons à nos enfants de belles images ou de beaux tableaux afin de les sensibiliser au beau. Nous faisons écouter à nos enfants différents styles de musique pour qu'ils en aient plus tard le goût. Pour éduquer le sens religieux, nous devrions faire de même A une différence près précise Maria Montessori: en faisant attention à ce que la religion ne soit jamais  une simple "matière" parmi d'autres.
Elle précise ainsi : "Les écoles qui incluent la matière religieuse, traitent la religion comme une matière entre autres. Cela est une conception fausse. Je parle contre cette erreur, car la religion est plus que cela, elle est quelque chose de beaucoup plus grande et elle est totalement différente. Elle n'est pas une matière!" (cf son discours sur l'éducation religieuse à Londres en 1946)
"Il faut réfléchir à ce que la religion est un sentiment universel qui existe dans chaque être humain maintenant et depuis toujours. Ce n'est pas quelque chose qu'on doit amener à l'enfant.(...) La religion est quelque chose qui est à l'intérieur de chaque âme. (...)
Si la religion nous manque, il nous manque quelque chose de fondamental pour le développement de l'être humain"

Alors comment faire pour que l'enfant puisse "spontanément" développer son axe spirituel? La question se pose d'autant plus aujourd'hui que la religion relève le plus souvent de la sphère privée. L'enfant est donc de plus en plus rarement au contact des grandes manifestations religieuses. Et pourtant son aspiration est là...Elle attend cette rencontre avec le sacré...
"C'est un sentiment qui est là et qui se développe. C'est quelque chose de vivant qui doit se développer par l'influence de l'environnement. Nous devons aménager un bon environnement, cela est fondamental."

Déjà, dans l'environnement proche, donc à la maison, l'enfant doit pouvoir côtoyer des images "saintes", des statues, un lieu de prière, des objets religieux. Quand l'enfant voit ces objets autour de lui, ils doivent avoir une importance, une beauté particulière qui attire le regard de l'enfant. C'est l'activité caractéristique propre à l'esprit absorbant qui lui permet de développer très tôt une véritable dynamique spirituelle.
"Si nous réfléchissons, nous pouvons reconnaître que l'éducation religieuse est particulièrement importante à l'âge où l'enfant absorbe tout de son environnement. Cette façon d'absorber est un cadeau de la nature. Pendant ce temps, l'enfant doit trouver la nourriture pour son développement spirituel. C'est la période de 0 à 6 ans. (...) Le sentiment religieux est crée pendant cette période et ne sera plus tard que développé. C'est pour cela que cela nous amène à déduire que nous devons enseigner la religion aux enfants tout petits. Je pense que nous devons enseigner la religion dès la naissance."
Voilà une interpellation qui ne manquera pas de surprendre. Mais, là encore, le principe posé par Maria Montessori trouve son origine au cœur de ses expériences auprès des enfants.
C'est pour cette raison qu'elle recommande fortement aux parents d'emmener l'enfant à l'église de sorte qu'il participe dès sa naissance aux cérémonies religieuses. Ses sens tout en éveil s'imprègneront profondément des rites qui d'abord le berceront avant d'être "captés" par son regard attentif.


L'ENFANT: CET EMBRYON SPIRITUEL
Maria Montessori défend la réalité spirituelle que représente l'enfant. Elle a su discerner en lui ce sens de l'élévation qui porte tout homme à dépasser la stricte réalité matérielle.
"Il y a, comme vous l'avez vu, dans l'enfant une attirance qui est bien plus haute que la vie matérielle. Cette tendance d'élévation existe toujours. Il est naturel pour l'esprit de continuer dans l'abstraction. L'esprit aussi a tendance a s'élever et l'être humain doit être compris de cette façon: il ne reste pas sur le même niveau mais aspire vers le haut. Nous avons pu observer dans nos écoles comme l'enfant est intéressé par "la vie dans l'église". Les lumières par exemple, les bruits bas, le silence, la façon dont les gens bougent... tout cela intéresse énormément les petits enfants."
Et Maria Montessori poursuit plus loin: " Nous voyons donc, qu'il y a une période sensible chez l'enfant qui lui permet de saisir la religion de façon sensorielle
A cet âge, l'enfant ne possède pas qu'une grande finesse de sensibilité, mais aussi l'aptitude de comprendre beaucoup plus profondément que ce que nous apercevons nous-même. Et parmi les sensibilités que l'enfant possède à cet âge, est le besoin de se sentir protégé, et le sentiment d'être certain qu'il est protégé. C'est pour cela qu'il est nécessaire que la mère qui donne l'éducation religieuse à un enfant si jeune, lui laisse sentir qu'il y a une protection surnaturelle, qu'il y a une protection très puissante.
Un enfant de cet âge-là est très intuitif et la mère parle de même avec une facilité des anges-gardiens qui protègent l'enfant, de Dieu prend part à cette protection. La mère apprend à l'enfant les premières prières.
Il est, comme nous l'expliquons avec notre pédagogie, fondamental, de donner à l'enfant ce dont il a besoin pour son auto-développement pour le libérer ensuite pour l'autonomie. Dans toutes les situations nous devons garder à l'esprit la phrase "Aide-moi à faire seul!". C'est pour cela, il faut donner les aides d'une façon très subtile. Nous ne devons pas penser qu'il est difficile d'instruire  l'enfant du sens religieux. Au contraire, nous devons être conscient que l'enfant a une sensibilité extraordinaire et nous devons faire attention et procéder très lentement quand nous proposons à l'enfant l'instruction religieuse."

Selon Maria Montessori, l'éducation religieuse à cet âge se fait également par les histoires. Des histoires simples. Des histoires bien choisies. Le point central devrait être la Nativité. Les livres pour enfants qui parlent de la naissance de Jésus doivent être simple, avec des belles illustrations et beaucoup de vie...Le mystère de Noël est donc naturellement le cœur de l'éveil religieux des plus petits. C'est au contact de la Crèche qu'ils peuvent déjà sentir  la grâce de cette grande vérité développée par les Pères de l'Eglise: "Dieu s'est fait homme, pour que l'homme soit fait Dieu". Dans l'Eglise le temps liturgique qui entoure Noël dure près de 3 mois (de l'Avent à la fête de la présentation au temple le 2 février). Pendant le temps d'un trimestre nous avons l'occasion de permettre à l'enfant d'absorber le plus beau des mystères. Si nous utilisons vraiment ce temps avec l'enfant entre ses 3ans et ses 6 ans, nous lui aurons offert rien de moins qu'un an de "médiation" autour de la naissance de Jésus. Qui a conscience de ce qu'est l'esprit absorbant pourra facilement imaginer la sensibilité religieuse que l'enfant aura déjà développé...

MORALE ET RELIGION
 L'une des caractéristiques de la pédagogie Montessori en matière religieuse est l'absence d'implication morale au commencement. Puisque l'enfant ne connaît sa période sensible "morale" qu'entre 6 et 12 ans, une initiation religieuse avant cette âge évitera toute collision entre spiritualité et morale. Il ne s'agit pas d'évacuer la question morale de la sphère religieuse. Il s'agit de reconnaître qu'elle ne se pose pas entre 0 et 6 ans et qu'ainsi l'enfant ne pourra pas vivre une réduction de la religion à la morale. C'est un point très important, car la religion évite ainsi de devenir un enjeu de régulation purement moral. La nature humaine est bien faite. En donnant à l'enfant une nourriture spirituelle au plus tôt, on lui permet de ne pas vivre la religion comme une simple affaire de morale. On accompagne le développement de sa conscience. C'est là le point fondamental. Car, au fonds, la religion n'est rien s'il elle n'est pas l'œuvre d'une conscience qui s'affine jour après jour. L'éducation par exemple est une affaire de conscience. Je peux avoir en tête tous les principes éducatifs que je veux, si je ne suis pas conscient des étapes qui constituent le développement psychique de l'enfant, je serai en difficulté pour l'accompagner. L'éducation religieuse doit se comprendre comme une prise  de conscience progressive de la réalité dans laquelle nous vivons et de l'Information Essentielle qui l'anime. Dans cette logique, on aura compris  qu'ici conscience ne rime pas avec subjectivité mais avec la plus grande objectivité qui soit. Les questions morales ne sont pas évacuées. Mais, celles-ci ne pourront jamais en épuiser le contenu. Surtout, lorsqu'il s'agit de saisir et de vivre ce que la première lettre de la Bible récapitule: l'Amour...
 Pour ne pas perturber le développement des enfants en matière spirituelle, Maria Montessori insiste sur la grande vigilance qui doit être celle de l'adulte. Il nous arrive souvent d'affirmer devant les enfants des principes que nous contournons dès que nous pouvons. "Les enfants reçoivent avec confiance et sérieux tout ce que nous leur disons". Nos incohérences sont pour eux de véritables ondes de choc. Mais, ils sont aussi capables de comprendre nos faiblesses à condition que nous sachions les reconnaître...tout simplement.

L'ENFANT EST "CAPABLE" DE DIEU
Maria Montessori a souvent raconté l'histoire d'une petite fille à qui les parents avaient appris à prier pour les autres. On priait ainsi pour la cuisinière, les frères et soeurs, les parents, etc. Un jour cette petite fille voit sa maman et lui dit: "Je veux prier pour tout le monde". La prière des enfants est souvent plus vaste que celle des adultes. Elles ne possèdent pas les frontières que l'adulte mettra par la suite comme pour se protéger d'éventuelles "invasions" spirituelles...
Et Maria Montessori de s'insurger contre notre vision trop étroite: "Ne rétrécissons pas la nature de l'enfant. Donnons lui tout et pas seulement les petites choses, la nourriture et les besoins matériels. Si nous lui donnions l'idée de Dieu et qu'il ne parvenait pas à comprendre, qu'est- ce que cela aurait pour conséquence? Il ne s'agit pas d'une connaissance dangereuse. Ayons donc le courage de donner beaucoup aux enfants. Ainsi seront-ils heureux et reconnaissants. Apprenons aux enfants à prier pour tous, ainsi auront-ils de grandes pensées au fonds de leur âme. Donnons leur la religion comme une révélation. Si nous leur donnons la religion comme quelque chose de quelconque, alors quelque chose aura été abîmé dès le commencement de leur vie. (...) L'âme des enfants se nourrit de grandes choses. Ils ont faim de notre aide. Ils attendent notre aide. A quoi sert l'éducation si on ne leur donne pas cela? Les mots n'aident pas, le monde spirituel doit être ouvert aux enfants".

A suivre...nous présenterons bientôt le programme catéchétique du Bon Berger (catéchisme "montessorien") pour les enfants de 3 à 6ans.

Montessori, la leçon du silence et la prière liturgique

Maria Montessori et la leçon du silence

Un jour Maria Montessori lança un défi à l'une de ses classes. Elle entra avec un nourrisson  calme dans les bras et leur demanda s'ils étaient capables de rester ainsi en silence. Elle fut  alors véritablement impressionnée...Elle comprit que les enfants désiraient régulièrement retrouver cet état de calme intérieur. Elle réalisa que cette manifestation traduit un désir psychique profond de l'enfant. Ainsi, elle introduisit un élément fondamental dans  sa pédagogie: la leçon de silence.

Quel  est le but de la leçon de silence selon Maria Montessori?

"Un tout autre genre d'exercices de contrôle des mouvements est celui qui permet de rendre possible le silence absolu. Il n'est pas question d'un silence approximatif, mais d'une perfection atteinte graduellement sans qu'un son soit émis, sans qu'on laisse entendre le plus petit bruit, pas le moindre mouvement des mains et des pieds. (...) L'enfant, devenu maître de ses actes grâce à un exercice répété, satisfait par l'emploi de son activité motrice utilisée de façon plaisante et intéressante, est un enfant joyeux et bien portant, qui se distingue par son calme et par sa discipline".

Comment se déroule une leçon de silence?

Les enfants sont rassemblés. L'éducateur se tient à distance. Il leur présente un pictogramme sur lequel est inscrit "silence". Il peut aussi mettre un doigt sur sa bouche pour introduire cette leçon. Ensuite, il appelle nominativement les enfants un par un. Le plus silencieusement possible les enfants viennent se placer devant l'adulte. Chacun doit garder le silence jusqu'à ce que le dernier élève se soit présenté.
Pour permettre aux enfants de goûter la sensation du silence, il faut les aider à contrôler leurs gestes. "La conscience doit être amenée à contrôler le moindre mouvement dans tous ses détails pour obtenir l'immobilité absolue qui engendre le silence". Le silence n'est pas que la propriété des sages  ou des moines. Les enfants très jeunes y parviennent. Il se traduit par un arrêt de toute agitation et un recueillement attentif par le contrôle des gestes. Les enfants deviennent conscients de leurs membres. Ils sont attentifs à leurs mouvements. Leur apprendre à nommer les différentes parties de leurs corps accroît cette prise de conscience. Des exercices rythmiques qui associent musicalité et mouvement corporel conscient peuvent favoriser cet apprentissage. On pourra inviter l'enfant à effectuer un mouvement en suivant le rythme musical avant de lui demander de commander à ses pieds et à ses mains de rester tranquilles. L'enfant percevant la maîtrise qu'il a de lui-même montrera une vraie joie toute de calme et de sérénité.

Si cette leçon de silence est féconde pour l'apprentissage de la vie religieuse, elle garde aussi toute son importance pour le développement du caractère de l'enfant et sa croissance intellectuelle. Pratiquée régulièrement au fil des occasions qu'offrent une journée, l'aptitude à vivre un silence profond deviendra une force pour l'enfant et une marque indélébile de sa liberté croissante.

Recueillement et apprentissage liturgique

La prière est faite de recueillement. Les discours ne peuvent le causer. Seule une juste disposition de l'âme et du corps le permettent. Le silence s'apprend. Il se découvre dans un milieu favorable: c'est le rôle de toute l'architecture sacrée. Il survient lorsque le corps est détendu: c'est l'enseignement du geste liturgique.
Un milieu favorable et un entraînement des corps sont donc nécessaires pour permettre le recueillement. La liturgie offre tout cela. Par l'ambiance qu'elle déploie, par les gestes qu'elle transmet, la liturgie est la matrice de la vie spirituelle. En interpellant l'homme dans son corps, elle s'adresse à chacun au-delà de la variété de nos âges et de nos aptitudes intellectuelles. Elle n'exclut personne, car elle n'a rien d'un discours théologique. Elle saisit l'homme corps et âme. Elle l'invite simplement à tendre son oreille intérieure. Elle prépare l'homme à entendre l'appel de Dieu. Elle l'invite a y répondre: Adsum, me voici.
L'univers liturgique s'accorde parfaitement à celui de l'enfant. A son contact, tous ses sens sont en éveil. Il y a tant à observer: autels, objets liturgiques, ornements, mouvements...Il y a tant à entendre: prières, musiques, silence...Il y a tant à sentir: parfums d'encens et fleurs varient par le jeu des solennités. Il y a tant à faire: on se tient de bout, on s'agenouille, on se signe, on chante, on fixe l'autel....
Frappé par tous ses sens, l'enfant se laisse captiver par l'activité liturgique. Or toute cette activité converge vers le recueillement. Trop souvent l'enfant, contraint à l'immobilisme, se disperse par des réactions violentes. La liturgie est une activité parfaite en ce sens qu'elle ne connaît pas de divorce entre l'activité musculaire et l'activité psychique ou spirituelle. Il n'est que d'observer de petits enfants servir la messe. Ils parviennent très jeunes à rester calme et recueilli grâce à l'équilibre entre mouvements musculaires que nécessite les différentes actions liturgiques et la perfection du geste qu'exige le lieu sacré où ils s'accomplissent. L'ambiance spirituelle qui se dégage parmi les enfants lors d'un pèlerinage est tout aussi étonnante: l'implication forte et ordonnée de leur corps stimule leurs aspirations spirituelles. A croire qu'on devient mieux philosophe en marchant plutôt que scellé sur un banc...A croire que le meilleurs "leçons" de catéchisme se font en mouvement...
L'enfant est capable du silence. C'est même l'une des caractéristiques de son psychisme. Pas encore encombré par les soucis du monde et les discours incessants, il communie facilement avec le monde invisible. Le silence et l'observation soutenus lui en donnent l'occasion.

Prière sans conscience.. n'est que vide pour l'âme

Lorsque nous cherchons à cerner les caractéristiques de la civilisation occidentale moderne au regard de la tradition biblique, nous pouvons constater que nous vivons dans un monde qui a évacué le regard contemplatif. Notre civilisation se trouve enfermée dans les logiques du sens technico-pratique et du sens scientifique soumettant ainsi le développement de l’esprit aux limitations du matérialisme et du rationalisme.

Une chose est de prendre conscience des limites ou contraintes qu’imposent à chacun les faiblesses d’une culture. Une autre est de trouver le remède qui restaure l’homme dans sa dimension ontologique. Une fois encore, l’enfant nous ouvre des pistes…car il semble que sa nature possède d’elle-même l’état d’esprit métaphysique que l’on retrouve chez tous les grands personnages de la Bible.


Cependant, ces traits spirituels de l’enfant peuvent s’altérer jusqu’à disparaître, si l’on ne lui permet pas de suivre la direction que ses énergies lui inspirent, en lui offrant l’environnement adéquat.

Nous courons en effet le risque, sans nous en apercevoir, de transmettre aux enfants une vie religieuse toute empreinte de matérialisme ou de rationalisme scientifique là où seul l’esprit de contemplation peut venir combler leur soif d’absolu.

La conscience peut prendre des directions différentes selon qu’elle se développe suivant les normes internes du sens pratique (matière), de la culture scientifique (intellect) ou de l’esprit de contemplation (esprit). Ces trois dynamiques d’appréhension du monde peuvent conduire à des niveaux de lecture du réel foncièrement différents. Une montagne sera ainsi regardée différemment par un professeur de ski, un géologue ou un ermite. Or, si l’on y fait attention, l’état d’esprit d’un enfant de moins de 5 ans sera plus proche de celui de l’ermite au regard contemplatif.

L’esprit pratique recherche la satisfaction immédiate. Il jauge la quantité l’efficacité et le rendement. L’esprit scientifique cherche à dégager les lois en différenciant et comparant ce qu’il induit de la réalité. Moins intéressé par son activité propre, il court néanmoins le risque de rester centré sur ses découvertes sans parvenir à s’émerveiller de ce qui le dépasse. Certains scientifiques sont matérialistes… D’autres deviennent contemplatifs car ceux-là savent s’incliner devant l’Infini.

Toutes les grandes figures bibliques et les grands auteurs de l’histoire sainte (peu importe leurs chutes ou leur limites) partagent ce trait commun : une attitude théocentrique qui libère leur « moi » de toute tentation individualiste ou communautariste. Leur vie est celle de l’esprit qui par cette radicale ouverture au Tout-Autre fait grandir leur conscience. La Bible restera ainsi toujours, avant tout, une école de contemplation.
Lorsque nous souhaitons aider les plus petits à développer le sens de l’esprit, nous devons rester attentifs au poids culturel que nous portons. Dans notre civilisation occidentale, nous courrons toujours le risque de voir nos enfants manquer cette cible contemplative en raison des logiques décrites précédemment.

A tel enfant à qui on demande pourquoi il prie Dieu on peut facilement imaginer trois types de réponse qui correspondent aux trois états de conscience (matérialiste, scientifique et contemplatif).

Réponse 1 : « Pour obtenir de bonnes notes en classe »
Réponse 2 : « Parce que je veux tout comprendre dans le monde »
Réponse 3 : « J’aime lui parler. Il me parle. Je ne peux vivre sans penser à lui »

« Prière sans conscience… n’est que vide pour l’âme »…Nous comprenons que la troisième attitude est celle de l’esprit contemplatif. Les deux premières attitudes peuvent être observées d’avantage chez des enfants au-delà de cinq ans. Les plus jeunes, lorsque l’environnement est favorable, s’expriment d’avantage comme la « Réponse 3 ».
Nous avons tendance à enseigner les enfants selon les modalités qui contribuent à engendrer les réponses 1 et 2. Nous contraignons par exemple l’enfant à prier pour « obtenir la vie éternelle ». Or, cet aspect pratique et futur des choses n’a pas de « prise » sur lui car, comme le contemplatif, son regard se fixe sur un continuel présent. Nous lui proposons par ailleurs des explications scientifiques (causalité), alors que son esprit en réalité confond très souvent l’effet et la cause…

Mais, lorsque qu’avec lui nous disons ou chantons : «Nous te louons, nous te bénissons, nous t’adorons… », l’enfant trouve son bonheur car son âme aime se confier à ce qui le dépasse sans calcul. Le temps viendra où, adolescent confirmé dans la vie, son intelligence pourra cheminer à travers les innombrables sentiers du réel. Mais, son âme ne survivra à ces pèlerinages que si elle a développé la pleine conscience de n’être humaine que parce que contemplative….

Si nous voulons déjouer les déviations de notre civilisation occidentale, il nous faut renouer avec une Liturgie (dont les gestes nous apprennent à développer l’homme intérieur), avec les grands textes sacrés de la Bible et une vie contemplative théocentrique comme nous l’enseigne la tradition psalmique. C’est en se développant dans ce milieu favorable que l’enfant pourra goûter aux joies de la prière sans risquer de tomber dans les dangers d’une vie spirituelle faite d’automatismes.

L'Atrium lieu d'initiation à la prière

L’atrium était autrefois la pièce principale de la maison romaine. Il est devenu ensuite l’enceinte extérieure de la basilique chrétienne réservée aux catéchumènes (personnes non encore baptisées ne pouvant ainsi participer aux Saints Mystères).



Ce terme architectural a été par ailleurs repris par Maria Montessori pour servir de concept à l’élaboration du « milieu favorable » à l’éducation religieuse. Afin de pouvoir participer au Culte de l’Eglise, il convient d'abord d’en apprendre tout le cérémonial pour favoriser une participation active lors de son déploiement au fil de l'année liturgique.

Réflexions bibliques sur le lieu de prière

Toute la Liturgie de l’Eglise, véritable pédagogie d’initiation au dialogue avec Dieu, trouve son origine dans les textes fondamentaux de l’Exode. A y regarder de près, il semble que la sortie d’Egypte ait un but beaucoup plus important que celui d’atteindre la Terre promise géographique. Dans le conflit qui l’oppose à Moïse, Pharaon reçoit l’ordre suivant : « Laisse partir mon peuple, qu’il me rendre un culte dans le désert » (Ex, 7,16). On voit bien dans ce passage que l’objectif principal de l’Exode est l’adoration dans la forme liturgique que Dieu proposera ensuite à son Peuple. La Bible récapitule ainsi toute une pédagogie divine qui vise à enseigner à l’homme les chemins de sa relation à Dieu.

Avant de se révéler à Moïse, Dieu prépare son élu en lui permettant de développer progressivement une prise de conscience qui le rende apte au dialogue avec Lui. Il est intéressant de noter que la Liturgie de l’Eglise, dans sa structure fondamentale, n’a fait que se calquer sur cette pédagogie divine. C’est ce que rappelle Hélène Lubienska, disciple de Maria Montessori et spécialiste de la pédagogie religieuse, dans son ouvrage «la Liturgie du Geste».

Reprenons le texte et relevons-en avec elle les traits essentiels (Ex, 3, 1-6) :
  1. Dieu ne se laisse connaître que dans un lieu propice au recueillement (en l’occurrence le désert). La Liturgie s’attache toujours d’abord à aménager ce lieu en jouant notamment sur la tension obscurité/lumière
  2. L’Ange de Yahvé apparaît à Moïse dans une flamme. Le Pédagogue divin éveille la conscience de son serviteur en interpellant ses sens qui sont les fenêtres de l’âme comme le rappelle saint Thomas. La Liturgie s’appuie sur tous les stimulants sensoriels possibles pour éveiller la conscience des fidèles : regard, ouïe, odorat sont marqués par des impressions dont la nature symbolique est propre à élever l’âme... du visible vers l’Invisible…
  3. Moïse dit ensuite : « je veux me retourner pour voir cette vision ». La conscience ayant été éveillée, le fidèle, tout comme Moïse, se détourne du monde éphémère et se dispose à entendre l’appel de Dieu.
  4. Dieu appel Moïse qui répond immédiatement « Me voici ». Ayant été bien préparé la conscience acquiesce généreusement à cet appel vibrant.
  5. Dieu ajoute ensuite : « Ne t’approche pas d’ici, ôte les sandales de tes pieds ». Dieu ne se laisse saisir que par le truchement de rites qui empoignent l’homme corps, âme et esprit pour l’ouvrir progressivement aux profondeurs de sa Miséricorde. Les rites liturgiques (décrits notamment en rouge dans le Missel) enseignent à l’homme l’attitude physico-psychique qui peut permettre à son esprit de s’ouvrir à la Présence de Dieu.
  6. Dieu conclut cette séquence en se révélant : « Je suis le Dieu de ton Père, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ». On voit comment les rites que Dieu propose à l’homme (« ôte tes sandales »), le conduise à la connaissance intime de sa Présence.
On notera donc comment ces éléments de pédagogie divine structurent la vie Liturgique de l’Eglise et combien donc cette Liturgie est d’essence biblique.

Pour favoriser le développement spirituel des enfants et leur donner l’occasion de rencontrer Dieu, il convient de leur créer ce milieu favorable en s’inspirant de la structure biblique décrite précédemment. Chaque parent peut en concevoir le plan en respectant les éléments de la pédagogie divine : un lieu propice au recueillement qui provoque un « étonnement » sensoriel et qui exige une tenue faite de vigilance. Pour que les plus petits puissent s’approprier ce lieu de prière, il est bon d’y disposer quelques belles images ou statuettes qu’ils pourront manipuler à leur guise. Ce lieu prendra de préférence une ressemblance avec l’Eglise et notamment son point focal qu’est l’autel.

Petite application pratique de la mise en place d'un atrium

Nous avons réalisé le nôtre de la façon suivante : un petit autel couvert d’une nappe qui change suivant le temps liturgique, un grand tableau du Bon Pasteur, une petite croix en émail, un berger et un mouton, deux cierges et un petit palmier. Chaque objet à une valeur symbolique pour orienter l’esprit et lui ouvrir un chemin de contemplation.



Le bon Pasteur : pour les Pères de l’Eglise, la parabole de la brebis perdue est certainement celle qui évoque le mieux cet Amour de Dieu qui guide et qui protège. Le bon Pasteur porte chacun d’entre nous. L’enfant en regardant cette image découvre déjà la personnalité de Celui qui sera le Chemin de sa vie spirituelle. Petit à petit, il comprendra que le Christ Bon Berger est cet Homme-Dieu qui souhaite emmener chaque être humain pour le ramener à la maison du Père en qui réside le principe de toute chose.


La croix : elle est à la fois le résumé de la foi chrétienne et son signe fondamental. Elle récapitule toute l’histoire sainte et celle du cosmos en étant cet Arbre de vie dont la Miséricorde « ouvrit les bras et embrassa le cercle de la terre » (Grégoire de Nysse). Elle est le signe par lequel nous appelons sur nous toutes les bénédictions de Dieu.

Le Berger : figure religieuse de la Bible, il représente l’homme non sédentaire, celui qui est capable de quitter sa terre comme Abraham pour partir à la rencontre de Dieu. Il symbolise aussi l’homme qui veille, le sage qui sait voir car il reste éveillé.


Le cierge et sa flamme : symbole de l’ascension spirituelle, la bougie allumée nous rappelle notre besoin de « verticalité ». Deux bougies éclairent ce lieu de retraite, car chaque nombre dans la Bible renvoie à une lettre de l’alphabet hébraïque. Chacune comporte une signification spirituelle. Le nombre "deux" renvoie à la lettre «Beit». La signification archaïque de cette lettre est la maison (Bethléem, la maison du pain), ce lieu qui réunit l’amour de l’homme et de la femme, impliquant l’intimité et l’ouverture vers l’infini. C’est la première lettre de la Bible qui en résume toute la portée en rappelant le prologue de l’Evangile de saint Jean : Dans le principe est l’Amour…

Le palmier : « les justes croissent comme le palmier » nous enseigne le psaume 92 de la Bible. Le palmier ne doit sa survie qu’à la présence d’une nappe d’eau dans le désert. Cet arbre vigoureux et élancé offre au voyageur toutes les vertus nutritives dont il a besoin pour poursuivre sa marche. Ses caractéristiques en font l’un des symboles majeurs de la vie chrétienne. Ses profondes racines font sa force et lui permettent de conserver ses palmes toujours vertes malgré la chaleur. Son écorce extérieure est rude mais son cœur est tendre. C’est un arbre protecteur dont la haute stature permet la floraison d’autres arbres et cultures (orangers, abricotiers oliviers, etc) Par sa présence visible dans le désert, il indique au voyageur la présence de l’eau qui désaltère.

Ce petit Atrium ressemble donc à un petit guide spirituel vivant. Chaque symbole est un point d’appui. Pour l’adulte le geste traduit un état d’âme. Pour l’enfant, chaque geste lui enseigne une disposition spirituelle qu’il ne pourrait assimiler par des paroles.

Quelques petits rites viennent rythmer ce moment de calme. Chacun prend son coussin pour s’agenouiller. La lumière paisible des cierges invite à retrouver l’essentiel. Quelques chants, quelques paroles d’actions de grâce, un baiser de la croix, et du silence avant qu’un petit souffle vienne endormir la flamme invitant chacun à profiter du mystère de la nuit.

La crèche qui se constitue toute l'année

Au cours de l’année, les nappes changeront de couleur marquant ainsi les temps liturgiques. Les personnages eux-aussi varieront au fil des mois pour nous enseigner d’autres attitudes spirituelles. Saint François d’Assise, avec son âme d’enfant, eut une idée géniale en créant la première crèche. Elle est en réalité une école de prière. L’enfant dont l’apprentissage spirituel est éminemment sensoriel gagnerait certainement à pouvoir approcher ces figures religieuses tout au long de l’année. Les personnages pourraient alors tous se retrouver le soir de Noël pour célébrer la Nativité de l’Enfant-Dieu.

Maria Montessori et l'éducation religieuse

L'œuvre éducative de Maria Montessori est répandue dans le monde au travers des quelques milliers d'écoles qui existent ainsi que par la diffusion de ses ouvrages. Cependant, l'un de ses apports majeurs semble être resté dans l'ombre, alors qu'il coïncide parfaitement avec une double réforme inspirée par le pape saint Pie X, au sein de l'Eglise, au début du siècle dernier: la communion pour les petits enfants et le renouvellement de l'esprit liturgique.
Or, le travail scientifique que Maria Montessori mit au service du développement de l'enfance a connu une extension décisive au niveau de l'éducation religieuse à travers notamment une explication pédagogique de la liturgie et une assimilation biblique ancrée sur la figure du Bon Pasteur. Saint Pie X, bien connu pour sa sensibilité au monde de l'enfance, a réagi positivement aux travaux de la pédagogue en saluant cette "œuvre de régénération de l'enfance". L'année suivante, lors de la fête de Pâques, il envoie ce message de bénédiction à des religieuses tenant une maison de l'enfance: " Aux chers enfants de cette maison Montessori, acceptant de tout cœur leurs bons vœux pour la fête de Pâques, dans l'espérance qu'ils continuent à prospérer. Que leurs professeurs et les Franciscaines missionnaires de Marie reçoivent de tout cœur notre bénédiction apostolique sous la bienveillance et les auspices de la grâce divine" (donné au Vatican, 1911 par le pape Pie X).
Non seulement les papes ne sont pas restés indifférents à cette révolution pédagogique mais ils l'ont par ailleurs appuyée comme le montre le discours du pape Paul VI le 17 septembre 1970 lors du congrès international consacré à Maria Montessori. Source ici
Maria Montessori, partageant l'intuition fondamentale de saint Pie X sur la vie spirituelle des plus petits, a œuvré jusqu'à la fin de sa vie pour défendre leurs capacités à saisir magnifiquement les réalités les plus hautes. Voici l'un de ses derniers messages sur le sujet visant à encourager des enseignants catholiques rassemblés à Londres: " Jamais comme à ce moment, la Foi chrétienne n'a nécessité l'effort sincère de ceux qui la professent. Je voudrais demander à chacun d'entre vous qui êtes rassemblés à ce congrès de considérer la grande aide que les enfants peuvent apporter à la défense de la Foi. Les enfants viennent à nous comme une rosée d'âmes, comme une richesse et une promesse qui peut toujours s'accomplir mais qui nécessite l'aide de nos efforts pour cela.
Ne considérez pas l'enfant comme un être faible. Il est l'artisan de la personnalité humaine. Que cette personnalité devienne chrétienne ou non dépend de l'environnement qui l'entoure et de ceux qui sont les guides de sa formation religieuse.
Ne pensez pas que, parce que l'enfant ne peut comprendre de la même façon que les adultes, il lui est moins facile de participer aux activités religieuses. La Foi la plus étonnante et la plus profonde se trouve généralement chez les gens simples. Prenez par exemple ces femmes qui emmènent leurs enfants à l'Eglise en les allaitant: l'esprit inconscient de l'enfant absorbe cette ambiance divine tandis que la conscience raisonnante de l'adulte reste simplement humaine. Vous qui vous réjouissez de ce don d'appartenir à la Foi catholique, vous devez reconnaître la grande responsabilité qui est la vôtre pour les générations futures car vous avez renoncé au monde pour amener le monde à Dieu. Prenez les enfants comme une aide dans votre tâche avec foi et humilité. Ayez soin que leur regard limpide de ne soit pas abîmé. Protégez en eux ces énergies naturelles inscrites dans leur âme par la main guidante de Dieu. Puisse Dieu être avec vous pendant ce congrès et vous aidez dans vos conclusions et vos décisions".

Pour accompagner ce besoin de régénération spirituelle au sein de l'Eglise, Maria Montessori a appliqué sa pédagogie éducative à la formation religieuse en développant le premier atrium en 1915 à Barcelone. La fonction de ce lieu catéchétique, inspiré des écoles pour l'enfance, est d'initier notamment aux mystères liturgiques à travers une découverte concrète des objets du culte et des prières de la messe. Elle écrivit par ailleurs en 1933 un ouvrage intitulé "La Messe expliquée aux enfants" comme support pédagogique de son action de formation religieuse. L'un des points majeurs de son apport tient certainement à la place centrale qu'elle donne à la Liturgie dans l'apprentissage religieux. Cet aspect de son œuvre, malheureusement assez inconnu sur notre continent, pourrait aujourd'hui encore contribuer à développer, parmi les nouvelles générations, ce sens du sacré que l'Eglise cherche à remettre au cœur de la vie liturgique.
Dans son introduction à son ouvrage sur la messe, elle rappelle quel regard porte Jésus sur les plus petits: "Notre Seigneur percevait dans les enfants quelque chose que les adultes ne percevaient pas il y a deux cents ans et qu'ils ne perçoivent toujours pas. Cependant, les Évangiles affirment pleinement que beaucoup de mystères doivent être révélés aux plus petits. L'enseignement du Christ sur les enfants touche le cœur de leur éducation. Ils ont une personnalité différente de la nôtre et certaines impulsions spirituelles sont vivantes en eux qui sont souvent atrophiées chez l'individu devenu adulte. Nous devrions toujours gardé cela à l'esprit pour ne pas seulement leur offrir le plus noble des enseignements, mais leur offrir dans la forme qui leur convient. Nous sommes tenus d'aider les enfants en leur enseignant ce qu'ils ont besoin de savoir sur la religion, mais nous ne devrions pas oublié que l'enfant peut nous aider aussi, car il nous montre le chemin vers le royaume de Dieu".
Nous reviendrons souvent sur cette question de l'éducation religieuse notamment sous son aspect liturgique. Il est probable que le renouveau spirituel à venir passe par une nouvelle assimilation des richesses liturgiques par les plus petits d'entre nous. Le silence et la prière se découvrent au contact de la Liturgie. Elle constitue donc un enjeu éducatif majeur pour le 21 ème siècle. Leur faire découvrir, c'est donner aux générations suivantes des hommes de paix.

Dieu, l'enfant et nous

Sur une question aussi intime et personnelle que l'activité religieuse, nous pouvons avoir une difficulté à déterminer comment il est souhaitable d'accompagner l'enfant dans sa croissance spirituelle. Entre lui imposer une "astreinte" religieuse quotidienne et le laisser sans nourriture jusqu'à ce qu'il choisisse totalement de lui-même un éventuel chemin spirituel, y a-t-il une alternative qui respecte l'enfant et ses aspirations?
C'est un sujet complexe. Nous ne donnerons que quelques pistes de réflexions qui sont le fruit d'expériences religieuses parmi les enfants.

Voilà deux mois, nous avons vécu l'histoire suivante. Une petite fille vient chez nous et joue dans la chambre de Grégoire. Soudain, son regard se fixe. Elle aperçoit un petit crucifix en émail. Elle le prend entre ses petites mains, me regarde et me dit: "tu crois en Jésus". Je réponds "oui". Elle reprend: "mes parents n'y croient pas mais moi si car sans lui tout s'effondrerait au-dessus de nous". No comment...

Maria Montessori rapporte dans le premier volume de sa Pédagogie scientifique une histoire semblable. Un enfant n'ayant reçu aucune éducation religieuse fonds un jour en larme en disant:"Ne me grondez pas; en regardant la lune, j'ai senti la peine que je vous ai faite et j'ai compris que j'ai offensé Dieu".

Dans son ouvrage intitulé "Le potentiel religieux de l'enfant", Sofia Cavalletti (une disciple de Maria Montessori qui a consacré une large partie de sa vie à la pédagogie religieuse) relate d'autres expériences de ce type. Elle rapporte qu'un petit garçon de cinq ans nommé Francesco demande un jour à a mère: "Qu'aimes-tu le plus, moi ou Dieu"? Sa mère, non croyante, lui répond: "c'est toi que j'aime le plus". Et le petit Francesco de la reprendre:"Je pense que c'est une grosse erreur".

En ce domaine, plus encore qu'en tout autre, il nous faut laisser de côté nos à priori d'adultes et recourir à l'observation pour découvrir les lois du psychisme de l'enfant. Tout le temps de la grossesse devrait d'ailleurs nous aider à porter un regard juste sur lui. Nous parlons facilement de "notre" enfant. Mais, nous savons bien que notre action volontaire apporte peu au développement embryonnaire. L'âme d'un enfant est un mystère qui nous échappe. Mais, comme la sage-femme qui sait accompagner la vie jusqu'à la naissance, nous avons pour mission de servir le développement de sa personnalité. Nous ne sommes pas les constructeurs de sa vie, nous en sommes les serviteurs.


Afin de pouvoir accomplir cette mission, il nous faut partir à la découverte de l'enfant. Lui-même nous montre le chemin que nous pouvons emprunter pour servir son développement. C'est en comprenant toutes les lois physiologiques, psychiques et spirituelles qui le tissent que nous pouvons lui apporter l'aide qu'il recherche.

Quelles sont donc les traits qui caractérisent l'embryon spirituel qu'est l'enfant?
  1. L'enfant montre une capacité d'émerveillement permanente: un rien peut l'étonner (c'est à dire frapper son psychisme comme un coup de tonnerre) et absorber son regard un long moment.
  2. L'enfant est un être qui cherche l'amour dans la relation: il semble en avoir un besoin infini qu'aucune présence humaine ne parvient à combler. Pour autant, il nous prend facilement dans ses bras et peut parvenir à nous consoler.
  3. L'enfant possède un mode de connaissance unique: il formule souvent des questions et des réponses qui nous laissent sans voix comme s'il possédait un don prophétique capable de nous remettre au contact de la vérité.
  4. L'enfant est un être de prière: il la connait dans sa forme la plus pure et théocentrique dans les actes de louange spontanés.
L'adulte, qui apprend à observer ces notes caractéristiques de l'esprit des plus petits, trouvera l'attitude juste qui lui permettra de guider leurs pas sans enfreindre leur liberté. Il verra aussi que la sentence de Jésus de Nazareth "si vous n'êtes pas comme ces petits enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume des cieux" contient une information de type scientifique sur les lois de développement spirituel de l'être humain. L'enfant semble plus que nous conscient de son origine. C'est peut-être ce que leur reconnaît particulièrement Celui qui s'est dit "Venu de Dieu"...

samedi 20 octobre 2012

Le signe de croix

En cette nouvelle année scolaire, nos séances de catéchèse ont repris. Pour cette "première" après les vacances, les règles de l'atrium ont été revues (on parle doucement, on ne court pas...) avant de commencer la présentation du signe de croix.
Dans cette catéchèse, on montre le globe, on voit ensemble avec les enfants les pays et continents qu'ils savent reconnaître  en mettant finalement l'accent sur la taille de notre planète et sur le pays de Jésus.
On montre ensuite aux enfants une croix en papier (qui doit pouvoir entourer le globe). La croix monte en haut vers le ciel, en bas vers l'intérieur de la terre et vers les extrémités elle entoure la terre.
L'Amour manifesté par Jésus étreint l'ensemble de la Création. Cette étreinte embrasse le monde tout en révélant son Unité fondamentale.


Les enfants ont dessiné une croix qu'ils aimaient bien.

Préparation de l'autel
 

L'habillage du prêtre